Face au changement climatique, l’homme a longtemps cru que, étant capable d’inventer et de déployer des solutions pour limiter les émissions de GES, il serait capable – le temps venu – de mettre en œuvre des solutions d’adaptation appropriées. Cependant, d’une part, l’adaptation n’est pas une alternative à l’atténuation – toutes deux sont complémentaires. Et d’autre part, certains impacts du changement climatique souvent estimés pour 2030, 2050 voire 2100 sont déjà là et on ne peut donc plus parler au futur.

Certes réduire nos émissions de GES constitue toujours un enjeu majeur dans l’optique de respecter l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement(1). Mais s’adapter au changement climatique est un impératif car il s’agit à la fois d’anticiper les impacts, de réduire la vulnérabilité et l’exposition à la variabilité du climat (territoires, acteurs économiques, population…) et de favoriser la résilience.

Tous les pans de la société sont concernés

Dans un rapport publié en septembre dernier, la Global Commission on Adaptation(1) identifie cinq secteurs clés dans lesquels il est urgent d’investir : développer les systèmes d’alertes précoces, mettre en place des infrastructures résilientes, améliorer la production agricole en zone aride, protéger les mangroves, favoriser une gestion plus résiliente des ressources en eau. Autant d’aspects en phase avec les principaux impacts déjà subis dans l’ensemble des régions du monde : rupture d’approvisionnement (perte de récolte, baisse des rendements), interruption des transports (fluvial, ferroviaire…), impacts sanitaires (maladies tropicales vectorielles, conséquences des canicules…), baisse de productivité (industrie, BTP, production d’énergie…), raréfaction des ressources hydriques et énergétiques (d’où restrictions d’usages).

Structurer les démarches

Diverses collectivités sont déjà engagées dans des démarches d’adaptation. A titre d’exemple, un document Ademe met en avant 33 démarches menées dans trois principaux domaines : aménagement/infrastructures/bâtiment ; écosystèmes et ressources naturelles ; organisation et gouvernance du territoire. Les actions présentées vont de la prise en compte du changement climatique dans les projets d’aménagement à la réhabilitation de tourbières en passant par la relocalisation d’activités et de biens.

De la même façon, des entreprises s’engagent. Certaines démarches sont visibles (ex. : installation de toitures ou façades végétalisées pour récupérer l’eau de pluie, déploiement sur site de sources d’énergie alternatives), ce qui permet aussi de sensibiliser le personnel. D’autres sont moins visibles mais tout aussi importantes (ex. : élaboration d’un plan de reprise d’activités après un sinistre, identification de chaînes d’approvisionnement alternatives…).

« Au-delà du principe de précaution, travailler en même temps sur l’adaptation et la réduction des émissions serait aujourd’hui le fondement d’une saine gestion », écrivait EPE en 2014(2). Cinq ans plus tard et après plusieurs phénomènes météorologiques extrêmes, ne pourrait-on pas aussi ajouter qu’il serait sain d’accélérer ? En tous cas, de nombreuses publications récentes sur le sujet vont dans ce sens (v. En savoir plus).

 

Ne pas confondre adaptation et résilience


S’adapter au changement climatique, c’est anticiper et se préparer aux impacts et conséquences que ce changement peut avoir sur nos conditions de vie. Ceci suppose avant tout une bonne connaissance de la réalité des faits. La résilience, elle, concerne plus la capacité à absorber un choc et à s’en remettre. Ce qui peut ici paraître paradoxal car, hormis les épisodes météorologiques extrêmes et ponctuels de type tempêtes ou inondations qui peuvent constituer de véritables chocs, le changement climatique est évolutif et s’appréhende plutôt sur le long terme. Quoi qu’il en soit, les changements sont déjà en cours et il faut apprendre à vivre avec.

 

1) A cet égard, selon les dernières estimations du Global Carbon Project, les émissions globales de CO2 ont augmenté de 4% depuis 2015. Ce qui ne va pas dans le sens de la limitation à + 2°C maximum d’ici la fin du siècle stipulée par l’Accord.

2) Créée fin 2018 à l’initiative de Ban Ki-Moon, Bill Gates et Kristalina Georgieva, la Global Commission on Adaptation a lancé en septembre « the Year of Actions », axée sur huit domaines clés : finance et investissements, sécurité alimentaire et agriculture, solutions fondées sur la nature, eau, villes, action au niveau local, infrastructures et prévention des catastrophes. Le Climate Adaptation Summit prévu en octobre 2020 à Amsterdam sera l’occasion de faire un premier bilan.

3) « Les entreprises et l’adaptation au changement climatique », EPE et ONERC, Avril 2014. Le rapport présente en couverture une photo de la Barrière de la Tamise, ouvrage particulièrement symbolique de l’adaptation.

 

EN SAVOIR PLUS


« Adapter la France aux dérèglements climatiques à l’horizon 2050 : urgence déclarée », Rapport d’information de R. Dantec et J-Y Roux, Sénat, Mai 2019

« L’adaptation au changement climatique en France : focus sur le cadre national », Décryptage n°11, IDDRI Sciences Po, Octobre 2019

« Adaptation au changement climatique : comment passer à la vitesse supérieure ? », I4CE et Terra Nova, Octobre 2019

« Bilan 2019 de l’action climat non-étatique », Observatoire Climate Chance, Novembre 2019. Ce bilan est présenté en quatre cahiers dont un Cahier Adaptation réalisé avec le Comité 21, les autres portant sur les principaux secteurs émetteurs, les territoires et la finance.

A noter : On se reportera avec intérêt à la carte « Les impacts du changement climatique en Europe » réalisée par l’AEE

 

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