Contraction de « naturel » et « technologique », le terme NaTech désigne, selon l’Inéris(1), l’impact qu’un événement naturel peut avoir sur une installation industrielle, impact susceptible de provoquer un accident dont les conséquences peuvent porter atteinte, à l’extérieur de l’emprise du site industriel, aux personnes, aux biens ou à l’environnement. Ainsi, le risque NaTech relève de l’interaction entre aléas naturels et installations industrielles. Quelle est sa réalité en France ?

S’ils ne recouvrent qu’une faible part de l’ensemble des accidents industriels (moins de 2% des accidents répertoriés dans la base ARIA)(2), les accidents NaTech sont en augmentation constante. Leur nombre a plus que doublé au cours de la dernière décennie, avec un pic en 2018 où ils représentaient 9 % du total. Dans leur grande majorité (90%), les aléas en cause sont d’origine météorologique : fortes chaleurs, précipitations et/ou inondations, vent… (v. encadré). En 2019, le nombre d’événements liés aux pluies ou aux inondations a été divisé par trois du fait d’un déficit en pluviométrie durant les neuf premiers mois. Mais le nombre d’événements causés par des fortes chaleurs a, lui, augmenté de plus de 20 % (2019 est classée parmi les trois années les plus chaudes depuis le début du XXe siècle, avec 2016 et 2020).

 

Quels aléas naturels ?


Les inondations constituent de loin le premier risque naturel en France (précipitations intenses, ruissellement, crues lentes ou torrentielles, remontées de nappes ou submersions marines). Le pays est également concerné par les fortes chaleurs, canicules et sécheresses, les vents violents, la foudre, la neige et les avalanches, le froid intense et le verglas ainsi que par le retrait-gonflement des argiles, les mouvements de terrain, les séismes et les volcans.

 

L’effet multiplicateur du changement climatique

La fréquence et l’intensité d’un grand nombre de ces aléas naturels sont accrues par le changement climatique. A titre d’exemple, les installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) enregistrent un nombre plus important d’incidents liés à l’auto-inflammation des déchets, à la surpression de bombes aérosols, à la fermentation de matières organiques ou simplement à la présence, sur le site, de verre qui peut avoir un « effet loupe ». Les conséquences des incendies occasionnés peuvent être désastreuses pour la qualité de l’air (pollution liée aux fumées).

 

Prévenir le risque NaTech

Comme pour tout autre risque, la gestion du risque NaTech passe d’abord par la prévention. Pour chaque installation industrielle, il importe avant tout de connaître les événements naturels susceptibles de se produire dans la zone et dresser une liste de ceux ayant fait référence (importance ici de la mémoire du risque à l’image des repères de crues). Cette phase d’identification permet d’évaluer la vulnérabilité du site.

A partir de là, différents scénarios peuvent être élaborés avec, par exemple, la mise en place de procédures de mise en sécurité en cas d’inondation (ex. : zone refuge hors eau, verrouillage des entrées d’eau du bâtiment, sécurisation des réseaux et ouvrages…) ou l’identification et le lieu de stockage des produits d’extinction en cas d’incendie. L’ensemble des démarches (analyse, prévention, maîtrise) doit être effectué dans le strict respect de la réglementation en vigueur, d’où la nécessité d’assurer une veille et un suivi réguliers. En parallèle, chaque site industriel doit intégrer le suivi des alertes météorologiques dans ses procédures d’exploitation.

Lors de la survenue d’un événement, les mesures d’atténuation devront être prises en fonction, bien sûr, de la vulnérabilité des installations mais aussi de la durée de l’événement et de la phase envisagée de retour à l’activité normale.

 

Le risque inondation


Outre les dégâts qu’elle induit, une inondation peut entraîner un incendie, un court-circuit électrique, des réactions chimiques de certains produits au contact de l’eau… Prévenir le risque inondation suppose de bien dimensionner les ouvrages et équipements (réseaux d’eau, bassins de rétention, systèmes de pompage), de bien positionner les installations électriques et informatiques et de sécuriser les stockages de produits ou déchets dangereux. Il importe aussi de prévoir les équipements (pompes de relevage, générateurs, sacs de sable, batardeaux, bâches…) qui doivent être facilement mobilisables.

 

Gérer l’après : l’autre face de la médaille

Un accident technologique peut générer des dommages matériels et une perte d’exploitation. Il peut avoir des conséquences sociales (ex. : chômage technique dû à l’arrêt de production ou à l’impossibilité d’accéder au site). Et il peut avoir des conséquences environnementales comme le rejet de matières dangereuses et/ou polluantes, celui-ci pouvant être d’autant plus grave en cas de mélanges de produits ou substances. Avant d’envisager la phase de retour à l’activité normale, l’exploitant du site peut opter pour une continuité d’activité. A cet égard, notons que la norme ISO 22301 « Sécurité et résilience – Systèmes de management de la continuité d’activité » publiée en 2012 a été révisée fin 2019 pour intégrer les approches et bonnes pratiques les plus récentes dans le domaine.

 

Des outils spécifiques

Si pendant de nombreuses années, la prise en compte du risque NaTech se résumait à mener des études sur la caractérisation des produits, procédés et équipements exposés au risque, aujourd’hui, la tendance est plus au développement de méthodologies et de modélisations. Celles-ci concernent aussi bien les territoires accueillant des installations industrielles que les installations elles-mêmes (ex. : gestion de la vulnérabilité spécifique des différents équipements de stockage et de production d’un site). Par ailleurs, le domaine des alertes météorologiques connaît des évolutions considérables grâce, en particulier, aux nombreux développements en matière d’observation spatiale du climat.

Au final, si peu d’exploitations le font encore aujourd’hui de manière formelle, prendre en compte le risque NaTech permet de réduire la vulnérabilité d’une installation et par conséquent, la vulnérabilité de l’entreprise dont elle dépend. Et dans cette période d’accélération du changement climatique, il est urgent de ne pas attendre…

 

1) L’Inéris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) consacre un dossier dédié sur son site : http://www.ineris.fr

2) La base de données ARIA (Analyse, recherche et information sur les accidents) répertorie les incidents, accidents ou ‘presque accidents’ qui ont porté -ou auraient pu porter- atteinte à la santé ou sécurité publique ou à l’environnement. Elle est gérée par le BARPI (Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels) du ministère de la Transition écologique. Le ‘presque accident’ est un événement qui n’a pas eu de conséquences matérielles, humaines ou environnementales mais dont le retour d’expérience est utile.

 

Lire aussi  : Risques chimiques en entreprise : que faire ?

S’inscrire à la newsletter

Restez informé de l'actualité du secteur

S’inscrire

Partagez ce contenu

Partagez ce contenu avec votre réseau !