Lancée en France en 2009 dans le cadre du plan Ville durable en application de la loi Grenelle 2, la démarche EcoQuartier a été actualisée fin 2022 pour répondre au plus près à l’évolution des enjeux de la ville durable (bas carbone, économie circulaire, nature en ville, nouveaux usages…).

De manière globale, un écoquartier se définit comme un projet d’aménagement qui intègre les enjeux et principes de la ville et des territoires durables. En France, la démarche EcoQuartier a été lancée en 2009 pour « favoriser de nouvelles façons de concevoir, construire et gérer la ville durable ». Elle repose principalement sur un référentiel et une labellisation et propose des outils, des formations et un club de mise en réseau des acteurs.

Mais face aux évolutions rapides et aux nouvelles priorités des politiques publiques, il est devenu nécessaire de mettre à jour certains aspects et d’en ajouter de nouveaux. C’est tout l’objet du groupe de travail ‘Ecoquartier 2030’ qui a été mis en place en 2021 par Florian Bercault, le président de la Commission nationale EcoQuartier, et a débouché sur un livre blanc dédié présenté au ministère de la Transition écologique début 2022. Les principales mesures proposées ont été reprises et dévoilées lors de la cérémonie de remise des labels en décembre dernier.

 

Une nouvelle offre de service et d’accompagnement

Le renouvellement de la démarche se traduit d’une part par une offre enrichie de service et d’accompagnement des porteurs de projets avec les différents partenaires de la démarche(1). L’accompagnement s’adresse aux collectivités s’engageant dans la démarche, avec une priorité pour celles qui sont peu outillées en ingénierie. De fait, la réalisation d’un écoquartier n’est plus l’apanage des grandes villes comme cela a pu être le cas dans les premières années.

A titre d’exemple, un programme d’appui sur mesure lancé en avril 2022 par le Cerema et le ministère permet à quinze territoires de tous types (collectivités de banlieue, rurales, moyennes…)(2) de bénéficier d’un accompagnement stratégique et opérationnel sur trois ans. Les principaux enjeux abordés dans ce cadre couvrent la requalification des périphéries urbaines et entrées de ville, l’adaptation au changement climatique, la revitalisation territoriale et l’aménagement touristique durable.

 

Une réactualisation du référentiel

En parallèle, le référentiel a été mis à jour afin, notamment, d’intégrer l’objectif de « Zéro artificialisation nette des sols » (ZAN 2050), la nouvelle réglementation environnementale RE2020 et les évolutions de la loi Solidarités et Renouvellement Urbain (SRU) sur la mixité sociale.

Ce nouveau référentiel, qui se pose désormais en véritable Guide de l’aménagement durable, comprend vingt engagements répartis dans quatre « dimensions » : Démarche & processus ; Cadre de vie & Usages ; Développement territorial ; Environnement & Climat (v. encadré).

 

Quelques exemples d’engagements


  • Cadre de vie & Usages : Refaire le quartier avec l’existant ; assurer un cadre de vie favorable au bien-être et à la santé ; concevoir un projet alliant qualité urbaine, paysagère et architecturale…
  • Développement territorial : Favoriser la proximité et la diversification des fonctions ; économiser les ressources ; encourager les mobilités durables et actives ; assurer une transition numérique responsable au service de l’aménagement durable…
  • Environnement & Climat : Renforcer la résilience face au changement climatique et aux risques ; contribuer à l’atténuation du changement climatique et favoriser la sobriété et les énergies renouvelables ; réduire, recycler, valoriser les déchets ; préserver, gérer et restaurer la ressource en eau ; préserver et restaurer les sols, la biodiversité et les milieux naturels…

 

Une nouvelle labellisation axée sobriété, inclusion, création de valeur et résilience

Enfin, après dix ans d’application (elle avait été lancée fin 2012), la labellisation évolue à partir de la campagne 2023. Alors qu’elle était envisageable dès le stade pré-opérationnel (projet) et le stade du chantier, elle porte désormais sur les quartiers « livrés » et « vécus » avec des objectifs de performance qualitatifs, quantitatifs et contextualisés.

Les vingt indicateurs nationaux définis répondent aux quatre grandes priorités que sont la sobriété, l’inclusion, la création de valeur et la résilience. Il s’agit à la fois « d’encourager la sobriété dans la consommation des ressources naturelles et de l’énergie », de « penser le bien-être des habitants et la qualité du cadre de vie comme des leviers de la résilience du quartier », de « proposer une offre de logement pour tous de qualité (énergétique, environnementale et d’usage), adaptée, diversifiée et abordable et des espaces publics favorables à la rencontre et à l’activité physique » et de « diversifier l’offre de services et d’équipements et intensifier les usages de la ville ».

Cette nouvelle labellisation met ainsi fortement en avant le recyclage urbain, la sobriété foncière, la performance énergétique des bâtiments, le développement des énergies renouvelables et de récupération, l’utilisation des biosourcés, la protection de la biodiversité, la mobilité décarbonée, sans oublier la santé, la sécurité, la mixité sociale et la proximité.

 

Plus de 500 écoquartiers engagés ou labellisés depuis 2013


En l’espace de dix ans, plus de 500 écoquartiers se sont engagés ou ont été labellisés, essentiellement en renouvellement urbain. Parmi ceux-ci figurent des projets emblématiques comme la Zac de Bonne à Grenoble, Ginko à Bordeaux ou encore Bords de Seine à Issy-les-Moulineaux.

Plus récent, le projet Fives Cail à Lille entame sa phase 2. Ce projet mixte sur 25 ha dont 17 de halles industrielles vise la construction de plus de 1000 logements et d’une résidence seniors, la création d’activités de production (tiers-lieux, micro-brasseries, ferme urbaine, espaces sport et bien-être), le tout avec des jardins, des terrasses paysagées et des serres potagères.

Ce projet de métamorphose d’un ancien site industriel dédié à la métallurgie met l’accent sur l’économie circulaire, l’agriculture urbaine, l’économie sociale et solidaire et la ville productive. Cette deuxième phase est soutenue par la Banque des Territoires à hauteur de 2,5 Md€, en fonds propres et subventions d’investissement.

 

Lancée dans le cadre du plan Ville durable de 2008, la démarche EcoQuartier s’inscrit désormais dans la nouvelle démarche « Habiter la France de demain » lancée en février 2021. Elle s’articule avec les autres initiatives d’accompagnement des territoires comme l’AMI « Démonstrateurs Ville durable » financé à hauteur de 305 M€ par le PIA4 et France 2030 (3e vague prévue début 2023) et la stratégie d’accélération « Solutions pour la ville durable et les bâtiments innovants » financée à hauteur de 675 M€ par le PIA4 et France Relance.

 

1) Ademe, ANAH, ANRU, Cerema, CSTB, Efficacity, FNAU, France Ville Durable, groupe Caisse des Dépôts…

2) Beaujeu (69), Breuillet (91), Cahors (Lot), Castelnau de Médoc (33), Cournon-d’Auvergne (63), Dunkerque (59), Lourdes (65), Melle (79), Saint-Louis (Réunion), Seyssinet-Pariset (38), Tallard (05), Dompierre-sur-Yon (85), Fay-aux-Loges (45), Pré-en-Pail-Saint-Samson (53) et Bonifaccio (Corse)

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