The SeaCleaners, qui lutte contre la pollution plastique des océans, était présent à Pollutec en 2019. Pouvez-vous nous dire ce qui a changé pour votre association au cours de ces deux dernières années ?

Depuis sa création en 2016, notre association n’a cessé de se développer avec une accélération très notable au cours des deux dernières années. Nous avons consolidé le volet préventif de notre action, c’est-à-dire toutes les campagnes de sensibilisation et de pédagogie que nous menons sur le terrain, auprès de publics scolaires et périscolaires, auprès des entreprises, pour rappeler le rôle absolument primordial que jouent les océans sur notre planète, dénoncer les ravages de la pollution plastique, expliquer ses causes et ses conséquences et enseigner les écogestes pour tenter d’enrayer ce fléau. Dans ce domaine, nous avons fortement accru nos actions en France et à l’étranger, notamment à travers un réseau de bénévoles très mobilisés.

Mais c’est sur le volet curatif de notre action que nos progrès sont les plus visible, c’est-à-dire le développement de solutions innovantes de collecte et de valorisation des déchets plastiques en milieu marin. Notre solution emblématique, le MANTA, ce bateau-usine géant qui verra le jour en 2024, est entrée dans sa conception définitive, après plus de 20 000 heures d’études et de développements technologiques menées par une soixantaine d’ingénieurs. Nous avons également conçu un bateau de dépollution polyvalent, multiservices, plus petit, baptisé MOBULA 8 pour les eaux calmes et intérieures comme les rivières. Le MOBULA 8 est d’ores et déjà opérationnel et en route vers l’Asie du Sud-Est pour mener ses premières campagnes de nettoyage. Ce déploiement sur le terrain est une grande satisfaction.

 

Le projet Manta attire particulièrement les projecteurs. Pouvez-vous nous dire ce qui rend ce projet de bateau dépollueur unique ?

Ce qui rend le Manta unique c’est son côté ‘tout-en-un’ pour lutter contre la pollution plastique océanique.

Le navire aura une mission de collecte des macrodéchets flottants dans les zones où les nappes sont fortement concentrées, avant que les déchets coulent, dérivent, se fragmentent et deviennent irrécupérables. Mais il aura bien d’autres missions.

Ainsi, 90% du plastique que nous collecterons sera valorisé énergétiquement à bord du bateau, pour couvrir les besoins du MANTA, afin de ramener le moins possible de déchets non recyclables à terre.

Le Manta sera aussi un bateau de recherche sur la « plastisphère », la dérive des déchets, leur caractérisation, leur géolocalisation, leur impact sur la biodiversité, etc. Il accueillera 10 à 12 scientifiques en permanence.

Il sera aussi un formidable outil de sensibilisation, ouvert au grand public lors de ses escales à terre : dans les pays où nous sommes appelés à intervenir, beaucoup reste à faire pour éveiller les consciences et nous travaillerons avec les acteurs locaux pour développer des campagnes utilisant le Manta comme vecteur d’éducation.

Enfin, et nous sommes très fiers de cet aspect, nous avons beaucoup travaillé pour réduire l’empreinte carbone du bateau et augmenter son autonomie énergétique. Nous avons mis en place un système de propulsion hybride et une alimentation par des sources d’énergies renouvelables, comme des panneaux solaires, des éoliennes, des hydro-générateurs. Aujourd’hui le bateau vise les 75% d’autonomie énergétique là où la plupart des bateaux de travail de cette taille tournent autour de 25%. De ce fait, le MANTA est devenu un ambassadeur de technologies de navigation propre.

Ce sont ces multiples dimensions qui font du MANTA un projet à la fois hors-normes et fédérateur.

 

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’édition 2021 de Pollutec ?

Pollutec est LE grand rendez-vous des solutions environnementales et énergétiques. Nous sommes donc heureux et fiers de pouvoir y présenter nos deux solutions de lutte contre la pollution plastique : le MANTA, dans sa version définitive, avec ses nombreuses avancées technologiques dans le domaine de la collecte et de la valorisation des déchets marins, et dans les technologies de navigation propres adaptées aux green et smart ships ; et le MOBULA 8, notre bateau de dépollution polyvalent pour les eaux calmes qui peut collecter les déchets solides et liquides.

Ce sera également l’occasion pour nous de rappeler que la collecte des déchets a toute son utilité dans une stratégie de mitigation de la pollution plastique. On entend trop souvent dire que c’est trop tard, que ça ne sert à rien, qu’il faut privilégier la prévention et agir en amont, avant que les déchets arrivent en mer. C’est effectivement primordial, mais les effets de telles politiques sont très longs à se faire sentir. Nous refusons la résignation et l’inaction ! Avec The SeaCleaners, nous sommes dans le faire et l’agir, ici et maintenant. Il est possible d’avoir un impact positif, visible, concret, qui participe aussi à éveiller les consciences, en agissant là où les nappes de déchets sont encore concentrées, où les déchets flottent, avant qu’ils se dispersent et se fragmentent. C’est-à-dire le long des côtes, entre 0 et 50 milles, et dans les embouchures des grands fleuves. Ces zones sont identifiées et on peut encore y agir de manière efficace. Collecter les macrodéchets aujourd’hui, c’est éviter la pollution par les microparticules de plastique demain.

A Pollutec, nous souhaitons rencontrer des entreprises qui ont envie de rejoindre cette aventure écologique pionnière et de s’y engager à travers un mécénat soit financier, soit en compétences.

 

À découvrir  : L’annuaire des solutions de Pollutec

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