Record de température, feux de forêt, diminution de la biodiversité, menace sur la santé… C’est dans un contexte contraint que la planification écologique a vu le jour. Désormais, pour atteindre la neutralité carbone en 2050, le chantier de la transition écologique et énergétique doit s’accélérer.
Le changement climatique rend impératives la minimisation de l’impact environnemental des activités humaines et l’indispensable adaptation des populations. Dans la lignée des engagements pris par la France dans le cadre de l’Accord de Paris, cette vision à long terme cible donc un changement durable sur l’ensemble du territoire. Et c’est sur le levier des politiques aussi bien publiques que privées que cela doit se jouer. Explications.
La planification écologique, c’est quoi ?
Portée depuis près de quinze ans par Jean-Luc Mélenchon, la planification écologique a été reprise par Emmanuel Macron pour répondre aux enjeux climatiques et respecter les engagements pris par la France dans le cadre de l’Accord de Paris. La transition est aujourd’hui devenue une priorité du gouvernement afin d’accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’augmenter la résilience des territoires face au changement climatique.
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Planification écologique, définition
La planification écologique est une méthode de gouvernance globale qui vise à réduire l’impact environnemental des activités humaines en France afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 (Green Deal). Elle doit ainsi organiser l’action climatique de manière cohérente sur l’ensemble du territoire.
La transition étant l’affaire de tous (État, citoyens, entreprises, collectivités, institutions), elle se doit d’être un projet collectif. Planification et cohésion des territoires sont donc intimement liées. Il s’agit alors de coordonner tous les acteurs de la société pour assurer la cohérence des actions et de veiller au strict respect des objectifs fixés.
Quels objectifs de la planification écologique ?
Cette stratégie du gouvernement doit permettre de relever les cinq défis français majeurs de la transition écologique :
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre. La France ayant pris du retard dans ces objectifs, elle devra doubler le rythme de cette baisse jusqu’en 2030.
- S’adapter aux conséquences inévitables du changement climatique (réchauffement climatique).
- Restaurer la biodiversité.
- Réduire l’exploitation des ressources naturelles.
- Réduire toutes les pollutions qui impactent la santé.
Une gestion de la planification structurée et hiérarchisée
Si Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, sont en première ligne, tous les ministres sont concernés. Aux côtés de son Secrétariat général à la Planification écologique (CGPE), la Première ministre Elisabeth Borne doit donc superviser l’ensemble des portefeuilles ministériels dans la définition et la réalisation de leurs engagements écologiques.
La transition suppose en effet des changements structurels profonds dans tous les domaines d’activité. De la rénovation thermique des bâtiments à la décarbonation des industries, en passant par la gestion de l’eau, le développement de transports doux et la préservation de la biodiversité, Elisabeth Borne a ainsi identifié 22 chantiers à mener au nom de la « France Nation Verte ». Ces chantiers couvrent six thématiques de la vie quotidienne : se loger, produire, se nourrir, consommer, préserver, se déplacer.
Un premier Conseil de planification écologique a déjà permis, en janvier dernier, de confirmer de nouvelles trajectoires prioritaires pour le transport, le bâtiment, l’industrie, l’énergie et l’agriculture, au travers de leviers les plus réducteurs de CO2.
La planification écologique, comment ça marche ?
Cette transformation rapide de la société ne laisse pas de place au hasard, mais doit être réfléchie et organisée. Pour en faciliter la mise en place, encourager et accompagner les différents acteurs de la transition, de nombreux moyens et dispositifs ont été déployés.
Une planification en 4 étapes
4 étapes clés sont identifiées :
1- Fixer les objectifs économiques, sociaux et environnementaux à l’horizon 2050 avec des jalons intermédiaires.
2- Définir les plans d’action, leurs différentes étapes et les échéances.
3- Mobiliser les financements publics et privés ainsi que toutes les parties prenantes.
4- S‘assurer que les engagements sont pris et respectés en instaurant des contraintes (mise en place de politiques, réglementations et mesures incitatives pour encourager les actions).
Des outils pour engager la transition écologique
Pour atteindre cet objectif, plusieurs outils sont disponibles : l’évaluation environnementale comme l’étude d’impact ou la cartographie, la planification comme le Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) ou encore la gestion comme le Système de Management Environnemental (SME).
La planification doit par ailleurs intégrer les considérations environnementales dans les prises de décision à tous les niveaux (politiques territoriales, normes et règlementations, projets et initiatives, gestion d’entreprise…) afin d’assurer un développement durable.
Les taxes, subventions, financements privés et autres aides peuvent également encourager à agir. Parmi eux : le PSE, le programme Pacte, l’initiative ACT, le Volontariat Territorial en Entreprise, les aides de l’ADEME, le Prêt Action Climat, l’Accompagnement Éco conception, l’Appel à Projet ORMAT, ouvert en mars 2023, le Fonds Économie Circulaire et le Fonds Décarbonation. Vous trouverez de nombreux renseignements sur ces initiatives sur des sites comme Agir pour la transition de l’ADEME.
Quel impact sur les entreprises et les collectivités ?
En France, les entreprises et industries représentent à elles seules 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, selon Réseau Action Climat, 50 % des émissions sont directement issues des décisions prises par les collectivités territoriales. La transition ne peut donc se faire sans l’engagement de ces acteurs.
Des modifications profondes…
Des changements doivent donc être opérés :
- Par les companies et industries : réduction des déchets, écoconception, politique d’achat responsable, diminution des consommations énergétiques et des déplacements professionnels, sensibilisation et mobilisation des salariés et partenaires, réduction de l’utilisation des produits chimiques et toxiques, gestion de l’eau (recyclage, réduction de la consommation lors du processus de production), etc.
- Par les collectivités : planification urbaine et aménagement du territoire (transport en commun, pistes cyclables, zones piétonnes, trame verte et bleue, densification urbaine, services de proximité), gestion des déchets (tri, recyclage, compostage, valorisation), gestion de l’eau et de l’énergie (rénovation énergétique des bâtiments, énergie renouvelable, véhicules verts…), gestion des bois et forêts, sensibilisation et mobilisation des acteurs locaux pour diffuser les bonnes pratiques et favoriser l’engagement, etc.
Les ministères de la Transition écologique et de la Transition énergétique proposent une boîte à outils à destination des élus.
… qui impactent positivement les entreprises et les collectivités
Planifier la transition écologique et énergétique n’a pas pour seule conséquence la diminution de l’empreinte carbone. Ce mouvement permet aussi de répondre à la demande croissante des citoyens en produits et services respectueux de la santé et de l’environnement.
Il favorise également la croissance des économies locales, encourage les innovations, renforce la compétitivité des compagnies et l’attractivité des territoires (résidents et touristes) et permet encore de réduire les coûts (diminution de la consommation d’énergie, valorisation des déchets…).
La planification écologique : indispensable et bénéfique
Le monde ne tourne plus rond, la transition écologique est désormais incontournable. Le Président de la République et sa Première ministre Élisabeth Borne en sont bien conscients : ce changement profond des habitudes de vie, de production et de consommation est un combat qui doit être mené de front par tous les acteurs de la société. La planification écologique n’est plus une option.
Les business industries et collectivités y ont un rôle prépondérant et doivent adopter ensemble des pratiques plus durables et responsables. Autant d’ investissements non seulement nécessaires dans la lutte contre le changement climatique, mais également très prometteuses en termes de développement durable et de performance économique.