Une ville verte et durable, voici ce que sera la ville de demain. Alors que la transition écologique est amorcée, les projets d’agriculture urbaine fleurissent désormais un peu partout en France et à travers le monde.

Cette nouvelle forme d’agriculture, nécessaire à la lutte contre le changement climatique, est également un nouveau souffle pour les villes congestionnées et les citadins de plus en plus soucieux de leur santé et de l’environnement. En quoi consiste l’agriculture urbaine ? Quels enjeux et bénéfices pour la Ville durable ? Comment financer un tel projet ? Voici des éléments de réponse.

Qu’est-ce que l’agriculture urbaine ?

Ce sont les préoccupations croissantes quant à la sécurité alimentaire, au changement climatique et à la santé des populations qui expliquent le regain d’intérêt des collectivités locales pour ces espaces agricoles. À l’image des Écoquartiers, ils s’inscrivent en effet pleinement dans une démarche Ville durable.

Agriculture urbaine, définition

La FAO définit l’agriculture urbaine et périurbaine (AUP) comme les pratiques agricoles et d’élevage dans la ville et sa périphérie. Sont également inclus les processus connexes tels que la transformation, la distribution, la commercialisation ou le recyclage. Ces projets peuvent être marchands (fermes urbaines, éco-pâturages) ou non (jardins partagés, poulaillers…).

L’agriculture en ville n’est pas nouvelle. Pour des raisons pratiques d’approvisionnement, elle était autrefois très répandue. Au 19e siècle encore, la ville de Paris, par exemple, se fournissait en fruits et légumes dans la Plaine des Vertus, de vastes terres agricoles s’étendant alors d’Aubervilliers à La Courneuve.

Mais ce système de production a peu à peu été abandonné au profit d’une urbanisation croissante et de l’agriculture intensive. De nombreuses denrées alimentaires parcourent désormais des centaines, voire des milliers de kilomètres avant de rejoindre nos assiettes. Dans le contexte actuel d’urgence écologique, les fermes urbaines reviennent toutefois sur le devant de la scène.

Un véritable enjeu pour la ville durable

Accroissement des populations, changement climatique, diminution de la biodiversité… Nous faisons face aujourd’hui à d’importants défis alimentaires, environnementaux, économiques et sociaux. Parce qu’elle permet justement d’adapter les villes afin de réduire leurs impacts négatifs sur l’environnement et d’améliorer la qualité de vie des citadins, tout en développant les économies locales, l’agriculture urbaine s’impose comme un vecteur d’accélération de la transition écologique.

La ferme urbaine, un poumon vert pour la ville et la planète

Outre le nouveau souffle économique, environnemental et social qu’elle apporte aux collectivités et aux populations, l’agriculture en ville permet également de répondre à la demande toujours croissante en aliments frais, sains et locaux. Les avantages qu’elle offre sont donc nombreux :

  • Une production alimentaire locale et de qualité : les jardins agricoles permettent d’approvisionner les villes en produits frais (production locale) et sains (cultures biologiques), à prix abordables.
  • La stimulation de l’économie locale : l’agriculture urbaine favorise la création d’emplois locaux (production, transformation, distribution), notamment pour les jeunes, les personnes âgées ou éloignées de l’emploi, la réduction des coûts (valorisation des déchets, transports…) et de la dépendance aux importations alimentaires, le développement de commerces et industries connexes ou encore le tourisme.
  • L’amélioration de la qualité de vie des habitants : elle améliore la qualité de l’air et du paysage urbain, décongestionne la ville et reconnecte les citadins avec la nature, offre des lieux de loisir, renforce le lien social et l’entraide (invitation à « faire-ensemble »).
  • La lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement : les circuits courts favorisent la réduction des émissions de gaz à effet de serre et préservent les ressources en énergie. Ces terres agricoles permettent également de valoriser les déchets organiques en compost, de maintenir la biodiversité et de réduire l’érosion des sols (par l’absorption des eaux pluviales).
  • La résilience des communautés urbaines face au changement climatique et à l’insécurité alimentaire : créer des espaces verts en ville permet d’abord de lutter contre les îlots de chaleur. Les espaces agricoles renforcent par ailleurs la sécurité alimentaire. Selon la FAO, une superficie d’un mètre carré peut en effet produire jusqu’à 20 kg de nourriture par an.

Quels types de fermes urbaines ?

Indoor ou outdoor, éco-pâturage, jardins partagés, maraîchage, ruches, champignonnières, vergers, marchands ou non, culture en pleine terre, hors sol, souterraine, en aquaponie ou hydroponie…

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Projet de ferme urbaine dans différentes villes française: serre verticales à Colombes, potager partagé à Marseille, ferme urbaine en toiture à Paris

Ces fermes offrent une richesse presque inépuisable de possibilités, tant dans la forme, que dans les systèmes techniques ou les modèles économiques. On distingue notamment trois types d’espaces agricoles urbains :

  • Les jardins communautaires : ce sont des jardins partagés, communs ou individuels, dédiés à la production collective de fruits et légumes. Ils réunissent généralement les habitants du quartier qui les cultivent pour leur propre consommation ou les partagent. La culture se fait au sol, en pleine terre.

Marseille, de nombreux jardins partagés : avec ses 80 jardins collectifs s’étalant sur près de 32 hectares au total, Marseille a su réinventer les rapports entre voisins et la qualité de vie en ville.

  • Les serres urbaines : ces espaces agricoles, généralement verticaux, permettent de produire des aliments frais toute l’année sur une petite surface au sol.

Colombes, une serre à grande échelle : sur d’anciennes friches industrielles, la serre de Colombes devrait prochainement voir le jour. Elle utilisera l’aquaponie pour produire des fruits, légumes et poissons destinés à la vente aux riverains, restaurants, hôtels et commerces locaux. À terme, elle devrait fournir l’équivalent de la consommation de 1 000 à 4 000 personnes.

  • Les toits verts ou fermes sur les toits : les toits offrent de larges espaces où peuvent se mêler ruches, poulaillers, plantes potagères et vergers, entre autres. Ce type de culture hors-sol peut utiliser des bacs ou des planches de culture, des techniques comme l’hydroponie ou encore l’aéroponie, etc.

NU-Paris, plus grande ferme urbaine en toiture d’Europe : 14 000 mètres carrés d’exploitation ouverte à la production des professionnels comme des habitants, voici ce que l’on peut trouver sur les toits de Paris Expo. NU-Paris (Nature Urbaine Paris) offre un cadre de vie vertueux en plein cœur de la plus grande ville de France.

Projets de fermes urbaines : comment lever les freins ?

Dans les villes, les projets d’agriculture peuvent faire face à de multiples contraintes (foncières, spatiales, financières, règlementaires ou environnementales). Pour accompagner les acteurs de l’aménagement urbain dans leur démarche, l’INRAE a mis au point la méthode Meth-EXPAU®.

 

Les Aides Européennes à la transition écologique

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Cet « itinéraire méthodologique » vise l’adéquation du projet avec le contexte urbain afin de favoriser sa pérennité. Il consiste donc à établir avant tout un diagnostic territorial (acteurs, disponibilité des terrains et des énergies, types de cultures déjà en place, règlementation…) afin de faire émerger divers modèles et de sélectionner les plus pertinents, avant enfin de les mettre en œuvre.

Diverses initiatives de soutien au développement de l’agriculture urbaine

Pour développer un projet d’agriculture urbaine, les partenariats public-privé sont un élément clé. De nombreuses entreprises locales, propriétaires fonciers et collectivités territoriales apportent en effet un soutien matériel (toits, terrains nus, bâtiments vacants…) ou financier aux porteurs de projets. Notons que les municipalités peuvent désormais intégrer des espaces dédiés dans leur PLU (article L.151-23 du code de l’urbanisme).

Par ailleurs, les aides de l’État et les aides européennes peuvent être sollicitées. Dans le cadre du plan France Relance, des dispositifs de soutien financiers ont en effet été déployés. L’appel à projets Quartiers Fertiles, piloté par l’ANRU (Agence Nationale de la Rénovation Urbaine), a ainsi permis à 100 fermes urbaines, couvrant 140 quartiers prioritaires, de voir le jour.

De son côté, l’Association Française d’Agriculture Urbaine Professionnelle (AFAUP) réunit une communauté d’experts désireux de partager leurs expériences et compétences. Elle propose également des guides et outils ainsi qu’un annuaire des formations disponibles.

L’agriculture urbaine, pour une Ville vraiment durable

Afin d’accélérer le développement de la Ville durable, il est important de soutenir ces formes d’agriculture en les incluant dans les politiques de planification urbaine, par exemple. Les pouvoirs publics comme les acteurs privés l’ont d’ailleurs bien compris : leurs actions en faveur de l’agriculture urbaine se font de plus en plus nombreuses.

L’intégration de terres agricoles en ville est en effet devenue essentielle pour préserver la santé des personnes ainsi que l’environnement. Aux côtés de la végétalisation des villes, elle participe à la continuité écologique et au maintien de l’indispensable biodiversité. Elle permet également aux citadins de consommer des produits sains et améliore leur qualité de vie au quotidien.

L’agriculture urbaine est finalement un véritable levier de la transition écologique et du développement durable.

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