« L’art d’acheminer dans les meilleures conditions les flux de marchandises qui entrent, sortent et circulent dans la ville », telle est définie la logistique urbaine. Une logistique urbaine qui représente pourtant à elle seule 50 % des émissions de particules fines, 20 % des émissions de gaz à effet de serre et 20 % d’occupation de la voirie, liés à la circulation.

Dans le cadre de la stratégie nationale « France Logistique 2025 », les collectivités territoriales s’engagent désormais dans une démarche d’engagement volontaire en faveur d’une logistique urbaine durable. Il s’agit d’adapter les villes aux nouveaux modes de consommation tout en réduisant leur impact sur l’environnement.

Comment peuvent-elles donc concilier impératifs environnementaux et développement économique et social ? Voici des éléments de réponse.

Des solutions concrètes pour une logistique urbaine durable

Transport de marchandises unitaires, échecs de livraison et « re-livraison », faible taux de remplissage des véhicules, répartition des points de livraison… Face à la multiplication des flux de marchandises urbains sous l’effet du e-commerce, le dernier kilomètre est devenu l’enjeu majeur d’une logistique urbaine durable.

Diverses actions concrètes peuvent être mises en œuvre par les collectivités territoriales, en concertation et en partenariat avec les acteurs économiques et sociaux (chargeurs, transporteurs, prestataires logistiques, commerçants, consommateurs, etc.).

Encourager l’utilisation de véhicules propres

Pour effectuer les livraisons en ville, les collectivités peuvent encourager le développement des transports doux (véhicules électriques, hybrides, au biocarburant, vélos cargo, triporteurs, etc.). Leur utilisation permet de réduire significativement les émissions de CO2, de particules fines, les nuisances sonores ou encore la congestion des centres-villes.

Un certain nombre de freins peut toutefois compliquer ce déploiement : réticence des divers acteurs (coût d’acquisition, acceptation de ces nouveaux modes de transport, diversité des types de marchandises), faible autonomie des véhicules, éloignement des plateformes logistiques, etc.

Pour pallier ces difficultés, les collectivités territoriales peuvent mettre en place des subventions pour l’achat de véhicules propres et/ou proposer un service public de location de véhicules avec une politique tarifaire attractive ; multiplier les bornes de recharge et créer des plateformes logistiques de proximité ; faciliter le regroupement des livraisons par type de marchandises ; créer des ZFE-m (zones à faibles émissions mobilité).

Optimiser les tournées de livraison grâce à des technologies dédiées

Avec le développement du e-commerce, la fragmentation des flux (livraison de colis unitaires) a considérablement augmenté le nombre de gros véhicules dans les centres-villes. La consolidation des livraisons (regroupement des marchandises à livrer dans une même zone et provenant de différents commerçants ou entreprises) et l’optimisation des déplacements urbains (itinéraires, nombre de trajets, etc.) prennent donc tout leur sens.

Afin de réduire l’impact de ce dernier kilomètre, les collectivités territoriales peuvent ainsi promouvoir, auprès des divers acteurs, des solutions digitales de gestion des livraisons, telles que :

  • Les systèmes de gestion des transports ou TMS (Transportation Management System).
  • Les logiciels de consolidation des commandes.
  • Les plateformes de mise en relation entre expéditeurs et transporteurs.
  • Les logiciels d’optimisation des tournées.

Ces solutions logicielles ne sont pas exhaustives et peuvent par ailleurs être combinées.

Développer les points de collecte et les relais urbains

Le recours aux points de collecte et aux points relais (stations-service, commerçants, bureaux de poste, consignes automatiques) présente l’avantage de regrouper les marchandises en un même lieu. Ce sont les clients eux-mêmes qui viennent y chercher leurs colis. Il s’agit là d’une solution qui réduit significativement la circulation de véhicules de livraison en centre-ville puisque ce ne sont plus plusieurs centaines, voire milliers, d’adresses qui sont desservies.

Faciliter le développement d’une logistique du dernier kilomètre durable

Mutualisation des ressources (véhicules de transport, aires de livraison, plateformes logistiques) et proximité des stocks sont deux notions essentielles lorsque l’on parle du développement durable de ce dernier maillon de la chaîne logistique : la première permet d’optimiser les livraisons, de réduire les coûts et le nombre des trajets, quand la seconde facilite le recours aux transports propres.

Cela suppose un aménagement des espaces urbains : pistes cyclables, zones de livraison à vélo, ELP (Espaces Logistiques de Proximité), PAV (Points d’Accueil des Véhicules), hubs logistiques urbains, etc. Pour cela, les collectivités territoriales ont la possibilité d’inclure une part de foncier logistique dans leur plan local d’urbanisme (PLU) afin d’assurer la disponibilité d’espaces suffisants à des prix accessibles.

Logistique urbaine durable : l’exemple de Nantes Métropole

Engagées dans le programme CEE Innovations Territoriales et Logistique Urbaine Durable (InTerLUD), Nantes Métropole promeut, depuis 2018, l’utilisation de vélos-cargos auprès des entreprises. Elle propose :

  • Un service de vélos en libre-service ainsi que la location de moyenne et longue durée de vélos classiques ou cargos.
  • Un dispositif d’aide à l’achat avec un montant proposé de 25 % du coût du deux-roues, dans la limite de 400 euros par vélo et de 10 vélos par entreprise.

La ville fait par ailleurs bénéficier les véhicules propres d’un élargissement des plages horaires autorisées pour les livraisons dans les zones règlementées du centre-ville.

Enfin, elle a mis à disposition des 13 lauréats de l’appel à projets FLUX, du « foncier et des locaux pour permettre le développement du projet [..], un soutien en termes de communication et d’ouverture de réseaux ».

Logistique urbaine durable, l’allié des acteurs publics et privés

Pour favoriser le développement d’une logistique urbaine durable, c’est sur le dernier kilomètre que les collectivités territoriales doivent essentiellement concentrer leurs actions. Pour cela, elles peuvent encourager le recours aux véhicules propres et l’utilisation des technologies afin d’optimiser les trajets de livraison en centre-ville, développer les points de collecte et les relais ou encore le foncier logistique.

À la croisée des enjeux environnementaux, économiques et sociaux, cette nouvelle approche de la logistique urbaine leur permet de décongestionner les centres-villes, réduire la pollution, améliorer la qualité de l’air et la qualité de vie des citadins, tout en développant l’attractivité et l’économie des territoires. Une pleine logique de développement durable.

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