En décembre 2019, l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) publiait l’étude « Réalités du marché de l’emploi cadre dans l’environnement » basée à la fois sur l’analyse des offres d’emploi cadre diffusées de 2016 à 2018 et sur l’exploitation de la base Principaux diplômes et formations préparés dans les établissements publics sous tutelle du ministère. Il en ressort d’une part que le marché de l’environnement est en progression et bénéficie d’une forte attractivité et d’autre part que les besoins en compétences cadres se concentrent autour de métiers très techniques, ce qui peut rendre les recrutements difficiles.

Selon l’Onemev, l’économie verte représente près de 900 000 emplois équivalent temps plein au global (cadres et non cadres). Elle recouvre à la fois les éco-activités (qui produisent des biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion des ressources naturelles) et les activités périphériques (qui produisent des biens ou services favorables à la protection de l’environnement ou à la gestion durable des ressources, sans en être la finalité première). Le nombre d’emplois occupés dans ces différentes activités a augmenté de 5,2% entre 2004 et 2016.

 

Un tissu étoffé de formations

Pour l’année 2017-2018, pas moins de 414 formations initiales préparant à un diplôme de niveau Bac+4 et plus avec une composante environnementale étaient proposées en France. Peut être comptabilisée ici une même formation mais délivrée dans plusieurs établissements différents. Dans 8 cas sur 10, ces formations sont délivrées par des universités, les autres sont proposées par les écoles d’ingénieurs, les grandes écoles, etc. Plus des deux tiers de ces formations (68%) relèvent des filières des sciences de l’ingénierie. Ce qui, selon les auteurs de l’étude, traduit des formations plus centrées sur le développement de compétences techniques utiles à la conception de produits et solutions applicatives et moins sur la recherche fondamentale. Les champs de spécialités sont très variés, ouvrant la voie à de multiples débouchés (ex. : climatologie, océanographie, gestion des écosystèmes…). Le reste des formations se répartit entre Lettres, Langues et Sciences humaines (23%), Droit, Sciences économiques, AES (8%) et Santé (1%), menant vers des carrières plus juridiques ou en lien avec les pouvoirs publics (ex. : aménagement du territoire et du cadre de vie). A la rentrée 2017, pas moins de 25 300 étudiants étaient inscrits dans ces formations, témoignant de leur forte attractivité. Ceci amène parfois les responsables de formation à procéder à des sélections parmi les dossiers reçus.

 

Des besoins en compétences cadres concentrées autour de métiers très techniques

En 2018, l’Apec a publié 8 100 offres d’emploi cadre relatives à l’environnement, ce qui représente 1,6% de l’ensemble des offres d’emploi publiées. Près des deux tiers (68%) des offres relèvent des services, près de la moitié étant assurés par des entreprises d’ingénierie R&D. Les autres secteurs émetteurs d’offres d’emplois dans le champ environnement sont l’industrie (18%), la construction (9%) et le commerce (5%).

 

Six grandes familles de métiers

En 2018, plus de la moitié des offres « environnement » publiées concernent les métiers de la prévention et du traitement des pollutions, nuisances et risques et les métiers de la protection humaine, de l’hygiène, santé et sécurité. Les premiers (27%) couvrent essentiellement le traitement de l’eau ou des sols et la gestion des déchets mais aussi la recherche de technologies propres pour réduire les impacts des entreprises et la gestion des risques industriels. Les deuxièmes (26%) couvrent le suivi de la qualité des aliments ou des liens environnement/santé et tout ce qui relève de la RSE en matière de QHSE.

Viennent ensuite à égalité (16%) les métiers de l’aménagement du territoire et du cadre de vie (construction des infrastructures, entretien des espaces verts) et les métiers de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables, ceux-ci comprenant également les métiers de la gestion énergétique des bâtiments.

L’étude distingue ensuite les métiers de la gestion sociétale de l’environnement qui représentent 10% des offres. Il s’agit principalement des métiers destinés à sensibiliser aux enjeux environnementaux et des métiers porteurs de connaissances économiques, législatives et juridiques auxquels sont ajoutés les métiers dédiés à l’économie circulaire.

Enfin, la sixième catégorie (5%) couvre les métiers de protection de la nature, de gestion et étude des milieux et des équilibres écologiques généralement assurés par les services de l’Etat ou des associations spécialisées. La part de cette catégorie a diminué de moitié en l’espace de deux ans sans que cette baisse n’ait profité à une famille en particulier. De fait, le nombre d’offres d’emplois a augmenté dans toutes les autres catégories et le poids de chacune d’elles est resté quasiment inchangé.

 

Les métiers les plus recherchés par catégorie


  • Métiers de la prévention et du traitement des pollutions, nuisances et risques: ingénieurs d’études ou ingénieurs d’affaires en hydraulique ; chefs de projets de sites et sols pollués ; ingénieurs prévention des risques industriels ; ingénieurs traitement des eaux ; conducteurs de travaux en assainissement
  • Métiers de la protection humaine, de l’hygiène, santé et sécurité: responsables QHSE ; animateurs QHSE ; auditeurs-formateurs QHSE
  • Métiers de l’aménagement du territoire et du cadre de vie: ingénieurs d’études VRD ; chefs de projet en aménagement urbain ; cartographes ; responsables d’espaces verts ; chefs de projets paysagistes ; géomaticiens
  • Métiers de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables: chefs de projets photovoltaïques ; ingénieurs en efficacité énergétique ; chefs de projets éoliens
  • Métiers de la gestion sociétale de l’environnement: ingénieurs en environnement ; juristes en droit de l’environnement ; responsables fonciers environnement
  • Métiers de protection de la nature et des équilibres écologiques : ingénieurs agronomes ; écologues ; botanistes mais aussi climatologues ; géologues ; chefs de projets naturalistes ; ingénieurs forestiers.

 

Polyvalence et expérience font souvent la différence

Selon le type de profil recherché, les recruteurs peuvent exprimer des difficultés pour plusieurs raisons. D’une part, certains marchés peuvent connaître un effet de conjoncture et un accroissement de concurrence. Par exemple, en Ile-de-France, le contexte des travaux pour le Grand Paris ou les Jeux olympiques de 2024 expliquerait une certaine pénurie de spécialistes en urbanisme et aménagement. Autre point, les entreprises cherchent toujours plus de cadres poly-compétents ou au moins à l’aise avec plusieurs domaines. L’exemple type ici est celui des chargés d’affaires spécialisés en environnement qui doivent présenter à la fois des compétences commerciales et des compétences en efficacité énergétique ou en dépollution. Enfin, comme tout poste cadre, les offres proposées demandent souvent un niveau d’expérience important. Ainsi, entre 42% et 76% des offres d’emploi publiées en 2018 s’adressaient à des candidats ayant déjà plus de deux ans d’expérience, en particulier dans les domaines de la QHSE, de l’aménagement du territoire et de la prévention/réduction des risques. Ce qui, selon les auteurs, justifie l’enjeu, pour les formations, d’être professionnalisantes en même temps que diplômantes. L’occasion pour eux de rappeler l’intérêt de l’alternance qui permet à de nombreux jeunes diplômés d’être embauchés à l’issue de leur formation.

 

Un Espace Emploi Formation sur Pollutec 2020


Les différents contrats de filière (eau, déchets, nouveaux systèmes énergétiques, chimie & matériaux, industriels de la mer, etc.) intègrent tous la promotion de l’emploi, de la formation et des compétences dans leurs principaux axes. Beaucoup ont lancé des études PIC (Plan d’Investissement des Compétences) et des plans de formation par l’alternance. De son côté, la feuille de route Economie circulaire (« FREC ») indiquait en 2018 l’ambition de créer jusqu’à 300 000 emplois. On le voit, la thématique Emploi, formation, compétences prend une importance capitale.

Pollutec, qui organise déjà depuis des années un Espace Emploi et Compétences, renouvelle l’opération avec plusieurs partenaires clés dans l’objectif de créer toujours plus de liens entre exposants recruteurs et visiteurs en recherche d’emploi. Un outil de mise en relation sera proposé en amont du salon, un programme d’interventions sur des thématiques majeures sera présenté durant les quatre jours et, comme en 2018, la journée du vendredi sera plus spécifiquement consacrée à la thématique Emploi Environnement.

 

A noter : le Pexe-Ecoentreprises de France réalise une étude sur les emplois et les compétences des TPE et PME des éco-activités, à la demande du ministère du Travail, du MTES et de l’Ademe. A terme, une plateforme de suivi et d’analyse prospective des emplois et compétences sera proposée et les actions mises en place par les territoires dans ces domaines seront répertoriées. L’enquête est ouverte jusqu’au 15 septembre 2020 (v. https://ecoentreprises-france.fr).

 

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