Une nouvelle expérience d’agro-écologie ?
Les modèles agricoles ne sont pas immuables. Après la rupture industrielle de la période des « Trente Glorieuses » qui a favorisé une agriculture intensive, les impasses écologiques et sanitaires engagent aujourd’hui des réflexions de fond sur les choix et l’avenir de l’agriculture, le renouveau d’une certaine culture paysanne, la réhumanisation des pratiques, etc.
C’est dans ce contexte que se développent aussi rapidement de nouvelles formes d’agriculture, répondant à une demande sociale croissante, telles l’agroforesterie, la permaculture, l’agro-écologie ou encore l’agriculture biologique qui, toutes, présentent l’intérêt d’être moins impactantes pour l’environnement et l’homme que le modèle intensif pratiqué depuis les années 50.
Parmi les évolutions récentes, l’agriculture urbaine constitue une véritable rupture au sens où elle peut se pratiquer sans terre, sur une surface limitée (jardins, toitures, conteneurs…) et sans nécessiter de grandes quantités d’eau. Etant locale par nature, elle permet d’éviter les émissions de GES liées aux transports. Une part des solutions d’agriculture urbaine actuellement expérimentées repose aussi sur les nouvelles technologies, s’inscrivant ainsi dans le développement actuel des « agritechs ».
Enfin, l’agriculture urbaine présente surtout une dimension sociale dans la mesure où elle permet de recréer du lien avec la nature, voire de se réapproprier la question de la production alimentaire et du rapport à l’espace urbain et au vivre ensemble, dimension tout autant associée à la durabilité.
Aujourd’hui, ce nouveau modèle est loin d’être en capacité de nourrir la planète mais selon une étude sur les services écosystémiques rendus par l’agriculture urbaine publiée en début d’année par Earth’s Future*, les villes du monde entier disposeraient de 367 000 km2 à 641 000 km2 de surfaces pouvant servir à la production alimentaire. L’agriculture urbaine pourrait ainsi satisfaire jusqu’à 10% des besoins pour certaines plantations comme les légumes secs ou racinaires. Or 10% de 6 500 millions de tonnes de production végétale annuelle représentent 650 millions de tonnes à l’échelle mondiale. Ce qui est loin d’être négligeable…
Il ne s’agit plus d’opposer l’agriculture, au sens traditionnel et associée aux espaces ruraux, et l’agriculture urbaine. Ces deux pratiques agricoles peuvent devenir complémentaires pour répondre aux besoins alimentaires et géostratégiques des hommes. Il s’agit désormais d’explorer l’ensemble des solutions et de faire converger les pratiques agricoles et les défis climatiques et écologiques auxquels nos sociétés sont confrontées.
Pour son édition 2018, Pollutec met l’accent sur les solutions et pratiques environnementales dédiées à l’agriculture. L’agriculture urbaine y aura naturellement toute sa place.
*A Global Geospatial Ecosystem Services Estimate of Urban Agriculture – N. Clinton et al. – Janvier 2018