Chaque année en France, près de 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers disparaissent au profit de constructions humaines. Composés d’asphalte ou de béton, matériaux imperméables à l’eau et à l’air, nos routes, voies ferrées, parkings ou bâtiments empêchent l’infiltration des eaux de pluie dans le sol altérant ainsi sa capacité à assurer des fonctions vitales comme la gestion de l’eau, le stockage du carbone ou l’accueil de la biodiversité.

Les conséquences sont préoccupantes : érosion, coulées d’eau boueuses, inondations, pollution des sols et des milieux aquatiques, diminution de la ressource en eau, îlots de chaleur urbains… Pour les politiques locales, l’artificialisation et l’imperméabilisation croissantes des sols posent donc des défis majeurs en matière de gestion des eaux pluviales, de perte de biodiversité et de qualité de vie.

L’intégration de techniques novatrices telles que la renaturation et la désimperméabilisation des sols permet d’adapter les villes au changement climatique et offre une lueur d’espoir. Elle tend donc à se développer dans une majorité de zones urbaines.

Renaturation et désimperméabilisation des sols : quels avantages ?

L’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) de la Loi Climat et résilience du 22 août 2021 définit la renaturation comme les « opérations de restauration ou d’amélioration de la fonctionnalité d’un sol, ayant pour effet de transformer un sol artificialisé en un sol non artificialisé ». Il s’agit donc de remplacer les couches imperméables qui recouvrent et étouffent les sols par de la pleine terre.

La désimperméabilisation, quant à elle, consiste à remplacer les surfaces imperméables par des surfaces perméables afin de favoriser l’infiltration des eaux dans le sol. La notion n’exclut donc pas l’artificialisation des sols.

En remplaçant les surfaces imperméables par des surfaces perméables et en restaurant les écosystèmes naturels, la désimperméabilisation et la renaturation offrent de nombreux avantages :

  • Meilleure gestion des eaux de pluie : la renaturation permet de préserver la qualité et la quantité des ressources en eau. Elle est d’abord une alternative au « tout tuyau » qui peut entraîner la saturation et le débordement des réseaux d’assainissement. En réduisant l’accumulation de contaminants par filtration des eaux pluviales, elle limite ainsi la pollution des milieux aquatiques. Elle permet également d’alimenter la nappe phréatique et lorsque les eaux de pluie sont abondantes, celles-ci peuvent être récupérées pour être réutilisées en cas de sécheresse.
  • Amélioration de la qualité de vie dans les zones urbaines : l’ombrage et l’évapotranspiration générés par les espaces végétalisés fournissent la fraîcheur nécessaire pour lutter contre les îlots de chaleur urbains et s’adapter au changement climatique. La renaturation offre également un meilleur accès à la nature et améliore l’esthétisme des espaces urbains.
  • Préservation de la biodiversité: les arbres et grands végétaux plantés en pleine terre abritent de nombreuses espèces d’insectes, d’oiseaux ou champignons et permettent de préserver la nécessaire biodiversité.
  • Réduction des risques d’inondation : l’imperméabilisation des sols accentue le risque d’inondation dû au ruissellement de l’eau de pluie. Grâce à la renaturation, l’infiltration de ces eaux dans le sol est favorisée et le ruissellement évité.

Les différentes techniques de renaturation et de désimperméabilisation

La renaturation et la désimperméabilisation dans les zones urbaines se font selon différentes techniques dont voici les principales :

  • Les zones végétalesinfiltrantes telles que les toits verts ou toitures végétales (aménagement de verdure sur le toit d’un bâtiment réduisant le ruissellement et apportant de la fraîcheur en été) ou les jardins de pluie (comportent généralement un bassin de collecte et des essences végétales supportant une humidité importante), les noues d’infiltration (fossés larges, peu profonds et végétalisés recueillant l’eau de ruissellement) ou les tranchées drainantes (équipées de granulats assurant le drainage et de drains collectant les eaux de pluie).
  • Les revêtements perméables : les enrobés et le béton poreux, les pavés perméables ou les dalles alvéolaires sont des solutions dont la structure leur confère une forte perméabilité. Ils sont utilisés pour la construction de routes et de parkings drainants, par exemple.
  • Les techniques de collecte et de réutilisation des eaux de pluie: l’eau pluviale peut être récupérée et stockée dans des installations spécifiques (bassins enterrés, etc.). Elle sera alors réutilisée pour le nettoyage des voies ou l’irrigation des espaces verts en cas de sécheresse, par exemple.

Lever les freins à la renaturation et la désimperméabilisation des sols

Obtenir le soutien des propriétaires, promoteurs et autorités locales est sans doute l’un des premiers défis à relever. Les coûts initiaux, le manque d’information sur les avantages de la renaturation, la résistance au changement, les pressions économiques, la législation ou la règlementation sont autant de paramètres qui pourraient freiner la mise en place des projets. Il est donc essentiel d’envisager la sensibilisation des parties prenantes aux enjeux écologiques, économiques et sociaux ainsi qu’une communication efficace étayée d’arguments solides et pertinents.

En outre, les investissements nécessaires à la renaturation ou à la désimperméabilisation des sols ont un coût. Ils peuvent toutefois être amortis. À long terme, la renaturation contribue en effet à réduire les coûts liés à la gestion des eaux pluviales ou à la santé publique. Ce type de projets accroît également la valeur immobilière et l’attractivité des zones urbaines. De nombreuses subventions publiques ou privées peuvent enfin être allouées dans le cadre du développement durable.

La mise en œuvre des solutions de renaturation et de désimperméabilisation peut par ailleurs comporter un certain nombre de défis techniques : contraintes d’espace (espace limité des zones urbaines) ou d’infrastructures (présence des réseaux d’assainissement compliquant la mise en place de sols perméables), adaptation des projets au contexte local, etc. L’approche intégrée et la planification, via les schémas de cohérence territoriale (SCoT), les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) et les plans locaux d’urbanisme (PLU), notamment, sont donc primordiales pour concevoir des projets durables et efficaces.

La renaturation et la désimperméabilisation, des solutions pour la ville durable

Aux côtés de l’architecture durable, la renaturation et la désimperméabilisation des sols répondent à des enjeux environnementaux, sociaux et économiques cruciaux : reconquête de la biodiversité, adaptation au réchauffement climatique, amélioration de la santé humaine et de la qualité de vie en zone urbaine, réduction des dépenses liées aux impacts des inondations et des pollutions, augmentation de l’attractivité des zones renaturées.

Autant de considérations qui doivent inciter les politiques locales et les entreprises à intégrer le thème de la ville perméable tant dans la planification urbaine que dans les projets eux-mêmes.

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