La réglementation européenne a fortement évolué ces dernières années (cf. nouveau « Paquet Economie circulaire » qui intègre quatre directives révisées au 30 mai 2018). L’objectif est d’améliorer la gestion des déchets dans l’UE et de la convertir en une gestion durable des matières pour, à la fois « protéger, préserver et améliorer la qualité de l’environnement, protéger la santé humaine, garantir une utilisation prudente, efficace et rationnelle des ressources naturelles, promouvoir les principes de l’économie circulaire, renforcer l’utilisation des énergies renouvelables, accroître l’efficacité énergétique, réduire la dépendance de l’UE à l’égard des ressources importées, créer de nouvelles perspectives économiques et contribuer à la compétitivité à long terme ». Les maîtres-mots sont désormais d’améliorer l’efficacité des ressources et de reconnaître les déchets comme une ressource.
Collecte et tri : de l’artisanat à l’ère moderne
De la collecte des ordures en “camion-poubelle” aux bennes et conteneurs ultra-connectés ou à propulsion électrique non polluante, sans oublier les technologies telles que l’aspiration pneumatique, le tri optique, la géolocalisation pour l’optimisation de tournées, le déconditionnement des bio-déchets ou les capteurs de remplissage, le secteur de la collecte et du tri des déchets connaît une évolution sans précédent depuis les lois Déchets de 1975 et de 1992. Pollutec en est un formidable témoin et une plateforme de lancement pour les meilleures innovations.
Curiosité autour d’approches en rupture
En 2008, le procédé Bagtronic (aujourd’hui au sein du groupe Lingenheld) est venu bousculer les approches de collecte sélective. L’idée était de n’effectuer qu’une seule tournée de collecte (d’où des économies substantielles) en demandant aux usagers d’utiliser des sacs de couleur pour les différents flux (recyclable, bio-déchets, poubelle résiduelle) qui seront ensuite séparés par un système de convoyage et reconnaissance optique. On a aussi vu la robotique intelligente faire son entrée sur Pollutec, notamment en 2011 avec Zen Robotics, robot trieur finlandais primé aux EEP Awards. Doté de multiples capteurs, ce robot extrait les flux à valoriser, assurant une pureté élevée (jusqu’à 4 000 pièces/h aujourd’hui). Une voie robotique qui a aussi été suivie par Bollegraaf Recycling Solutions qui a présenté en 2013 un robot de tri d’extraction individuelle destiné au contrôle de la qualité des flux PET, PE, PS ou papier, en fin de ligne de tri.
Selon l’Ademe, chaque Français a jeté 573 kg de déchets en 2015 contre 592 kg en 2011. Sur ces 573 kg, 42% sont valorisés (matière et énergie), 32% sont incinérés et 26% sont mis en décharge.
Le tri optique : progression constante
En dépit de l’émergence de robots, les lignes de tri optique n’ont pas cessé de gagner en performance, couplant les expertises grandissantes en capteurs optiques, en traitement des données et en techniques de séparation des flux. Objectifs : générer des flux toujours plus homogènes et de haute pureté (matériaux, couleurs), gérer toutes les tailles de morceaux et surtout répondre à l’élargissement des consignes de tri. Exemples de cette tendance avec Buhler en 2013 facilitant l’extraction des granulés de couleur indésirables et autres corps étrangers d’un flux de plastiques ou Tomra Sorting insistant en 2016 sur la concentration des plastiques noirs. Pollutec a aussi été l’occasion de suivre sur plus de 15 ans l’évolution de Pellenc ST, symbolisée par sa gamme Mistral pour le tri des emballages offrant gains de maintenance et d’efficacité (+ 50% dans la rapidité de détection en 2016) et aujourd’hui son Top Speed qui sépare à grande vitesse les films plastiques des papiers.
Les poubelles « intelligentes » : la nouvelle tendance
La poubelle « intelligente », on en parle sur Pollutec depuis près de 15 ans. En effet, en 2004, la société gardoise AA Management présente The MIP, une poubelle sans contact qui détecte la présence de l’utilisateur, fabrique elle-même ses sacs grâce à une réserve de polyéthylène, compacte les sacs pleins et les scelle grâce à une résistance chauffante. Quelques années après, on voit aussi sur Pollutec se multiplier les offres de conteneurs d’apport volontaire capables d’avertir par SMS sur leur taux de remplissage (Syselec, BH Environnement…) avant d’autres technologies d’objets connectés. Sans oublier des innovations plus récentes comme la poubelle connectée R3D3 de Green Creative qui reconnaît les flux de déchets, les trie et les compacte avant d’avertir les opérateurs une fois saturée, ou encore la goulotte intelligente de Terradona qui vérifie la qualité du geste tri lors de l’introduction du déchet et récompense l’usager.