Plastiques, textiles, déchets de construction, rebuts industriels… Zoom sur 4 startups françaises qui proposent des solutions de recyclage innovantes pour accélérer la transition vers une économie plus circulaire.
Favoriser un recyclage voire un upcyclage plutôt qu’un décyclage générateur de matière de moindre qualité, voilà l’enjeu du siècle. Dans ce domaine, les entreprises et l’industrie ont une responsabilité et un rôle central à jouer. Depuis quelques années, des startups émergent et font souffler un vent nouveau alliant environnement et technologie.
Les principes du recyclage
Le recyclage est l’un des piliers de l’économie circulaire. Avec le réemploi et la réparation, il permet de créer des boucles entre production et consommation et rend possible une sortie de la logique linéaire. En offrant une seconde vie à la matière, les effets bénéfiques sont triples :
- éviter l’enfouissement ou l’incinération, réduire la pression sur les ressources naturelles
- et sécuriser l’approvisionnement de nombreux acteurs industriels. Le recyclage est un objectif désormais inscrit dans la loi et les réglementations.
L’enjeu est colossal. Dans le paysage des déchets, le secteur du bâtiment caracole en tête, avec plus de 224 millions de tonnes (Mt) produites en 2020, contre 63 Mt de déchets d’entreprise hors BTP et 39 Mt de déchets ménagers, selon une étude de l’Ademe (Agence de la transition écologique).
Selon elle toujours, le recyclage permettrait en France d’éviter le rejet de 20 Mt équivalent C02 par an. Si environ 66 % de tous les déchets en France sont recyclés, ce chiffre cache en plus bien des disparités.
Une nouvelle vie pour les rebuts industriels
En mettant de côté les déchets minéraux issus du secteur de la construction et du bâtiment, les entreprises produisent 96 Mt de déchets non minéraux et non dangereux chaque année. Dans ce gisement, on trouve un tiers de déchets métalliques, papiers-cartons, bois et verre aptes au recyclage.
Les rebuts de production y occupent une place importante. Il s’agit là des chutes ou préséries, ratés de production ou encore purges ou pièces de calage, plusieurs millions de tonnes de matière première, parfois de haute qualité, rejetées par l’industrie française.
La manufacture et start-up Maximum s’est justement fait une spécialité de les récupérer. Ce recyclage permet de fabriquer du mobilier haut de gamme. On trouve dans son catalogue des fauteuils à base de résidus de polyéthylène, d’étagères en panneaux de carbone de l’industrie aéronautique (Airbus) ou encore des tables composées d’échafaudages usagés.
« Exploiter cette valeur nous permet d’opérer un véritable tour de force économique, proposer des produits fabriqués entièrement en France, finis à la main, garantis à vie », explique la marque.
Vers un recyclage du plastique à l’infini ?
La surconsommation de plastique, matière pétro-sourcée, est autant problématique que symptomatique de l’économie linéaire. Quelques chiffres sont éclairants : plus de 120 millions de sacs plastique échouent chaque année sur les 5000 kilomètres de côtes françaises. Dans l’océan, les plastiques, sous forme de résidus microscopiques souvent, sont omniprésents et intoxiquent la faune. Sur terre aussi, la chaîne alimentaire est impactée.
Si des mesures de réduction voire d’interdiction voient le jour, les industriels se creusent la tête pour favoriser un meilleur recyclage des plastiques. Le Graal d’un plastique recyclable à l’infini pour tous ? On en est loin, mais des innovations existent. Dans ce domaine, la start-up Carbios s’est faite remarquer grâce à une technologie innovante ouvrant la voie à un recyclage du polyéthylène téréphtalate (PET) « à l’infini », selon elle.
La société auvergnate se base sur un processus de « biorecyclage », où des enzymes viennent dépolymériser entièrement la matière pour la rendre 100 % recyclable et 100 % recyclé. L’invention est prometteuse quand on sait que le PET est l’un des plastiques les plus consommés au monde. La société entame sa phase d’industrialisation.
Des déchets du BTP valorisés
Moins connu du très grand public, l’enjeu des déchets minéraux du BTP est immense. Et pour cause, c’est la source de déchet numéro 1 en France. Le secteur du bâtiment produit pas moins de 19 % de la production totale de déchets du BTP, soit 46 Mt annuelles… plus que les 30 Mt de déchets ménagers. Mais là aussi les choses bougent et début 2022, l’éco-organisme de la filière minérale a annoncé son ambition de voir passer le taux de valorisation et de recyclage de ces déchets de 76 % à 90 % d’ici 2028.
De nombreux acteurs cherchent aussi à s’emparer intelligemment de ce gisement de matière. Parmi eux, la startup Les Ripeurs, créée en 2017, facilite la seconde vie via une collecte fluidifiée. Sa force ? Un service souple et réactif pensé pour le milieu urbain, avec une flotte d’utilitaires mobilisables en moins de trois heures pour retirer des déchets d’entreprises et les valoriser ensuite. Tout se fait via une appli.
L’indispensable recyclage du textile
Le marché de la mode et du textile est un très gros producteur de déchets. Le secteur de l’habillement, qui pèse 145 milliards d’euros en France, se caractérise par une surconsommation issue de la logique de « fast fashion ». En 15 ans, la production d’habits a été multipliée par 15 environ. Outre la consommation de ressource (eau, coton, fibres synthétiques) en amont, le secteur génère de nombreux rejets en aval lorsque les consommateurs se débarrassent de leurs habits.
Ici aussi, la prise de conscience se développe. Sur le versant déchets et recyclage, des nouveaux acteurs offrent des débouchés inédits. L’entreprise parisienne Chaussettes Orphelines commercialise par exemple des chaussettes, vêtements et accessoires fabriqués à partir de chaussettes usagées (il en serait jeté 16 000 tonnes par an, selon elle). Une initiative de recyclage textile qui ne résoudra, certes, pas toute la question des déchets de l’habillement en France, mais qui montre qu’une meilleure valorisation est possible… et urgente.
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