Sacs, emballages, bouteilles, flacons… La France génère à elle seule près de 3,5 millions de tonnes de déchets plastiques par an, les emballages en représentant près de 60 % (source : Atlas du plastique 2020). Face à l’ampleur de la pollution plastique, des solutions tendent à se développer. Parmi elles, les plastiques biodégradables.

 

 

Derrière ce terme prometteur se cache toutefois une réalité moins glorieuse qu’elle n’y paraît. Souvent présentés comme une alternative au plastique conventionnel, les bioplastiques sont en effet loin d’être tous biodégradables. Ou du moins « bio-dégradés »…

La gestion des déchets plastiques est un élément essentiel d’une démarche de responsabilité sociétale des entreprises. Il est donc indispensable d’appréhender correctement la fin de vie de ces plastiques dits « biodégradables » et de savoir les identifier afin de les valoriser et de réduire effectivement son empreinte écologique.

 

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Quels et que sont les plastiques biodégradables ?

Les plastiques biodégradables regroupent les plastiques composés de matières organiques (végétales ou animales) et/ou fossiles pouvant être rapidement décomposées sous l’action de micro-organismes (en eau, dioxyde de carbone et biomasse) et bio-assimilées par l’environnement.

Cependant, pour être effective, la dégradation de la matière plastique requiert des conditions spécifiques (taux d’humidité, concentration en micro-organismes, température, présence de déchets organiques, etc.) sans lesquelles elle serait nettement plus longue. Dans la nature, par exemple, ces conditions n’étant pas réunies, la biodégradation ne s’opère que sur le très long terme. Les plastiques s’accumulent alors, contaminant les sols et l’eau.

Les plastiques dits « biodégradables » ne se dégradent donc pas nécessairement, ou seulement partiellement, et ne présentent un intérêt que s’ils sont intégrés dans un processus de compostage industriel réunissant toutes les conditions favorables à une décomposition rapide.

Notons que le terme « bioplastiques » désigne les plastiques biodégradables, mais aussi les plastiques biosourcés. Si ces derniers sont composés de matières renouvelables (maïs, fécule de pomme de terre, pulpe de bois, canne à sucre, etc.), selon le procédé de fabrication utilisé, la biodégradation ne se fera que sur plusieurs décennies, au moins.

Identifier les plastiques biodégradables et compostables : norme et labels

Le terme biodégradable peut donc porter à confusion quant à la destination de cette matière plastique en fin de vie. À cet égard, la loi anti-gaspillage a interdit l’usage des mentions « biodégradable » et « respectueux de l’environnement » sur les emballages et produits de consommation.

C’est la norme NF EN 13432 qui définit les critères selon lesquels un plastique peut être considéré comme biodégradable en condition de compostage industriel. Quatre caractéristiques principales définissent ces produits et emballages réellement biodégradables et compostables :

  • Leur composition: pH, taux maximal de concentration pour les substances volatiles, les métaux lourds, le fluor, l’azote, le phosphore, le magnésium ou le potassium.
  • Leur biodégradabilité: le produit ou emballage est considéré biodégradable s’il s’est dégradé en composés organiques (CO2 et minéraux) à 90 % en moins de six mois.
  • Leur désintégration : sous trois mois, la matière plastique doit être capable de se fragmenter suffisamment pour qu’un maximum de 10 % de sa masse initiale reste au-dessus d’un tamis de 2 mm.
  • La qualité du compost final et l’écotoxicité: la présence du matériau d’emballage ne doit pas modifier la qualité du compost final ni présenter de danger pour l’environnement.

Pour identifier les produits plastiques effectivement biodégradables et/ou compostables, deux labels sont à retenir essentiellement : le label OK Compost et le label Seedling. Ils garantissent tous deux la conformité de l’emballage à la norme européenne. Celui-ci peut donc être valorisé en centre de compostage industriel au même titre que les déchets organiques.

Quels sont les avantages d’un plastique biodégradable et compostable ?

À l’inverse du plastique traditionnel, le plastique biodégradable et compostable offre une solution durable de gestion des déchets et améliore l’impact environnemental d’un produit ou emballage : réduction de la quantité de déchets destinés à l’enfouissement ou à l’incinération et par conséquent, des émissions de gaz à effet de serre ; dégradation rapide qui permet de limiter l’accumulation des matières plastiques dans les sols et l’eau (rivières, mers et océans) ; diminution de la dépendance aux ressources fossiles grâce à l’utilisation de matières premières renouvelables.

Le plastique biodégradable présente également un intérêt socio-économique puisqu’il améliore l’image de marque et l’attractivité du produit en répondant à la demande croissante des consommateurs en produits plus respectueux de l’environnement.

Qu’en est-il des inconvénients ?

Ces plastiques sont biodégradables à condition qu’ils soient compostables et intégrés dans un processus de compostage industriel. Leur traitement requiert donc un tri sélectif approprié qui peut être complexe compte tenu de la difficulté à les identifier. Ils ne sont donc généralement pas acheminés vers les centres de compostage et ne sont pas valorisés.

Il est également important de noter que les emballages biosourcés ont un coût environnemental non négligeable puisque certaines matières premières qui les composent sont importées (canne à sucre, par exemple) ou encore que leur production requière une grande consommation d’eau et d’énergie. Des cultures spécifiques sont par ailleurs nécessaires et remplacent les cultures alimentaires. Le compostage demande enfin des installations spécifiques et suppose donc un coût de traitement supplémentaire.

Bon à savoir

La start-up clermontoise Carbios a mis au point un procédé biologique permettant de recycler à l’infini les déchets plastiques en PET (polyéthylène téréphtalate). Cette innovation répond à une pleine logique d’économie circulaire et permet d’éviter la production massive de déchets plastiques.

Du plastique biodégradable au compost : l’ère de l’économie circulaire

Le terme « biodégradable » peut laisser penser que le plastique ainsi nommé se décompose sans condition. Or, s’il n’est pas intégré dans un processus de compostage industriel ou domestique parfaitement contrôlé, il s’accumule dans l’environnement et le pollue.

Pour favoriser une économie réellement circulaire, les entreprises doivent veiller à ce que les produits et emballages plastiques fassent l’objet d’un tri sélectif soigné et puissent bel et bien être valorisés en compost. Une pratique qui leur permet par ailleurs de renforcer les engagements pris dans le cadre de la RSE.

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