Pollutec Paris propose les 26 et 27 novembre 2024 toute une série de nouveautés parmi lesquelles le Pollutec Innovation Challenge. En complément des Pollutec Innovation Awards organisés depuis plusieurs années sur Pollutec Lyon, ce nouveau concours a vocation à sourcer les projets de recherche ou de toutes jeunes startups (« early stage ») qui feront les innovations de demain. La sélection a été réalisée auprès de candidats issus de laboratoires d’universités ou de grandes écoles. Dix projets ont été retenus lors d’une première étape. Leurs représentants viendront pitcher sur le salon le 27 novembre devant un jury d’industriels, de corporate ventures et de médias. Le gagnant bénéficiera d’une visibilité renforcée (valorisation, communication…) et d’un espace startup sur Pollutec 2025. Voici les dix projets retenus. 

 

Eneville 

La filière immobilière a une faible maîtrise de ses données, ce qui ne lui permet pas de diagnostiquer efficacement les grands patrimoines sur l’ensemble du territoire. Cependant, pour optimiser ses ressources et ses investissements, il lui faut maîtriser ses données. Lancée en octobre 2023, la startup Eneville modélise l’ensemble des bâtiments en France en utilisant l’open data et évalue la performance énergétique des parcs immobiliers à partir des seules adresses. Elle propose deux types de services : data provider (données Insee, IGN, ministères…) et stratégie de décarbonation (identification des leviers, modélisation des actions de rénovation et de leurs impacts financiers et environnementaux). L’objectif est d’optimiser la décarbonation de la filière immobilière en facilitant l’aide à la décision via les jumeaux numériques. Eneville a été fondée par Alexandre Nguyen, ingénieur et docteur en énergie lauréat du concours d’innovation i-PhD 2022 et Philippe Beduneau, professionnel de l’immobilier et de l’innovation. Eneville a été finaliste en 2024 du Cleantech Open France, du PropTech Innov Challenge et du Challenge Startups Secteur d’Avenir du CNAM Incubateur et elle a intégré la plateforme Smart City d’Impulse Partners. 

 

FOMCAP 

La concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de plus de 40 % depuis le début de l’ère industrielle et cette augmentation s’est accélérée des dix dernières années. En dehors des mesures d’atténuation (limitation des émissions), il existe deux méthodes de captage du CO2 : le captage direct dans l’air (DAC) et le captage post-combustion. Les solutions DAC sont disponibles mais coûteuses et se font à petite échelle. Le captage post-combustion basé sur des amines liquides est utilisé depuis plus de cinquante ans mais présente une forte consommation énergétique, une certaine toxicité et une capacité de dégradation. La solution FOMCAP utilise les MOFs (Metal Organic Frameworks), des matériaux cristallins dotés d’une surface (1000 m2/g) et de pores extrêmement fins (plusieurs millions de fois plus petits qu’un cheveu). Offrant une stabilité en température et en humidité et une porosité contrôlée, ces MOFs peuvent être utilisés dans divers domaines dont le captage du CO2. De premiers tests ont montré leur efficacité pour la capture post-combustion en centrales électriques à charbon ou à gaz et en cimenterie. Des tests sont en cours dans le domaine du captage direct dans l’air. Le projet est porté par Nizami Israfilov au sein de l’Institut de chimie et procédés pour l’énergie, l’environnement et la santé (ICPEES) et du laboratoire Chimie de la matière complexe (CMC) au CNRS / Université de Strabourg avec Jean-Marc Planeix, vice-président de l’Université de Strasbourg et Benoît Louis, directeur de recherche au CNRS. Il a été lauréat du programme « Mature your PhD » 2021 de Satt Conectus et du concours d’innovation i-PhD 2022. La startup devrait être lancée d’ici janvier 2025. 

 

Ilion Water Technologies 

Le dessalement d’eau est particulièrement prometteur (il pourrait desservir 30 % de la population mondiale) mais il fait face à un coût élevé et à l’impact important de l’osmose inverse sur l’environnement. D’où l’idée de l’équipe d’Ilion Water Technologies de développer un système de dessalement nouvelle génération qui n’utilise que de faibles champs électrique (quelques volts) au lieu de hautes pressions mécaniques pouvant aller jusqu’à 60 bars. Basée sur des membranes nanofluidiques et biomimétiques, la technologie Viro (Voltage Induced Reverse Osmosis) permet de purifier l’eau à travers n’importe quelle membrane des filtres de dessalement commerciaux. Elle se déploie facilement et a un coût limité. Cette technologie brevetée est issue de recherches fondamentales menées par Lydéric Bocquet, Lucie Ries et Zachario Pilo au sein du Laboratoire de physique de l’ENS (LPENS). Pionnier de la nanofluidique, Lydéric Bocquet a reçu la médaille de l’innovation du CNRS 2024. La startup Ilion a été distinguée mi-septembre 2024 par le concours d’innovation i-Lab opéré par BPIFrance dans le cadre de France 2030. 

 

Methancat 

La France a l’ambition d’intégrer 10 % de gaz renouvelable dans sa consommation totale de gaz à horizon 2030. Pour rendre le biométhane plus compétitif, il importe de réduire de 30 % ses coûts de production. Ceci passe notamment par une amélioration des rendements (travail sur la qualité des intrants), une optimisation des installations et une amélioration des procédés de purification du biogaz. La technologie proposée doit permettre de supprimer les opérations particulièrement énergivores de séparation des constituants du biogaz. Jusque-là, une étape de séparation membranaire du CO2 et du CH4 était nécessaire avant méthanation par hydrogénation catalytique. Le procédé catalytique Methancat permet de produire du biométhane par hydrogénation directe du CO2 contenu dans le biogaz brut sans aucune étape de séparation, sans rejet de CO2 et avec des rendements améliorés. Le projet est mené au sein de l’équipe Vaalbio (Valorisation des alcanes et de la biomasse) de l’UCCS (Unité de catalyse et chimie du solide de l’Université de Lille) et de la plateforme de criblage catalytique haut débit Realcat. Celle-ci permettra d’accélérer fortement la vitesse d’acquisition des données expérimentales et donc du développement des catalyseurs.  

 

Mirega 

Le dérèglement climatique impose de réduire rapidement les gaz à effet de serre dont le méthane qui a un pouvoir de réchauffement élevé. Mais les technologies actuelles de mesure des émissions sont encombrantes et peu adaptées à une utilisation mobile. Il devient crucial de pouvoir disposer d’outils plus compacts, sensibles et robustes pour quantifier avec précision les émissions et mieux les réduire. La société Mirega créée en 2023 propose le premier analyseur de gaz miniature, cent fois moins encombrant que les solutions disponibles sur le marché et offrant une sensibilité élevée pour mesurer des gaz à faible concentration. Utilisant des micro-cavités optiques, la technologie remplace un composant central volumineux par un élément de la taille d’une allumette pour une capacité de détection comparable. A la fois compacte, robuste et mobile, la solution est particulièrement adaptée pour la quantification des gaz diffus et la détection de fuites, contribuant ainsi à la quantification et la réduction des GES. L’équipe fondatrice de Mirega associe quatre compétences complémentaires : Vincent Hardy, entrepreneur, Pierre Mahion, responsable technique ainsi que Romain Long et Jakob Reichel, les chercheurs à l’origine de l’innovation des micro-cavités au sein du LKB, laboratoire Kastler Brossel à l’ENS Paris. Le projet a été accompagné par la SATT Lutech (programme de maturation de neuf mois jusqu’au prototype). 

 

OptHySource 

Dans le domaine de la mobilité électrique, la batterie est le maillon faible de la chaîne : coût élevé, autonomie limitée, encombrement… Les profils de puissance demandés par les véhicules électriques sont très contraignants pour la batterie et les augmentations de température liées aux pics de puissance ont tendance à accélérer son vieillissement. Qui plus est, une batterie n’est pas efficace simultanément en énergie et en puissance, ce qui peut conduire à des dimensionnements sous-optimaux qui dégradent leur durée de vie. Le projet OptHySource vise à associer des batteries lithium-ion avec des supercondensateurs (SC) pour limiter les contraintes sur la batterie. Grâce à cette hybridation, la batterie verra une puissance constante tout au long de son fonctionnement en déportant les pics vers les supercondensateurs. Par ailleurs, pour permettre un partage optimal entre la batterie et les SC, l’utilisation d’une architecture convertisseur de puissance + algorithme de gestion d’énergie permet d’améliorer le dimensionnement, les performances et la durée de vie de la batterie. Ceci se traduit finalement par une amélioration du coût total de possession (TCO). Le projet est porté par Théophile Paul, doctorant au sein du laboratoire Icube à l’INSA Strasbourg, accompagné par Tedjani Mesbahi. Théophile Paul a été lauréat du concours d’innovation i-PhD 2022. Le projet de maturation est financé par la SATT Conectus (300 k€ : étude de marché, concept du démonstrateur) avec pour objectif la création d’une startup début 2025. 

 

BeadMet 

La dépollution des effluents contaminés par des métaux est régie par une directive et des normes « eau potable » exigeantes qui rendent difficile la couverture du spectre des métaux et imposent des post-traitements pour les traitements chimiques. A cela s’ajoute le coût élevé des installations pour un retour économique faible si aucune valorisation des métaux n’est envisagée. Le projet BeadMet repose sur un procédé permettant de développer un outil de dépollution par la capture de métaux lourds dans les eaux usées et de les précipiter. L’outil se base sur des billes recyclables en PVA/alginate (Poly Vinyl Alcool et biopolymère issu d’algues). Le projet est mené par Claire Sergeant, chercheure au Laboratoire de physique des deux infinis Bordeaux (L2Pi / CNRS / Université de Bordeaux). La technologie a bénéficié d’une pré-maturation du CNRS et en septembre 2024, la SATT Aquitaine a investi 177 400 euros pour valider le scale-up de la fabrication de billes, améliorer la cinétique de réaction et réaliser des tests sur des effluents réels. 

 

Terdepol 

De nombreux sites industriels souvent en périphérie urbaine (terrains, friches) sont pollués par des hydrocarbures. La loi impose de les dépolluer pour permettre de les valoriser dans un autre usage, réglementation renforcée récemment par la dynamique ZAN. Cependant, les moyens actuels peinent à dépolluer ces sites à la fois en des temps limités, à des coûts raisonnables, dans le respect de l’environnement et sans transférer la pollution ailleurs. Le projet Terdepol porte sur la mise au point et le dimensionnement d’un procédé industriel consistant à lessiver les sols pollués par les hydrocarbures directement sur site après excavation. Le lessivage se fait par un tensio-actif original qui offre une performance inégalée pour séparer les hydrocarbures de la terre sans réaction chimique, ne contamine pas le milieu environnant et est réutilisable. Après application de ce procédé automatique (il ne nécessite pas ou peu d’opérateurs), les hydrocarbures sont récupérés et la terre propre est remise en place directement. L’équipe développant le projet Terdepol compte deux spécialistes de l’ingénierie du BTP et de la dépollution industrielle : Yves Greinke et Olivier Kobloth, deux universitaires en ingénierie mécanique des matériaux, structures et chimie des matériaux du laboratoire Icube (CNRS / Université de Strasbourg) : Yves Rémond (professeur émérite de l’Ecole de chimie de Strasbourg) ainsi que Daniel George (professeur de Telecom Physique Strasbourg) et Philippe Ackerer, directeur de recherche du CNRS spécialisé en fluides, géochimie et pollution des hydrosystèmes à Strasbourg et travaillant au sein du laboratoire ITES (CNRS / Université de Strasbourg / ENGEES). 

 

Terraneon 

Aujourd’hui, si l’on souhaite gérer à la fois le changement climatique et la préservation de la biodiversité, il n’existe pas d’outil d’évaluation systémique des solutions possibles en mesure de prendre en compte l’ensemble des dimensions impliquées. Le projet Terraneon a permis de développer un outil capable de simuler l’impact systémique réel d’une décision ou d’une mesure. Basée sur une nouvelle forme d’IA collective – la simulation multi-agents – cette solution logicielle évalue les impacts des activités humaines sur l’environnement, l’économie et la société. Le simulateur multi-agents permet de tester différentes solutions et de comparer leurs effets sur l’environnement, leurs coûts et leur acceptabilité sociale sur la base d’indicateurs scientifiques. Dans une approche systémique intégrale, l’impact est évalué sur les individus, la société, l’économie, le climat et la biodiversité. Aujourd’hui, un outil macroscopique modélise à l’échelle l’ensemble des activités de l’économie française et leurs impacts sur le climat et la biodiversité. Un premier démonstrateur a été réalisé pour évaluer les mix de production électrique en France afin de trouver le meilleur équilibre entre nucléaire et énergies renouvelables. L’équipe compte deux scientifiques : Jean-Daniel Kant et Cédric Herpson du LIP6 : Laboratoire de recherche en informatique (CNRS / Sorbonne Université) et deux doctorants (Mael Francesschetti et Tristan Bersoux). Elle collabore aussi bien avec des acteurs industriels qu’avec des institutions publiques et a déjà obtenu des résultats majeurs et reconnus internationalement dans le domaine de la simulation des activités humaines. 

 

Voltify 

Les appareils électroniques sont de plus en plus compacts. Mais les micro-batteries et les micro-condensateurs disponibles sur le marché ont une densité d’énergie trop limitée pour leur permettre de fonctionner au maximum de leurs capacités. A l’échelle submillimétrique, la plus petite batterie représente souvent plus de 50 % du volume d’un dispositif, ce qui compromet à la fois la miniaturisation et l’autonomie de ces appareils. La jeune société Voltify (créée en 2023) a développé une technologie de micro-stockage d’énergie qui permet aux composants d’atteindre une densité géométrique sans précédent. Cette technologie brevetée par le CNRS se base sur l’assemblage de matériaux sélectionnés pour répondre aux enjeux de sûreté et d’environnement (rechargeable et tout solide) sur une architecture silicium en 3D (substrat 3D microstructuré). Cela permet d’obtenir des densités d’énergie entre 15 et 250 fois supérieures à celles de leurs équivalents commerciaux, avec des procédés de fabrication autorisant une production à grande échelle. Plusieurs applications sont possibles : santé (implants notamment) et environnement (capteurs miniatures pour la surveillance et le monitoring). L’équipe fondatrice compte cinq associés dont les chercheurs Maxime Hallot (CEO), Kévin Robert (CTO), leur directeur de thèse Christophe Lethien à l’IEMN : Institut d’électronique, de micro-électronique et de nanotechnologie, Université de Lille), Pascal Roussel (UCCS : Unité de catalyse et chimie du solide à Lille) et Cédric Chazel (LRCS : Laboratoire de réactivité et chimie des solides à l’Université de Picardie). 

A noter : Voltify est le nouveau nom du projet Hileores (Highly integrated energy storage miniaturized devices on enhanced substrates) plusieurs fois distingué : i-PhD 2022, French Tech Rise 2023 et i-Lab 2024. 

 

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