Energies marines renouvelables, décarbonation du transport maritime, restauration des écosystèmes marins et côtiers, réduction des pollutions, verdissement des ports, développement des biotechnologies marines…, la transition des activités maritimes et littorales vers une économie bleue durable se concrétise de plus en plus. Face à l’ampleur des enjeux, le monde de la finance commence à se positionner. Des fonds spécifiques ainsi que d’autres types de soutien dédiés sont créés par des acteurs de tous horizons : banques (publiques ou commerciales), asset managers, investisseurs institutionnels… En voici quelques exemples.

 

Des fonds pour l’océan…

Un des premiers à s’être engagé dans le domaine est Mirova. La société de gestion a en effet lancé en été 2020 le Sustainable Ocean Fund destiné à financer des projets et entreprises innovantes dans l’univers marin et côtier. Le montant final de la levée de fonds s’était élevé à plus de 132 millions de dollars. A fin 2021, le fonds a réalisé onze investissements, en particulier dans les produits de la mer durables, l’économie circulaire et la conservation des océans.

 

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Plus récemment, en septembre 2021, Swen Capital Partners Ifremer, BPIFrance ont lançé le fonds Blue Ocean en vue de soutenir des innovations dédiées à la régénération de l’océan. Un an après, en octobre 2022, l’objectif initial de 120 M€ était déjà dépassé et, à mi-mars 2023, le closing final atteint 170 M€. Au-delà des souscripteurs historiques (Macif et Crédit Mutuel Arkéa), le fonds a attiré des investisseurs de référence européens et américains. Il a déjà investi dans neuf sociétés réparties dans quatre pays dont la Norvégienne Optoscale qui développe des caméras destinées à l’aquaculture.

 

… à des fonds plus généralistes « économie bleue »

L’année 2022 a vu l’arrivée de fonds plus multi-sectoriels de l’économie bleue. Ainsi par exemple, le Blue Forward Fund créé en février par Seventure Partners vise à soutenir les innovations qui permettent une exploitation durable des ressources et organismes marins (hydrogène bleu, énergies marines renouvelables, produits biosourcés, économie circulaire bleue, aquaculture durable, préservation des océans, numérisation de la filière). Ce fonds de capital-innovation lancé avec le soutien des Banques populaires devrait soutenir une vingtaine d’entreprises innovantes avec un objectif de 130 millions d’euros.

Lancé en juin par CPR AM, le CPR Invest Blue Economy est un fonds thématique d’actions internationales en gestion active qui investit dans l’écosystème économique marin. Les valeurs qui le composent se répartissent entre les entreprises liées à l’économie des océans (aquaculture, pêche, transport, maritime, infrastructures, énergies renouvelables…) et celles qui contribuent à la préservation des océans (gestion des déchets et de la qualité de l’eau, séquestration carbone…).

De même, le fonds Impact Ocean Capital créé en janvier dernier par GO Capital est destiné à soutenir les entreprises porteuses de technologies innovantes qui contribuent à la protection des océans, à la décarbonation des activités maritimes et à la durabilité de l’industrie maritime. Ce nouveau fonds sera doté à terme de 70 millions d’euros. Il est soutenu par la Banque des Territoires en son nom propre et pour le compte de l’Etat dans le cadre de France 2030 (avec l’Ademe, Banque Populaire du Grand Ouest, Crédit Mutuel Arkéa et divers entrepreneurs). Il interviendra également avec deux lauréats du programme Territoires d’Innovation : Le Havre, ville portuaire intelligente et La Rochelle, territoire zéro carbone.

 

Autres opérations de finance bleue

D’autres acteurs sont engagés dans des opérations de finance bleue. Par exemple, le secrétariat d’Etat chargé de la Mer a créé début 2022 le Fonds d’intervention maritime (FIM) pour accompagner des projets à l’échelle locale et soutenir le développement d’activités maritimes durables. Le FIM est reconduit cette année avec une dotation globale de 15 millions d’euros. L’appel à projets ouvert jusqu’au 16 avril complète les autres sources de financement sur trois axes de développement prioritaires : l’aménagement du littoral en faveur des activités maritimes (phares et navires du patrimoine, épaves et navires abandonnés, aménagement du littoral maritime, navires côtiers propres), le développement de l’économie bleue et la planification maritime (nouveaux services numériques aux usagers et acteurs en mer, économie bleue et planification stratégique) et la formation aux métiers de la mer. En 2022, les deux appels à projets du FIM avaient permis de soutenir 52 projets de partenaires locaux par le financement d’investissements, d’études ou de dépenses d’intervention ponctuelles.

L’Agence française de développement (AFD) est également engagée dans les financements bleus par prêts (blue loans) ou obligations (blue bonds). Elle a lancé en 2022 un premier projet visant à protéger l’écosystème marin en Chine via sa filiale Proparco. Un prêt bleu de 150 millions de dollars piloté par la Société financière internationale en partenariat avec la Banque asiatique du développement et l’institution allemande de financement du développement du secteur privé DEG va permettre à la Bank of Qingdao de mettre en œuvre une cinquantaine de projets bleus d’ici 2025. Ceux-ci contribueront notamment à réduire les volumes de déchets marins et d’eaux usées non traitées, limiter la pollution plastique, préserver les ressources en eau ou encore améliorer les pratiques de pêche dans la province du Shandong. Un deuxième projet est à l’étude pour un financement bleu en Amérique latine. Pour mémoire, l’AFD est partenaire, avec son homologue allemande KfW, de l’Initiative Clean Ocean lancée en 2018 par la Banque européenne d’investissement (BEI) pour financer des projets visant à réduire les déchets plastiques de la terre à la mer. Cette initiative a été rejointe en 2020 par l’Italien Cassa Depositi e Prestiti et l’Espagnol Instituto de Credito Oficial et en février 2022 par la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), ce qui a permis de faire passer l’objectif de financement de 2 à 4 milliards d’euros d’ici 2025.

Enfin, d’autres initiatives récentes sont à suivre à l’échelle internationale. Par exemple, dans le cadre du Partenariat européen sur l’économie bleue durable, un premier appel à projets transnationaux a été lancé fin février en vue de financer des projets de recherche et d’innovation dans cinq thématiques précises, des infrastructures marines offshore à la déclinaison des jumeaux numériques de l’océan aux bassins marins de l’UE en passant par la transition de la production des produits de la mer. Par ailleurs, le Partenariat Bleu pour la Méditerranée qui a été lancé lors de la COP 27 en novembre 2022 pour soutenir le développement d’une économie bleue durable dans les pays du bassin méditerranéen prévoit la création d’un nouvel instrument financier dédié.

 

À lire  : L’économie bleue durable, un des moteurs du Pacte vert pour l’Europe

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