Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de décès prématurés en France sont attribués à la seule pollution de l’air. À l’échelle mondiale, près d’un quart des pathologies chroniques seraient liées à des facteurs environnementaux et comportementaux, selon l’OMS.
Face à ces enjeux majeurs, la France s’est dotée d’un outil stratégique : le Plan national santé environnement. Le PNSE incarne la stratégie française en matière de santé environnementale. Il vise à structurer l’action publique pour mieux prévenir les risques sanitaires liés à l’environnement.
Depuis le premier plan en 2004, les PNSE se sont succédé en s’adaptant aux enjeux émergents : pollution de l’air, exposition aux substances chimiques, changement climatique, dégradation de la biodiversité, etc. Le PNSE 4, lancé pour la période 2021-2025, reflète une approche renouvelée, participative et plus territorialisée. Il s’inscrit dans une dynamique de développement durable, avec une volonté affirmée d’impliquer l’ensemble des acteurs – citoyens, collectivités, chercheurs et entreprises – pour construire des politiques publiques de prévention des risques efficaces et pérennes.
Les axes stratégiques du PNSE 4
Le quatrième Plan national santé environnement s’articule autour de quatre axes majeurs, destinés à renforcer les synergies entre politiques publiques, savoirs scientifiques et actions locales.
- S’informer, se former et informer : la connaissance étant le premier levier d’action, le plan insiste sur la nécessité de sensibiliser tous les publics aux enjeux de la santé environnementale. Il s’agit de diffuser des informations fiables sur l’état de notre environnement (qualité de l’air, pollution des sols, bruit, etc.) et de promouvoir les bons gestes pour limiter les expositions nocives.
- Réduire les expositions environnementales : ce second axe cible la limitation des agents physiques (bruit, ondes), chimiques (pesticides, perturbateurs endocriniens) et biologiques (pollens, zoonoses, etc.) qui peuvent affecter la santé humaine et celle des écosystèmes. Il s’agit de renforcer les régulations existantes, mais aussi d’encourager des alternatives durables dans l’agriculture, l’industrie ou l’urbanisme.
- Démultiplier les actions concrètes dans les territoires : le PNSE 4 mise sur une approche décentralisée en soutenant les initiatives locales portées par les collectivités. Par le partage d’expériences et l’innovation, ces dernières sont encouragées à adapter les objectifs nationaux aux réalités de leur territoire, que ce soit en matière de pollution de l’air, de gestion de l’eau ou d’aménagement urbain.
- Mieux connaître les expositions et leurs effets : ce dernier axe vise à consolider les connaissances scientifiques sur les liens entre environnement et santé. Cela passe par le développement de systèmes de surveillance, la mise en commun des données et le soutien à la recherche en santé environnementale.
Les actions phares et les initiatives du Plan national santé environnement
Pour concrétiser ses ambitions, le PNSE 4 s’appuie sur des outils concrets :
- Recosanté : ce service numérique informe les citoyens en temps réel sur la qualité de l’air et de l’eau, les risques allergiques et délivre des recommandations personnalisées pour limiter l’exposition à la pollution et adopter les bons gestes au quotidien.
- Territoire engagé pour un environnement, une santé : cette plateforme collaborative valorise les projets locaux exemplaires (mobilités douces, lutte contre les îlots de chaleur, agriculture urbaine…) et favorise le partage de bonnes pratiques entre collectivités et associations. Elle répond à l’ambition de rendre les actions environnementales plus inclusives et participatives.
- Espace commun de partage des données environnementales : ce partenariat entre Green Data for Health (GD4H) et le Health Data HUB (HDH) a permis de développer cet outil destiné aux scientifiques et décideurs publics. Ce dernier facilite l’accès aux données sur les expositions environnementales (air, eau, sols, bruit…) et vise à soutenir la recherche interdisciplinaire et à appuyer les décisions politiques sur des éléments factuels.
L’impact du PNSE 4 et les perspectives d’avenir
Les retombées du PNSE 4 sont multiples. Sur le plan sanitaire, une meilleure gestion des facteurs environnementaux peut contribuer à réduire l’incidence de maladies chroniques (asthme, cancers, troubles endocriniens) et infectieuses (zoonoses), liées à la dégradation de l’environnement. En améliorant la qualité de vie, le plan participe également à la lutte contre les inégalités sociales et territoriales de santé.
Sur le plan écologique, la réduction des expositions néfastes et le soutien aux pratiques respectueuses des écosystèmes contribuent à renforcer la résilience environnementale. À travers ses axes et actions, le PNSE 4 s’inscrit pleinement dans une vision à long terme de développement durable, intégrant les enjeux de biodiversité, de climat et de préservation des ressources naturelles.
Prévu pour cette année 2025, le cinquième Plan national Santé Environnement devrait renforcer les politiques publiques de santé environnementale face aux défis sanitaires et écologiques émergents. Parmi les orientations possibles, le renforcement des indicateurs de résultats, recommandé par le Sénat, avec des cibles chiffrées établies par le HCSP, afin de mieux évaluer l’efficacité des politiques mises en œuvre.
La poursuite de l’approche « Une seule santé », intégrant santé humaine, animale et environnementale pourrait être une autre priorité. Cette approche devient d’autant plus indispensable que les zoonoses, résistances antimicrobiennes et pollutions croisées multiplient les risques systémiques.
Enfin, l’accentuation de la territorialisation des actions – notamment à travers les Plans régionaux santé environnement (PRSE) – afin de mieux adapter les mesures aux réalités locales, ainsi que la démocratisation de la santé environnementale pour impliquer davantage les citoyens dans la prévention des risques, pourraient également constituer des orientations majeures.
Le PNSE, une stratégie globale pour l’intégration de la santé-environnement en France
Le Plan national santé environnement constitue une réponse stratégique essentielle aux défis liés à la santé-environnement. En structurant des actions de prévention des risques sanitaires liés à l’environnement, il fait le lien entre la santé publique et la protection de l’environnement. Grâce à son approche territorialisée et participative, il engage les citoyens et les collectivités, tout en soutenant la recherche et l’innovation. Face à l’accélération des risques sanitaires d’origine environnementale, son renforcement dans le PNSE 5 s’annonce essentiel pour bâtir une société plus résiliente et consciente des interdépendances entre nos écosystèmes et notre bien-être.