Vagues de chaleur, sécheresses, feux de forêt, fortes précipitations, inondations, tempêtes, submersion marine… : toutes ces réalités augmentent en intensité et en fréquence du fait du changement climatique, comme le prouve encore l’actualité de ce mois de juillet 2021. A ces phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes s’ajoutent des phénomènes à évolution lente comme la désertification, la perte de biodiversité, la dégradation des terres et écosystèmes, l’acidification des océans et l’élévation du niveau de la mer. Certaines villes tentent déjà de s’adapter à ces réalités et mettent en place des solutions pour réduire leur vulnérabilité.

La nouvelle stratégie Adaptation de la Commission européenne(1) entend « se concentrer davantage sur l’élaboration de solutions plutôt que sur la compréhension du problème, et passer de la planification à la mise en œuvre ». C’est en soi une bonne nouvelle car, en Europe, les pertes économiques dues à la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes dépassent 12 milliards d’euros par an en moyenne et pourraient atteindre 170 milliards d’euros par an en cas de réchauffement global de 3°C par rapport aux niveaux préindustriels. Le dérèglement climatique ne touche pas seulement l’économie mais aussi la santé et le bien-être des personnes. C’est à ce triple enjeu que tentent de répondre les élus qui se lancent dans une démarche d’adaptation.

 

Quelles solutions dans les villes ?

Si les solutions d’adaptation en milieu urbain relèvent de différents domaines, la plupart concerne la lutte contre la chaleur et la gestion du risque inondations. Pour le rafraîchissement sont notamment proposés des équipements comme les brumisateurs (uniques ou intégrés dans d’autres structures), les moustiquaires ou les jardins de pluie urbains mais aussi des solutions de voirie comme les pavés drainants et évapo-transpirants ou des revêtements clairs qui favorisent l’albedo (i.e. le pouvoir réfléchissant des surfaces). Par exemple, Lyon teste depuis mi-juillet une peinture anti-chaleur sur des trottoirs qui ne peuvent accueillir d’arbres. La peinture blanche est également utilisée sur les toits (cf. technique du « cool roofing » qui fait déjà ses preuves depuis de nombreuses années).

Face au risque inondation, les solutions varient entre équipements matériels de type barrières ou batardeaux, opérations de génie écologique (renaturation d’un espace naturel tampon…) ou opérations plus lourdes comme la désimperméabilisation de sols ou la construction d’une infrastructure de stockage d’eau.

Autre type de solution, la végétalisation permet de gérer ces deux risques. Qu’il s’agisse de parcs, arbres, pelouses mais aussi de toitures et façades végétalisées, ils apportent de la fraîcheur et peuvent absorber les eaux de pluie.

S’agissant du risque lié à l’élévation du niveau de la mer, diverses solutions existent déjà même si certaines ont fait plus de mal que de bien (v. « Quelles pistes pour adapter le littoral ? », avril 2021). Dans ce domaine, il convient de suivre l’initiative en cours Sea’Ties qui vise à faire remonter et partager les solutions pour adapter les villes côtières. Cette initiative internationale lancée par la plateforme Océan & Climat mobilise des villes de taille moyenne présentant une diversité de contextes climatiques, géographiques, sociaux, économiques et politiques. Un comité d’orientation du projet devait se tenir le 1er juillet.

Ce panel – non exhaustif – montre que l’on peut sortir des solutions « rustine » qui ne peuvent pas être pérennes comme le déploiement à outrance de la climatisation particulièrement énergivore ou le transport d’eau potable par camion citerne ou par hélicoptère en post-catastrophe. Il ne doit cependant pas faire oublier l’importance des systèmes d’alerte précoce, domaine qui bénéficie toujours plus des évolutions et atouts apportés par le numérique et l’IA.

 

AdaptaVille, une plateforme pour aider les villes denses à s’adapter aux aléas climatiques


Accélérer le déploiement d’actions concrètes sur le territoire via l’identification de solutions ayant prouvé leur efficacité : tel est l’objectif de la plateforme AdaptaVille lancée en mai 2021 à l’initiative de l’Agence parisienne pour le climat et plusieurs partenaires. L’idée est d’engager une dynamique participative globale et d’offrir une boîte à outils complète. Trois axes clés : identifier/répertorier/mettre en valeur des solutions ; partager des bonnes pratiques pour inspirer les politiques publiques ; faciliter la réplication d’innovations ayant fait leurs preuves sur un territoire. Plusieurs filtres sont proposés par aléa : canicules, fortes précipitations, inondations, risque pour la biodiversité, risque sanitaire, sécheresses, tensions sur les ressources alimentaires, tensions sur les ressources énergétiques. Les solutions proposées peuvent aussi être comportementales.

 

La question du financement

Permettant de réduire sa vulnérabilité face aux impacts actuels et à venir, l’adaptation présente des avantages évidents sur le plan économique. Mais par rapport à l’investissement initial, les bénéfices peuvent n’être visibles que beaucoup plus tard. De fait, faute de flux de revenus à court terme, ce type d’investissement attire peu les investisseurs. Qui plus est, ce ne sont pas toujours ceux qui investissent pour l’adaptation qui en bénéficient.
Cela dit, plusieurs types d’aides sont mobilisables. Les aides mobilisables au niveau mondial comprennent notamment le Fonds vert pour le climat et plusieurs fonds européens (FESI, FEDER, FEADER). Notons aussi que la Banque européenne d’investissement a soutenu des villes comme Florence et Athènes dans leur démarche(2). En France, les collectivités peuvent notamment mobiliser le Fonds de prévention des risques naturels majeurs (‘Fonds Barnier’ géré par les Directions départementales des territoires), les Agences de l’Eau et l’Ademe (via ses délégations régionales). Notons toutefois, comme le souligne le rapport annuel du HCC publié en juin dernier(2), que si l’adaptation peut générer des besoins d’investissements spécifiques (infrastructures de protection, systèmes d’alerte, relocalisation d’actifs, etc.), elle exige surtout du temps, des compétences et donc des ressources suffisantes en fonctionnement et en expertise.

 

Une adaptation « plus intelligente, plus rapide et plus systémique » en ligne de mire

Au final, mettre en œuvre des solutions d’adaptation fait partie d’un tout : cela s’inscrit dans une démarche globale qui comprend le renforcement de la planification de l’adaptation, l’évaluation des risques et l’accélération des mesures d’adaptation sans oublier la poursuite des travaux de recherche sur les impacts du changement climatique. Avec la nouvelle stratégie européenne qui préconise une adaptation « plus intelligente, plus rapide et plus systémique », les espoirs d’accélérer l’adaptation semblent permis.

 

1) Intitulée « Construire un avenir résilient face au changement climatique », cette nouvelle stratégie présentée le 24 février 2021 remplace la Stratégie de l’UE relative à l’adaptation au changement climatique à l’horizon 2020 adoptée en 2013.

2) Voir les détails sur https://www.eib.org/fr/stories/urban-climate-adaptation

3) Rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat : « Renforcer l’atténuation, Engager l’adaptation », juin 2021.

 

Lire aussi  : Construire au futur, vivre le futur

 

En savoir plus  : Les aides européennes pour accompagner les entreprises dans leur transition écologique

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