Le secteur environnemental italien s’inscrit dans une dynamique de transformation, portée par une volonté publique affirmée de transition écologique. L’Italie a placé une « révolution verte » au cœur de son plan de relance post-Covid, mobilisant notamment les fonds européens Next Generation EU (191,5 milliards € sur 2021-2026) pour financer des investissements durables. Parallèlement, le Plan National Intégré Énergie-Climat (PNIEC) fixe des objectifs ambitieux à l’horizon 2030 en matière d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables, de réduction des émissions et de mobilité durable. Ce cadre politique volontariste, associé à des financements importants, crée un contexte propice aux solutions environnementales et génère de nombreuses opportunités d’affaires pour les entreprises de la filière.
Chiffres clés et secteurs phares
Les indicateurs environnementaux italiens reflètent à la fois des défis et des progrès. Sur le plan climatique, l’Italie a émis 417 millions de tonnes de CO₂e en 2022 et vise un objectif de 233 Mt d’ici 2030 – une réduction drastique nécessitant des efforts soutenus, notamment dans les secteurs en retard comme le transport et le BTP. À l’échelle individuelle, les émissions s’élèvent à environ 7,1 tonnes de CO₂e par habitant, un niveau modéré pour une économie industrialisée mais qui doit encore diminuer pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
La gestion de l’eau constitue un enjeu majeur. Le réseau de distribution italien, long de 425 000 km (dont 60 % ont plus de 30 ans), souffre d’une forte vétusté entraînant des pertes importantes : plus d’un tiers de l’eau potable prélevée (9,14 milliards de m³ en 2022) est perdu en fuites chaque année. Par ailleurs, environ 29 % des foyers se méfient de l’eau du robinet au point de ne pas la consommer, illustrant un défi de qualité perçue.
En matière de déchets, l’Italie produit annuellement près de 29,1 millions de tonnes de déchets municipaux, auxquels s’ajoutent 164,9 Mt de déchets d’activité économique (industriels, BTP, etc.). Le taux de collecte sélective est relativement élevé (64 % des ordures ménagères en 2022), mais seulement 48,1 % de l’ensemble des déchets municipaux sont effectivement recyclés – laissant un large potentiel de valorisation inexploité. Enfin, la qualité de l’air s’est améliorée ces dernières années, même si le pays demeure en deçà des objectifs européens fixés pour 2030.
Eau : un enjeu stratégique
Face aux aléas climatiques de plus en plus marqués, la ressource en eau est un sujet critique en Italie. L’état vieillissant des infrastructures se traduit par un gaspillage massif –3,4 milliards de m³ d’eau potable gaspillés chaque année. Cette inefficacité, conjuguée à une méfiance du public vis-à-vis de l’eau du robinet, souligne l’urgence de moderniser le réseau et d’améliorer la gestion de l’eau. Les besoins d’investissement sont considérables : on les estime à 5 milliards d’euros par an pour rénover et entretenir les infrastructures hydrauliques du pays.
Dans ce contexte, les opportunités pour les entreprises spécialisées sont nombreuses. Les autorités et les opérateurs locaux cherchent des solutions innovantes pour renforcer la fiabilité du réseau (réduction des fuites, capteurs intelligents), améliorer le traitement de l’eau et restaurer la confiance des consommateurs dans l’eau potable. Des projets financés par le Plan de Relance et de Résilience (PNRR) et d’autres dispositifs visent par exemple à moderniser les aqueducs, à développer des systèmes de surveillance de la qualité de l’eau et à optimiser l’usage de la ressource. Ainsi, le marché italien est particulièrement porteur pour les technologies de gestion de l’eau efficaces, qu’il s’agisse du traitement, de la distribution ou de la préservation de cette ressource vitale.
Déchets : vers une économie circulaire
En gestion des déchets, l’Italie accuse un certain retard, mais aussi un fort potentiel d’amélioration. Avec 29,1 Mt de déchets urbains et près de 165 Mt de déchets industriels produits chaque année, l’enjeu est double : augmenter la part de déchets valorisés et créer de la valeur via le recyclage et la réutilisation. Si le tri sélectif est bien implanté (64 % des déchets municipaux collectés séparément), le recyclage effectif reste insuffisant (48,1 % seulement des déchets urbains recyclés). Conscients de ce manque à exploiter, les acteurs locaux et pouvoirs publics travaillent à combler le retard dans les phases amont et aval de la filière déchets. Plusieurs segments demeurent sous-développés : par exemple, la récupération des déchets électroniques, des textiles ou des véhicules en fin de vie reste insuffisante, et il n’existe pas encore de filière dédiée pour traiter certains résidus spécifiques comme les sables de silice du BTP.https://www.teamfrance-export.fr/fiche-marche/transition-ecologique/environnement-eau-dechets-air/IT
Pour accélérer la transition vers une véritable économie circulaire, l’Italie a renforcé son cadre réglementaire en transposant les directives européennes les plus récentes. En 2021, de nouveaux décrets législatifs ont été adoptés : l’un mettant en œuvre les directives 2018/851 et 2019/883 sur la gestion des déchets portuaires, l’autre transposant la directive 2019/904 visant à réduire l’impact de certains plastiques sur l’environnement. Parallèlement, des investissements publics et privés sont encouragés pour développer les capacités de recyclage et de valorisation énergétique. On voit émerger des projets visant le « zéro déchet » et la valorisation de matières qui étaient jusqu’alors mises en décharge ou incinérées, signe d’un changement de paradigme.
Ce contexte ouvre de réelles opportunités de marché pour les entreprises proposant des solutions de gestion des déchets intelligentes : systèmes de tri automatisé, procédés de recyclage avancés (notamment pour les plastiques, métaux, bio-déchets) ou technologies de valorisation (biogaz, combustibles alternatifs, etc.). L’objectif national étant de réduire le volume de déchets non valorisés, toute innovation permettant de transformer un déchet en ressource trouve un terrain favorable en Italie.
Perspectives de croissance
En résumé, le marché italien de l’environnement offre des perspectives de croissance prometteuses pour l’ensemble de la filière. La combinaison d’une ambition politique forte et de besoins concrets non satisfaits crée un terreau propice au développement de nouvelles solutions. Pour atteindre ses objectifs climatiques (ramener les émissions annuelles de CO₂ de 417 Mt à 233 Mt d’ici 2030) une accélération des investissements verts est inévitable, notamment dans les secteurs encore en retard comme les transports et le bâtiment. Plus largement, la transition verte du pays – du déploiement des énergies renouvelables à la mobilité propre – bénéficie d’importants soutiens via le PNRR et des incitations réglementaires (PNIEC et autres plans nationaux).
Le tissu industriel italien, composé d’une multitude de PME et d’entreprises locales, se montre par ailleurs ouvert à l’innovation pour gagner en compétitivité. Cela signifie que le marché est réceptif aux technologies et savoir-faire externes capables de répondre aux défis environnementaux. Dans ce contexte, les entreprises françaises de la filière, fortes de leurs expertises techniques, ont une véritable carte à jouer pour s’implanter ou renforcer leur présence en Italie. Qu’il s’agisse de moderniser les réseaux d’eau, d’optimiser la gestion des déchets, de contribuer à la dépollution ou d’accompagner la transition énergétique, les opportunités d’affaires ne manquent pas. En apportant des solutions innovantes et adaptées au contexte local, elles peuvent non seulement saisir de nouveaux marchés, mais aussi contribuer aux objectifs environnementaux ambitieux que s’est fixé l’Italie.
Contact :
Emmanuel Galland
Référent Transition écologique et énergétique
Business France
emmanuel.galland@businessfrance.fr