Immission vs émission – Différences et enjeux pour la qualité de l’air

La pollution atmosphérique représente aujourd’hui un enjeu majeur pour la protection de l’environnement et la santé publique. Pour la comprendre et la combattre efficacement, il est primordial de s’intéresser aux concepts d’émission et d’immission, deux notions fondamentales. 

Si l’on sait généralement ce que signifie le terme « émission », la notion d’immission est souvent moins familière. Bien que différents, ces deux concepts sont pourtant indissociables et nous aident à mieux appréhender la pollution atmosphérique et ses impacts. Les comprendre est essentiel pour élaborer des mesures environnementales efficaces, assurer une bonne surveillance de l’air et garantir le respect des normes de qualité. 

Rappelons qu’une émission désigne la libération de substances polluantes dans l’environnement à partir d’une source de pollution spécifique, qu’il s’agisse des industries (usines, centrales thermiques), des véhicules motorisés ou de certaines pratiques domestiques comme le chauffage au bois. Comprendre la dynamique des émissions est essentiel pour identifier les sources de pollution et orienter les politiques de réduction. 

Mais qu’en est-il de l’immission ? 

Comprendre l’immission : définition et impact sur la qualité de l’air 

L’immission représente la concentration de polluants présents dans l’air ambiant. Elle traduit la pollution réellement subie par les populations et les écosystèmes, indépendamment de la localisation ou de l’identité des émetteurs. 

Après leur rejet dans l’atmosphère, les substances polluantes subissent des processus de dispersion, de transport et parfois de transformation chimique. L’immission est ainsi influencée par de nombreux facteurs, notamment les conditions météorologiques, la topographie, la distance aux sources de pollution et les réactions atmosphériques. Même loin des centres industriels ou des grands axes de circulation, la pollution atmosphérique peut atteindre des niveaux élevés. 

Directement liée à la qualité de l’air, l’immission est un indicateur clé pour évaluer les risques sanitaires associés à l’exposition prolongée aux polluants atmosphériques tels que les particules fines (PM2.5 et PM10), le monoxyde de carbone (CO), les composés organiques volatils (COV) ou le dioxyde d’azote (NO₂)., des concentrations élevées pouvant provoquer des affections respiratoires, des maladies cardiovasculaires et nuire durablement à la biodiversité. 

La surveillance de l’air à travers la mesure des immissions est donc essentielle pour détecter les écarts par rapport aux normes de qualité de l’air et orienter les mesures environnementales nécessaires à la protection de l’environnement et de la santé publique. 

Quelles sont les différences clés entre émission et immission ? 

Émission et immission se distinguent notamment par leur nature, leur mode de mesure et leur rôle dans l’évaluation de l’impact environnemental : 

  • Leur nature : 

Alors que l’émission se réfère à la quantité de polluants rejetée, l’immission concerne l’impact réel de cette pollution sur notre environnement et notre santé. L’émission désigne un flux de polluants libéré directement dans l’atmosphère depuis une source spécifique (usines, véhicules, pratiques domestiques, etc.) 

En revanche, l’immission représente la concentration de ces polluants dans l’air ambiant, après leur dispersion, transport et transformation chimique. L’immission est ce que nous respirons réellement. Elle affecte directement la santé publique et la biodiversité. 

  • La localisation de la mesure : 

Les émissions sont mesurées directement au point de rejet de la source de pollution, comme à la sortie des cheminées d’usine ou des pots d’échappement. Elles indiquent la quantité de polluants relâchée dans l’atmosphère au moment de leur rejet. 

L’immission est, quant à elle, mesurée dans l’air ambiant, souvent à hauteur de l’homme, et peut varier considérablement en fonction des conditions météorologiques, de la topographie ou encore des réactions chimiques qui se produisent dans l’atmosphère. Les stations de surveillance de l’air sont installées dans des zones urbaines, rurales et industrielles pour évaluer la qualité de l’air à différents endroits et moments. Elles permettent d’identifier les niveaux réels de pollution auxquels les populations sont exposées. 

  • Leur finalité : 

La mesure des émissions permet d’identifier et de quantifier les sources de pollution. Elle facilite l’adoption de politiques de réduction et le contrôle de la conformité aux normes de pollution. 

La mesure des immissions a pour objectif d’évaluer l’exposition réelle des populations et des écosystèmes à la pollution atmosphérique. Elle permet de vérifier si les normes de qualité de l’air sont respectées et de suivre l’évolution de la pollution dans différentes régions, notamment en fonction des saisons et des conditions locales. 

 

Ainsi, si une industrie respecte ses limites d’émission, cela ne garantit pas nécessairement que l’immission dans l’air ambiant sera conforme aux normes de qualité de l’air. Les deux approches sont donc nécessaires et complémentaires. 

Émission vs distinction : l’importance de la distinction pour une surveillance optimale 

La distinction entre émission et immission est essentielle pour une gestion efficace de la pollution atmosphérique et une protection optimale de l’environnement et de la santé publique. 

Mesurer les émissions permet d’identifier les sources polluantes issues d’activités humaines et naturelles. Cela permet ainsi de fournir une base solide pour des stratégies de réduction ciblées et des politiques de prévention adaptées. Cependant, la surveillance des émissions seule ne suffit pas à évaluer l’impact réel de la pollution sur la qualité de l’air que nous respirons au quotidien. 

C’est pourquoi la mesure des immissions est tout aussi importante. Elle permet de déterminer précisément la qualité de l’air en mesurant les concentrations réelles de polluants. Ces données sont essentielles pour établir des normes de santé publique, vérifier si les niveaux de pollution respectent les seuils sanitaires et environnementaux, et évaluer les risques pour la santé des populations et la biodiversité. 

Bien que distinctes, les deux mesures sont complémentaires et indissociables. Ensemble, elles garantissent une gestion complète et efficace de la pollution atmosphérique, alliant réduction des émissions et respect des normes de qualité de l’air. Cette approche globale et dynamique est indispensable à la lutte contre la pollution. 

Finalement, sans une compréhension précise de ces concepts, il serait quasi impossible de mettre en place des politiques environnementales efficaces et de garantir une protection durable de notre environnement et de notre santé. 

 

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