En France, les deux derniers étés ont véritablement éveillé les consciences sur la disponibilité incertaine de l’eau. Après l’énergie, le carbone et la biodiversité, les secteurs du bâtiment et de l’aménagement des territoires doivent maintenant intégrer les enjeux liés à l’eau dans l’adaptation au changement climatique, thématique notamment abordée par Catherine Lagneau, CEO de BRGM mardi 26 novembre à Pollutec lors de la conférence « Aller plus loin pour préserver la ressource ».

Des villes comme Nice réinventent le cycle de l’eau en s’aidant de la nature. La deuxième phase du projet de réaménagement de la Promenade du Paillon à Nice vise notamment à créer un jardin suspendu au-dessus de la couverture du fleuve, permettant de répondre aux problématiques d’assainissement des eaux pluviales tout en offrant une opportunité de réutilisation durable en faveur du verdissement de la ville. Les pluies vont s’infiltrer dans des couches de substrats au-dessus des voûtes du Paillon. La terre végétale, allégée et mélangée avec de la Pouzzolane (roche volcanique), permettra une absorption et une rétention de l’eau dans les interstices de la roche. Une fois la capacité maximale de rétention atteinte au niveau du sol, les eaux seront captées dans des drains puis dirigées de façon gravitaire au sein de grandes canalisations de stockage, circulaires, positionnées le long des pieds-droits des voûtes. En aval de chaque canalisation se situe une chambre hydraulique contenant des pompes immergées qui permettent l’alimentation en eau pour l’arrosage ainsi que le fonctionnement des bassins d’agrément. En cas d’orage intense qui surviendrait alors que les citernes sont pleines, les ouvrages possèdent des surverses possibles vers le réseau, de quoi alimenter régulièrement grâce aux eaux pluviales.

Dans les bâtiments aussi, l’innovation se met en place. Dans le Tarn, des constructions ont été équipées de tuiles de toit capables de collecter et stocker l’eau de pluie, en s’inspirant du cactus. Avec 30 % de pente, l’efficacité de récupération d’une tuile est de 90 % minimum, même avec des intensités de pluie très importantes (testée jusqu’à 240mm). En changeant 400 m² de tuiles sur sa médiathèque, la ville de Graulhet va par exemple créer localement un réservoir d’eau de 13 m3. L’eau sera utilisée pour alimenter les toilettes du bâtiment grâce à un simple tuyau, sans pompe et sans consommation d’électricité.

Reste à voir comment la nature et les innovations empreintes de biomimétisme sauront inspirer la filière pour permettre d’atteindre les objectifs du Plan Eau dévoilé en mars 2023 par Emmanuel Macron, à savoir réduire de 10 % les prélèvements d’eau d’ici à 2030.

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