La ville durable : un enjeu considérable pour l’Afrique de l’Est et du Sud
Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des zones urbaines. Selon l’ONU, la proportion pourrait passer aux deux-tiers d’ici 2050. En Afrique, la population urbaine (472 millions d’habitants aujourd’hui) pourrait doubler d’ici 2040, selon la Banque mondiale qui prévoit déjà une augmentation de 187 millions d’habitants dès 2025. La ville durable constitue dons un enjeu considérable.
L’Afrique et les ODD : construire la ville et les communautés durables
Dans son rapport « Ouvrir les villes africaines au monde » publié début 2017, la Banque mondiale estime que « pour soutenir la croissance en Afrique, il faut améliorer la vie des habitants et des entreprises dans les villes ». Selon son vice-président pour l’Afrique, Makhtar Diop, « l’Afrique a besoin de villes moins chères, mieux desservies et plus vivables ». Rappelons, à cet égard, l’ODD 11 « villes et communautés durables » qui en appelle à développer des villes durables et inclusives où chacun puisse bien vivre. Ceci passe par un accès à des logements sûrs et abordables, aux services essentiels (eau/assainissement, énergie, santé…), à des moyens de transport efficaces, sûrs et durables, à des espaces verts et lieux de culture, à un air de qualité mais aussi par une sécurité assurée notamment face aux conséquences du changement climatique. Dans tous ces domaines, l’Afrique de l’Est et l’Afrique du Sud présentent des enjeux considérables.
L’Afrique de l’Est et la nécessité de nouveaux modèles pour faire face à la croissance de la population
En Afrique de l’Est, les taux de croissance de la population urbaine seront parmi les plus élevés du monde d’ici 2050. Selon les estimations, la taille des villes pourrait doubler d’ici 2030 et même quadrupler d’ici 2050. Autant dire que les défis en matière d’équipements, de réseaux et de planification sont majeurs. De nombreux groupes français (Voltalia, Schneider Electric, Eiffage, Saint Gobain, Veolia…) se positionnent déjà dans l’efficacité énergétique, les transports, la construction durable, l’urbanisme, l’eau et l’assainissement ou l’économie circulaire. Au-delà de leur offre technique, ils proposent également partage d’expertise et formation car il ne s’agit pas de « plaquer » des modèles déjà existants à des contextes locaux différents mais bien de s’y adapter en identifiant le plus en amont possible les besoins pour chacune des villes.
En Afrique du Sud : stress hydrique, réhabilitations et évolution du mix énergétique
Les questions de ville durable concernent aussi fortement l’Afrique du Sud où, selon les estimations, la population pourrait être à 80% urbaine d’ici 2050. Le pays est confronté à un stress hydrique sans précédent (ressources limitées, surconsommations, infrastructures vétustes), ce qui ouvre des opportunités dans le domaine eau et assainissement (ex. : recyclage des eaux à Durban). En matière de construction et de rénovation urbaine, le pays fait face à un important déficit de logements. Il mène diverses opérations de réhabilitation (ex. : centre-ville de Johannesburg) et s’est engagé à ce que plus de 60% des projets 2018 de réhabilitation soient « verts ». Sur le plan énergétique, les autorités souhaitent faire évoluer leur mix, qui repose actuellement à 89% sur le charbon, vers plus de renouvelables. Quant aux réseaux de distribution d’électricité, ils nécessitent eux-aussi d’être renouvelés. Enfin, du fait de configurations historiques (villes généralement étalées et peu denses), l’amélioration de la mobilité urbaine constitue un autre domaine prioritaire.
Un Sommet Afrique-France 2020 sur la ville durable
Annoncé à Ouagadougou fin 2017 par le président Macron, le Sommet Afrique-France 2020 sur la ville durable sera organisé en 2020. Pour le préparer, plusieurs événements différents sont organisés. Parmi ceux-ci figurent Développement urbain durable en Afrique de l’Est tenu en juillet 2018 (séminaire et rencontres d’affaires au Kenya et en Tanzanie) et Ville durable en Afrique du Sud (colloque et rendez-vous B2B) en novembre prochain, à l’initiative de Business France. Pollutec 2018 constituera également un point d’étape à la préparation de ce Sommet. En effet, le salon est particulièrement engagé vis-à-vis de l’Afrique : après la Côte d’Ivoire en 2014, le Burkina Faso est l’invité d’honneur de cette édition 2018. Il abordera cinq thèmes majeurs : ville durable, eau, déchets, énergie et agriculture durable. L’Espace Afrique est reconduit cette année et d’importants contacts sont déjà en cours : Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire (dans le cadre du Sommet sur l’économie circulaire dans les villes), etc. La question des villes au Kenya et de l’eau potable en Afrique du Sud pourraient aussi faire l’objet de développements sur le salon. Pour mémoire, le visitorat africain est le deuxième visitorat international du salon, après l’Europe.