Le Comité interministériel de la mer (CIMer) s’est réuni fin janvier au Havre sous la présidence du Premier ministre. Chargé de fixer les orientations de long terme dans le domaine de la mer pour « construire ensemble l’avenir maritime de la France », il a pris plusieurs mesures dédiées à l’économie maritime et portuaire, à l’environnement et à l’action de l’Etat en mer parmi lesquelles l’adoption de la stratégie nationale portuaire, une nouvelle stratégie des grands fonds marins, le déploiement des EMR et la relance de la filière.

 

Les contours d’une nouvelle stratégie portuaire

Forte de 66 ports de commerce dont 11 grands ports maritimes (GPM) relevant de l’Etat, la France souhaite reconquérir des parts de marché. Plusieurs objectifs sont ainsi définis : porter de 60% à 80% la part de fret conteneurisé d’ici 2050, doubler le nombre d’emplois directs et indirects liés à l’activité portuaire (soit 700 000 emplois d’ici 2050 vs 350 000 aujourd’hui), accroître de 30% la part des modes de transport massifiés dans les pré- et post-acheminements portuaires d’ici 2030 et accompagner l’interopérabilité puis la fusion des systèmes informatiques de traitement des flux de marchandises.

 

Une nouvelle ambition pour les grands fonds marins

La nouvelle stratégie pour les grands fonds marins intègre plusieurs orientations dont l’exploration de ces fonds dans la durée (cf. écosystèmes et ressources minérales), le renforcement des efforts pour les protéger et la valorisation des ressources en lien avec le potentiel industriel français et européen. Ainsi notamment un démonstrateur doit être développé de manière à tester l’impact et la faisabilité d’une exploitation minière durable. Car, selon le CIMer,  « 90% des fonds marins de la planète bleue restent inexplorés »…

 

Déploiement des EMR

S’agissant des énergies marines renouvelables, le CIMer de janvier dernier s’est focalisé sur l’éolien en mer. Dans ce domaine, la France dispose d’un potentiel de près de 50 GW mais elle ne compte pas encore d’installation opérationnelle. Elle doit « se préparer pour atteindre cet objectif ». Ainsi, parallèlement aux mesures de la loi ASAP(1) devant permettre d’accélérer, « une planification à moyen et long terme est mise en place en appui à la programmation pluriannuelle de l’énergie par façade maritime ».

 

Relance de la filière maritime et portuaire

Le CIMer a rappelé les principaux éléments inscrits dans le volet maritime et portuaire du plan de relance : verdissement des ports (transition écologique des GPM : 175 M€, modernisation de la flotte de baliseurs avec des navires à émission réduite de GES : 25 M€) ; renforcement des filières durables de pêche et d’aquaculture (50 M€) ; infrastructures et mobilités vertes (20 M€ pour la modernisation des centres opérationnels de surveillance et de sauvetage, cybersécurité…) ; biodiversité / prévention des risques / renforcement de la résilience (restauration écologique, protection du littoral : 40 M€, parcs naturels marins : 17,5 M€) mais aussi modernisation et sécurisation des stations d’assainissement, appui à la recherche (ex. : 20 M€ supplémentaires pour le programme Océan-Climat) et réflexion sur les métiers d’avenir et l’adaptation des compétences.

 

Focus sur les mesures environnementales


Le CIMer 2021 a convenu d’encadrer strictement le développement des structures artificielles flottantes. Par exemple, les ministères de la Mer et de la Transition écologique doivent s’atteler à élaborer un régime juridique pour encadrer les installations flottantes en mer. De même, un cadre législatif doit être créé pour les questions liées à l’adaptation des territoires littoraux au recul du trait de côte. Concernant la lutte contre les déchets plastiques en mer, une expérimentation va être menée sur la dépollution d’une décharge prioritaire. Puis un modèle de financement de ce type d’opérations et un programme de dépollution des autres décharges à risque seront adoptés dans l’année. Sur l’aspect biodiversité, la France devrait proposer à l’OMI la création d’une ‘zone maritime particulièrement vulnérable’ en Méditerranée occidentale nord*. Le CIMer a également lancé une procédure de classement à la Convention Cites du poisson-ange de Clipperton, une espèce endémique menacée de cette minuscule île française du Pacifique par ailleurs totalement recouverte de déchets plastiques.

* A l’instar d’autres ZMPV comme la grande barrière en Australie, l’archipel des Galapagos ou les bouches de Bonifacio.

 

1) Loi n°2020-1525 du 7 décembre 2020 d’accélération et de simplification de l’action publique (JO du 8 12 2020).

 

Coalition pour la transition éco-énergétique du maritime : déjà un an !


Lancée en décembre 2019 par le Cluster maritime français et l’Ademe, la T2EM vise à « proposer une vision partagée des solutions qui permettront d’atteindre collectivement les objectifs environnementaux de la filière » d’ici 2050 (décarbonation, réduction des émissions de GES, protection de la biodiversité…). En 2020, elle a lancé une plateforme numérique d’information et d’aide à la décision et signé une convention de partenariat avec le ministère de la Mer nouvellement créé. Regroupant à la fois des institutionnels, des entreprises, des associations et fédérations, des organismes de recherche et des pôles de compétitivité (les deux pôles Mer), la coalition constitue ainsi une initiative public-privé inédite dans le domaine. A suivre donc.

 

Lire aussi : L’environnement toujours plus au cœur de l’économie maritime

S’inscrire à la newsletter

Restez informé de l'actualité du secteur

S’inscrire

Partagez ce contenu

Partagez ce contenu avec votre réseau !