La Belgique affiche une ambition forte en matière de transition écologique, s’inscrivant dans les objectifs européens (neutralité carbone visée d’ici 2050). Le gouvernement s’est fixé des cibles claires, notamment 32 % d’énergies renouvelables d’ici 2030 et multiplie les investissements pour y parvenir. Ainsi, un plan de 4 milliards € a été annoncé pour développer l’hydrogène vert, tandis que la part des renouvelables dans la production électrique ne cesse de grimper : elle a atteint 29,8 % en 2024, contre 25 % en 2023. Parallèlement, la politique énergétique a récemment évolué avec l’abandon de la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire, marqué par la décision (mai 2025) du nouveau gouvernement d’étendre la filière nucléaire au-delà de 2025. Ce revirement stratégique, mené au nom de la sécurité énergétique et du climat, souligne le rôle crucial que le nucléaire (électricité bas-carbone) continuera de jouer dans le mix électrique belge.
Chiffres clés et secteurs phares
Le marché belge de l’environnement se caractérise par sa maturité et son haut niveau d’exigences, tout en offrant des gisements d’opportunités pour les entreprises innovantes. Grâce à des investissements publics soutenus et à un solide cadre réglementaire, plusieurs segments sont en plein essor. Le pays continue de décarboner son mix énergétique : en 2024, près d’un tiers de l’électricité était d’origine renouvelable (29,8 % exactement, contre 18 % seulement en 2022), porté par l’essor de l’éolien (notamment offshore en Mer du Nord) et du solaire. La Belgique prévoit une accélération constante de cette tendance, soutenue par son Plan national Énergie-Climat, et bénéficie par ailleurs de projets européens (interconnexions, fonds Green Deal) qui viennent appuyer cette transition. La demande pour des technologies propres innovantes est en croissance, par exemple les solutions de stockage d’énergie ou de gestion intelligente des réseaux électriques, domaines où l’expertise française peut se positionner avantageusement. En outre, le récent engagement de la Belgique dans l’hydrogène vert (avec 4 Mds € d’investissements programmés) témoigne de la volonté d’explorer de nouveaux marchés porteurs liés à la transition énergétique.
Sur le plan de la politique publique, la Belgique s’aligne sur les initiatives européennes du Pacte vert. Par exemple, de nouvelles règles plus strictes sur les emballages et les plastiques sont en préparation : elles visent à améliorer la conception pour faciliter le recyclage et à promouvoir les emballages réutilisables ou compostables. Ces évolutions réglementaires créeront des débouchés pour les solutions d’écoconception, de recyclage avancé et de substitution de matériaux dans l’industrie. De même, la mise en œuvre progressive du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE incite les industriels belges à réduire leur empreinte carbone, générant des opportunités pour les fournisseurs de technologies bas-carbone (efficacité énergétique, captage de CO₂, etc.).
Eau : préserver la ressource et prévenir les aléas
En gestion de l’eau, la Belgique doit concilier deux impératifs : d’une part, sécuriser la ressource hydrique face aux épisodes de sécheresse estivale plus fréquents, et d’autre part se protéger des inondations aggravées par le changement climatique. Le souvenir des crues dévastatrices de juillet 2021 en Wallonie illustre la vulnérabilité du territoire aux événements extrêmes et a servi d’électrochoc sur la nécessité d’investir dans la prévention des risques. Les autorités belges (tant fédérales que régionales) renforcent donc les plans d’adaptation climatique centrés sur l’eau : construction ou réhabilitation d’ouvrages de drainage et de rétention des eaux pluviales, amélioration des systèmes d’alerte et de protection contre les crues, etc. Parallèlement, la gestion durable de l’eau potable et des eaux usées reste un enjeu stratégique. Grâce à une couverture quasi-générale en infrastructures d’eau potable et d’assainissement, la Belgique part d’une base solide ; cependant des marges d’amélioration existent, par exemple dans la réduction des fuites sur les réseaux ou dans la réutilisation des eaux usées traitées (un levier encore peu exploité comparé à d’autres pays européens pionniers). Dans ce contexte, le marché est en quête de solutions innovantes : technologies de monitoring en temps réel de la qualité et des consommations, systèmes de smart metering et de détection de fuites, unités de recyclage des eaux industrielles, ou encore procédés de traitement plus performants (micropolluants, boues d’épuration valorisables en énergie). Les entreprises offrant des savoir-faire dans ces domaines – de la sécurisation de l’approvisionnement en eau jusqu’à la gestion des eaux pluviales – pourront trouver en Belgique un terrain propice, soutenu par des financements publics et une volonté politique de préserver ce bien précieux.
Déchets : vers une économie toujours plus circulaire
En matière de déchets, la Belgique figure parmi les pays européens les plus avancés. La mise en décharge y est quasiment éliminée, le reste étant soit recyclé, composté ou incinéré avec valorisation énergétique. Cette performance s’appuie sur une longue tradition de collecte sélective et sur des infrastructures efficaces de tri et de traitement. Par exemple, la filière de gestion des emballages ménagers, pilotée par l’organisme Fost Plus, atteint des taux de recyclage élevés pour de nombreux matériaux. Les lignes de collecte, centres de tri et incinérateurs avec récupération d’énergie maillent le territoire, assurant une gestion efficiente des ordures ménagères et une valorisation maximale des déchets.
Pour autant, le marché belge des déchets continue d’évoluer vers encore plus de circularité. Les nouvelles réglementations européennes incitent à aller plus loin dans la réduction à la source et le recyclage. La récente proposition de la Commission sur les emballages (novembre 2022) prévoit par exemple d’imposer davantage de contenu recyclé et de faciliter le réemploi des contenants. La transposition de ces exigences créera des besoins en innovations industrielles : plastiques recyclés de haute qualité, solutions de consigne et de recharge, alternatives aux plastiques à usage unique, etc. De même, la mise en place progressive de la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) dans de nouvelles filières (textiles, équipements de construction, mégots…) va stimuler la demande pour des services de collecte et de recyclage spécialisés.
Des projets d’investissement concrets voient le jour pour renforcer l’outil industriel de la filière déchets. Par exemple, en Région flamande, un ambitieux programme « Circular Flanders » soutient la création d’écoparcs dédiés au recyclage avancé et à la valorisation de déchets complexes (déchets du BTP, déchets industriels spéciaux, etc.). De grandes compagnies belges (telles qu’Indaver, Renewi, Suez Belgique…) multiplient les projets de modernisation : centres de tri ultra-automatisés capables de séparer les plastiques multi-couches, unités de valorisation chimique des plastiques non mécaniquement recyclables, ou encore usines produisant du biogaz à partir de déchets organiques. Ces initiatives, souvent soutenues par des fonds publics ou européens, représentent autant d’occasions d’affaires pour les fournisseurs d’équipements et de technologies vertes. De plus, la coopération transfrontalière est encouragée : la Belgique importe et exporte des flux de déchets pour traitement au sein du Benelux et des pays voisins, offrant des débouchés aux opérateurs étrangers capables de traiter certaines fractions mieux que les installations locales.
Perspectives de croissance
En résumé, le marché belge de l’environnement offre un terreau d’opportunités riche et diversifié pour les entreprises de la filière. Bien que de taille modeste par rapport à ses grands voisins, la Belgique compense par un haut niveau d’exigence environnementale, un pouvoir d’achat élevé et un fort soutien des pouvoirs publics à la transition verte. Les segments de l’eau et des déchets y présentent des perspectives particulièrement notables : besoin d’innovations pour la gestion durable de l’eau d’un côté, et poursuite de l’économie circulaire de l’autre. Dans les deux cas, les politiques publiques constituent un moteur important – qu’il s’agisse des plans d’adaptation climatique pour l’eau, ou du cadre réglementaire européen exigeant pour les déchets – en générant de nouveaux besoins à satisfaire.
Les entreprises françaises du secteur, fortes de leurs savoir-faire, ont toute leur place pour contribuer à ces évolutions. La proximité géographique et culturelle facilite les échanges, et de nombreux projets collaboratifs existent (programmes financés par l’UE, partenariats industriels belgo-français, etc.). Qu’il s’agisse d’offrir des solutions de traitement de l’eau, d’optimisation des déchets, de réduire la pollution atmosphérique ou de développer les énergies propres, la Belgique constitue un marché accessible où la référence française est bien perçue. Le pays se positionne comme un laboratoire de la transition écologique, combinant volontarisme politique et tissu économique diversifié, ce qui en fait un environnement favorable pour tester et déployer de nouvelles technologies vertes. En définitive, les sociétés capables d’apporter des réponses concrètes aux défis belges (sécurité hydrique, circularité, décarbonation…) pourront saisir de réelles opportunités de croissance sur ce marché engagé et soutenir ainsi la Belgique dans la réalisation de ses ambitieux objectifs environnementaux.
Contact :
Emmanuel Galland
Référent Transition écologique et énergétique
Business France
emmanuel.galland@businessfrance.fr