Qu’il s’agisse de toitures, de façades ou de systèmes hybrides, les solutions de végétalisation du bâti présentent un grand nombre d’avantages. Au-delà de leur côté esthétique, elle jouent un rôle majeur dans la lutte contre les îlots de chaleur urbains, dans la gestion des eaux pluviales et dans le retour de la nature en ville, sans oublier leur apport pour la protection même du bâti et leurs bénéfices pour la santé et le bien-être. La filière devrait continuer à se développer dans les prochaines années avec une croissance estimée à 5 % par an.
Trois grands types de végétalisation
A la base, la végétalisation concerne les toitures et les façades mais aujourd’hui les principales avancées portent sur les concepts mixtes qui associent végétalisation et solaire.
S’agissant des toitures, la végétalisation peut être extensive : la végétalisation légère et mince (4 à 12 cm) se fait principalement avec des sedums et des graminées ; semi-intensive : le substrat est plus épais (12 à 30 cm), d’où la possibilité d’ajouter des vivaces fleuries aux sedums et graminées ou intensive : avec un substrat de plus de 30 cm, elle peut inclure des arbustes et des arbres, reproduisant ainsi un véritable jardin (on parle alors de terrasses-jardins ou de jardins suspendus).
Les façades végétalisées se basent généralement sur une végétalisation par plantes grimpantes plantées au pied du mur (ex. : lierre, vigne vierge) ou sur des systèmes hors sols (murs hydroponiques) : ici, le support de culture (plantes volubiles généralement) est accroché au mur.
D’autres solutions en pleine émergence associent végétalisation et énergies renouvelables. C’est le cas notamment des toitures bio-solaires.
Les principaux critères pour choisir son système
Choisir son système de végétalisation dépend à la fois de l’élément porteur, de la zone géographique, de l’exposition, de la pente et de l’accessibilité de la toiture et du rendu esthétique voulu. La capacité portante de la toiture détermine l’épaisseur du substrat (support de culture) qui peut être installé, du moins épais (système extensif) au plus épais (système intensif).
Si poser un système végétalisé n’est pas compliqué, il est en revanche fondamental de l’entretenir correctement et régulièrement afin d’assurer la santé des végétaux plantés, de préserver la performance technique du système et de conserver l’esthétique.
Des avantages multiples
Les toitures et façades végétalisées permettent de lutter contre les îlots de chaleur urbains et d’assurer un meilleur confort thermique. L’évapotranspiration des plantes permet de réduire la température au-dessus de l’installation. Qui plus est, les plantes absorbent les rayons du soleil, ce qui peut contribuer à une réduction de 3° à 5°C. Enfin, un bâti végétalisé contribue à réduire le stockage de chaleur par les surfaces urbaines. Autant d’atouts majeurs face à des épisodes caniculaires comme celui de juin 2025.
En parallèle, par son action en matière d’écrêtement des pics de pluviométrie (stockage d’eau de pluie) et de régulation des écoulements – et donc de diminution de la quantité d’eau rejetée dans les réseaux d’assainissement, la végétalisation des toitures et façades contribue à une meilleure gestion des eaux pluviales, voire à limiter le risque inondation.
Installer un système de végétalisation du bâti contribue aussi à créer un biotope avec flore, faune (insectes pollinisateurs comme les papillons et les abeilles, oiseaux, invertébrés…) et micro-organismes du sol, ce qui permet de ramener de la biodiversité en ville.
Un système de végétalisation permet en outre de protéger le bâti notamment en termes d’étanchéité, d’où une meilleure durée de vie du bâti et une protection contre les effets de la pollution, des UV, de la chaleur et de l’humidité.
Plus globalement, la végétalisation du bâti a de très nombreux bénéfices pour la santé et le bien-être de la population : elle permet de dépolluer l’air en fixant les polluants (ex. : particules fines…), de produire de l’oxygène (via la photosynthèse des plantes en place), de fixer le CO2, d’assurer une isolation thermique (été et hiver, d’où une réduction des consommations d’énergie) mais aussi acoustique tout en procurant un sentiment d’apaisement ou « anti-stress ». Les espaces ainsi créés peuvent parfois devenir des lieux de rencontre ou de détente (cf. roof tops).
Un autre avantage moins souvent évoqué est que, lorsqu’un bâti est végétalisé, il voit généralement sa valeur immobilière augmenter.
Un référentiel pour les toitures végétalisées
L’Adivet* a élaboré le référentiel GreenRoofScore qui permet d’évaluer les performances des projets de végétalisation des toitures et terrasses en termes de services écosystémiques. Quatre grandes thématiques sont retenues : la lutte contre l’îlot de chaleur urbain (ICU) ; la gestion de l’eau ; la biodiversité ; la santé et le bien-être. Les projets peuvent être des travaux neufs ou de rénovation. La surface végétalisée du projet doit être d’une superficie minimale de 50 m² ou de 30 % de la surface végétalisable (pas de taille maximale).
Ce référentiel (https://www.greenroofscore.fr/presentation-greenroofscore) permet de qualifier son projet sur la base de critères validés par la profession, d’identifier des axes d’amélioration et de bénéficier de recommandations pour améliorer son score. Il s’appuie sur les Règles professionnelles pour la conception et la réalisation des toitures et terrasses végétalisées (RP TTV 3e édition – 2018).
*Axée sur la végétalisation du bâti à sa création en 2002, l’Adivet s’est étendue aux infrastructures pour devenir l’association dédiée à la végétalisation de l’îlot bâti et des infrastructures. Elle réunit fournisseurs de systèmes complets de végétalisation, fournisseurs de composants et entreprises de mise en œuvre (étanchéité ou paysage). (https://www.adivet.net/)
Une nouvelle tendance : les solutions couplant végétalisation et solaire
Souvent mises en concurrence dans le cadre de la rénovation d’une toiture, la végétalisation et l’installation de panneaux solaires ne sont pas incompatibles et peuvent même présenter des atouts l’une pour l’autre.
L’Adivet définit la toiture biosolaire comme une « toiture qui accueille sur la même surface de la végétation et des modules PV ou capteurs solaires thermiques, l’un au-dessus de l’autre, afin d’apporter les services de l’un et de l’autre mais aussi de bénéficier de synergies positives comme l’optimisation de l’espace disponible, l’augmentation de la production d’énergie (de 2 % à 5 % en moyenne) grâce à l’évapotranspiration des plantes qui rafraîchit les modules solaires en sous-face ou encore la diversification du couvert végétal et de la biodiversité grâce aux zones d’ombrage induites par les panneaux solaires. » Notons aussi que les panneaux ne sont pas directement en contact avec le toit puisqu’ils sont posés sur le substrat.
Déjà développées chez nos voisins allemands, suisses et autrichiens, les toitures biosolaires commencent à sortir de l’expérimentation en France. De fait, elles permettent de répondre doublement aux nouvelles obligations de végétaliser ou d’installer un dispositif d’EnR en neuf ou dans le cas d’une extension ou d’une rénovation lourde. Ces dispositions liées aux lois « Climat et Résilience » (2021) et « APER : accélération des EnR » (2023) et aux arrêtés et décrets de décembre 2023 concernent les bâtiments industriels et artisanaux, les entrepôts, les hangars avec exploitation commerciale, les bureaux ainsi que, depuis janvier 2025, les hôpitaux, les bâtiments culturels, sportifs et récréatifs et les bâtiments administratifs et éducatifs. La surface de toiture concernée est de 30 % minimum et passera à 40 % en 2026 et 50 % en 2027. Ces solutions mixtes « végétalisation + solaire » permettent aussi de répondre à la RE2020 (cf. performance énergétique des bâtiments, garantie de confort d’été en cas de forte chaleur), au décret tertiaire (cf. réduction des consommations d’énergie) et à certaines exigences locales (PLU, PLUi).
En France, plusieurs acteurs proposent des solutions pour toitures biosolaires. C’est le cas, par exemple, de Vegetek (expérimentation sur la toiture du parc d’activités Icade à Paris Orly-Rungis), d’Ecovégétal (solution Heliovert Eco) ou du Prieuré (système hydro biosolaire Oasis BioSolar installé sur le village des athlètes lors de JO Paris 2024).
Preuve que le sujet prend de l’ampleur en France, l’Adivet a organisé mi-juin une demi-journée consacrée aux toitures biosolaires pour présenter la technologie, ses bénéfices mais aussi sa nécessaire intégration dans les outils de planification des collectivités territoriales. L’occasion pour l’association de lancer son Guide des toitures biosolaires réalisé avec le Groupement des métiers du photovoltaïque (GMPV). Ce document présente un panorama des offres existantes ; les bénéfices de la végétalisation, du solaire (PV ou thermique) et de la combinaison des deux ; les points clés en matière de conception et de réalisation ; les spécificités liées à la rénovation ; le cadre réglementaire et technique ainsi que les questions de responsabilité et d’assurances.