Le Programme national de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés (PNRQAD) a été lancé en 2009 par l’État, sous l’impulsion de l’ANRU, pour répondre à une urgence territoriale majeure : la dégradation continue des centres-villes anciens. Ces quartiers sont marqués par des enjeux multiples — habitat indigne, vacance, précarité énergétique et perte d’attractivité — qui fragilisent la vie quotidienne de leurs habitants.
Soutenu par l’ANAH, ce programme mobilise des moyens importants pour redynamiser ces territoires, en combinant requalification urbaine, préservation du patrimoine architectural, promotion de la mixité sociale et inscription progressive dans une démarche de type ÉcoQuartier. Il cible prioritairement « les quartiers de centre-ville ancien présentant une forte concentration d’habitat indigne, où les populations rencontrent des difficultés sociales et économiques importantes ».
Objectifs et cadre d’action : restaurer la dignité des quartiers anciens
Le Programme national de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés s’inscrit dans une démarche ambitieuse de revitalisation des centres-villes anciens, souvent marqués par la précarité, le déclin de l’habitat et la perte d’attractivité.
Son cadre d’action repose sur une approche intégrée, qui combine interventions sur les logements, les espaces publics, les services et l’offre locale. Car au-delà de la simple rénovation des bâtiments, l’enjeu est bien de redonner vie et dignité à des quartiers entiers, en travaillant sur le cadre de vie, leur image et leur attractivité, dans une logique durable.
Le PNRQAD s’articule ainsi autour de quatre grands objectifs :
- Lutter contre l’habitat indigne : le programme cible en priorité les logements insalubres, dangereux ou inadaptés. Il vise à améliorer la sécurité, la salubrité et le confort des logements en accompagnant les propriétaires dans la mise aux normes de leur bien. Mais l’objectif va plus loin : il s’agit aussi de permettre aux habitants en situation de fragilité sociale de rester dans leur quartier et d’éviter les phénomènes de gentrification.
- Valoriser le patrimoine architectural et urbain : les quartiers anciens possèdent souvent une forte identité historique. Le PNRQAD entend préserver l’identité de ces quartiers en mettant en valeur leur richesse historique et architecturale. Cette valorisation patrimoniale participe au bien-être des habitants et à l’attractivité du centre-ville.
- Améliorer le confort et la qualité de vie des habitants : la requalification passe aussi par une meilleure prise en compte des besoins quotidiens des habitants : création ou rénovation d’équipements de proximité (crèches, écoles, commerces, lieux de santé), amélioration de la desserte en transports, sécurisation des cheminements piétons. Le programme vise à diversifier les usages urbains, en soutenant l’installation d’activités économiques, sociales et culturelles.
- Favoriser la mixité sociale et la diversification de l’habitat : le PNRQAD encourage la cohabitation de différents profils d’habitants en favorisant une offre de logement variée : logements sociaux, en accession à la propriété ou en location privée. Cette diversité des statuts d’occupation contribue à renforcer la cohésion sociale.
Modalités mises en œuvre : un levier opérationnel pour la requalification des quartiers anciens
Pour atteindre ses objectifs, le PNRQAD déploie un ensemble de dispositifs opérationnels et financiers, conçus pour agir de manière intégrée. L’approche adoptée repose sur l’idée que la requalification des quartiers anciens dégradés ne peut se limiter à une rénovation ponctuelle ou superficielle : elle nécessite une action en profondeur sur le bâti, les usages et l’environnement urbain.
La rénovation énergétique constitue un levier majeur, permettant de répondre aux enjeux climatiques, tout en réduisant la précarité énergétique, particulièrement présente dans ces quartiers. En parallèle, la réhabilitation lourde du parc immobilier privé vise à traiter l’habitat indigne en remettant aux normes des logements vétustes ou insalubres. Le réaménagement des espaces publics – voirie, éclairage, végétalisation – complète cette dynamique, améliorant le cadre de vie et renforçant l’attractivité du centre-ville ancien.
Pour garantir la cohérence et la continuité de ces actions dans le temps, le programme s’appuie également sur les OPAH-RU (Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat – Renouvellement Urbain), véritables outils de pilotage concerté avec les collectivités, les propriétaires et les habitants, afin de lever les freins techniques et sociaux à la requalification.
Financement et partenariats : un programme mobilisateur
Le PNRQAD s’appuie sur un large éventail de partenariats publics et privés, coordonnés à l’échelle locale. Un modèle partenarial qui permet de mutualiser les ressources et d’inscrire les actions dans une stratégie durable et cohérente de requalification des quartiers anciens.
À l’échelle nationale, l’ANRU coordonne le programme et mobilise des fonds pour soutenir les projets sur le long terme. L’ANAH intervient en complément, notamment via ses aides à la rénovation énergétique et à la lutte contre l’habitat indigne.
En véritables chefs d’orchestre, les collectivités locales assurent la mise en œuvre opérationnelle, adaptent les outils aux besoins du territoire et fédèrent les acteurs. Aux côtés des institutions, les bailleurs sociaux, promoteurs et investisseurs privés contribuent à la revitalisation des centres anciens, que ce soit par la réhabilitation ou la création de logements.
Quand la requalification redonne vie au centre-ville ancien : l’exemple de la Noue à Bagnolet
À Bagnolet, le quartier de la Noue est en pleine transformation grâce au PNRQAD. Ce projet, mené en collaboration avec les habitants et soutenu par la Ville, Est Ensemble, l’ANRU et la SOREQA, allie ambition sociale, qualité urbaine et transition écologique. Récompensée par un prix « Renouvellement urbain » aux Défis urbains 2024, cette opération incarne une dynamique de transformation durable, centrée sur les besoins réels des habitants.
Ce sont plus de 600 logements qui sont peu à peu réhabilités, tandis que les espaces publics retrouvent vie avec plus de végétation et une meilleure organisation. De nouvelles structures, comme une crèche ou un centre socioculturel, viennent renforcer le tissu local.
L’objectif est clair : reconnecter ce quartier avec le reste de la ville, améliorer le quotidien des habitants et lutter contre la précarité, tout en préservant l’identité du lieu.
Un levier puissant pour la cohésion urbaine et la revitalisation des cœurs de ville
En apportant des réponses concrètes aux enjeux d’habitat indigne, de rénovation énergétique, de mixité sociale et de valorisation des centres-villes anciens, le PNRQAD s’est imposé comme un levier majeur de la requalification des quartiers anciens.
Grâce à une approche intégrée, le programme s’appuie sur des outils solides comme les OPAH-RU, ainsi que sur des financements coordonnés de l’ANRU, de l’ANAH et des collectivités territoriales. Cette mobilisation conjointe redonne du sens à l’intervention publique dans des territoires souvent fragilisés, en permettant une transformation durable des quartiers en difficulté, l’amélioration tangible de la qualité de vie des habitants et le renforcement de la cohésion urbaine.
Pour les acteurs engagés dans la requalification des centres anciens, le programme offre un cadre structurant, appuyé par des dispositifs éprouvés, pour mener des projets ambitieux au service de la revitalisation des territoires et du bien-être collectif.