Un pays frappé par la désertification et les perspectives de pénurie d’eau dans une région sous tension

L’Iran est un pays complexe peuplé de plus de 80 millions d’habitants qui fascine par son histoire et son peuple autant qu’il inquiète par ses choix et actions militaires et géopolitiques.

Un récent documentaire* a permis un éclairage différent de ce pays en s’intéressant au problème de l’eau et de sa pénurie, conduisant à la désertification du pays. Une situation environnementale qui est devenue une urgence nationale.

L’agriculture industrielle et la gestion énergétique mis en cause

Les premières causes de cette crise sont le changement climatique et la baisse de la pluviométrie qui provoquent aujourd’hui, par l’ampleur des phénomènes, d’inquiétantes tensions entre les régions. En Iran, la gestion de l’eau dépend en effet de deux ministères : celui de l’énergie, qui la distribue aux villes en fonction de critères spécifiques qui sont de plus en plus vivement contestés ; et celui de l’agriculture, toujours plus gourmand puisque le secteur, modernisé à outrance, utilise 80 % des réserves d’eau du pays.

Exode rural et augmentation des besoins en eau

Depuis une trentaine d’années, les étangs et les zones humides disparaissent, les nappes phréatiques se vident, les rivières s’assèchent. Obligés de quitter leurs terres autrefois fertiles, de nombreux agriculteurs abandonnent leurs villages et tentent de survivre dans des villes de plus en plus peuplées, dont les besoins en eau augmentent à grande vitesse. Le phénomène d’urbanisation se nourrit de cet exode rural provoqué par la désertification. Aujourd’hui, 70 % des Iraniens vivent en ville et consomment beaucoup plus d’eau (entre 300 et 320 litres/jour) pour leurs usages domestiques que la moyenne mondiale (150 litres/jour).

Des infrastructures hydrauliques inutilisables

Au-delà des films éducatifs destinés à la population pour encourager les gestes d’économie d’eau, les secteurs agricole et industriel restent les premiers fautifs. Ces derniers ont été encouragés dans leurs pratiques par une politique affirmée d’indépendance et d’autonomie agricole et industrielle liée aux embargos successifs appuyée par une politique de grands travaux qui, depuis près d’un demi-siècle, a privilégié la construction de gigantesques barrages, au nombre de 650 dans tout le pays dont 40% sont aujourd’hui inutilisables.

*« L’Iran à court d’eau » (55 minutes, Arte, 2018) – documentaire  de Laurent Cibien et Komeil Sohani qui retrace l’histoire de l’emblématique rivière Zayandeh Rud, qui fut longtemps symbole de source de vie dans un pays qui ne manquait pas d’eau ; et qui décrit un phénomène de désertification accélérée par l’homme. Ce documentaire a été diffusé sur Arte le 15 mai 2018 et reste disponible sur VOD.

 

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