Aujourd’hui, selon les sources, entre 60 % et 70 % des sols en Europe sont en mauvais état. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie dédiée adoptée fin 2021 puis de la mission ‘Santé des sols et Alimentation’ et du projet de loi Santé des sols en cours, l’UE entend inverser la tendance et parvenir à 75 % de sols « sains ou significativement améliorés » d’ici 2030. Face à cette ambition et au temps limité, quels types de solutions peuvent être envisagés ?

 

Les fonctions écologiques du sol

Source de biomasse, le sol est à la base de notre alimentation et nous fournit des matières premières et de l’énergie. Le sol constitue également un important réservoir de biodiversité : il contiendrait le quart de la biodiversité connue. Enfin le sol a un rôle fondamental en matière de régulation du cycle de l’eau et en tant que réservoir de carbone.

 

Les principales dégradations du sol

Cependant, le sol est une ressource non renouvelable et sous forte pression. L’Observatoire européen des sols (EUSO) a évalué et cartographié la santé des sols européens en se basant sur quinze indicateurs répartis en neuf thèmes : érosion (activités agricoles, feu, vent…), pollution (cuivre, mercure…), nutriments (azote, phosphore…), perte de carbone organique, perte de biodiversité, compaction, salinisation, perte des sols organiques et imperméabilisation. Il en résulte que la perte de carbone organique du sol constitue le plus important, suivi par la perte de biodiversité et la dégradation des tourbières. Qui plus est, les indicateurs se cumulent le plus souvent. Pour mémoire, dans son rapport d’évaluation mondiale sur l’état de la vie sur notre planète (2019), l’IPBES* avait indiqué que la dégradation des sols avait déjà réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale.

Zoom : la future loi sur la santé des sols


Prévue dans la nouvelle stratégie pour les sols à horizon 2030 adoptée en novembre 2021 par la Commission européenne, la loi sur la santé des sols en cours d’achèvement à mi-2023 vise à préciser les conditions d’un sol sain, à déterminer les options de surveillance du sol et à définir des règles favorables à l’utilisation durable et à la restauration des sols. Elle doit donc permettre de développer un cadre juridique européen complet pour la protection des sols et assurer à la ressource sol le même niveau de protection que pour l’eau et l’air.

 

 

Surveillance et restauration : les deux points clés

Aujourd’hui, les réseaux conventionnels de surveillance des sols mesurent principalement des paramètres chimiques mais ne tiennent pas compte de nombreux paramètres biologiques et physiques pourtant essentiels dans l’évaluation de la santé des sols. En parallèle, les méthodes de surveillance diffèrent d’un Etat membre à l’autre. C’est sur ce constat qu’a été lancé le projet « Soil Health Benchmarks » mené par un consortium européen de 29 partenaires. Ce projet a notamment pour objectif de proposer un outil clair et facile à utiliser pour évaluer la santé des sols et de définir des indicateurs appropriés et pertinents tenant compte, entre autres, des différences climatiques et des différents usages des sols en Europe, le tout dans une optique d’harmonisation.

De son côté, la restauration comprend plusieurs types d’actions. Parmi celles-ci figure l’agroécologie qui permet, entre autres, de réduire l’utilisation de phytosanitaires et de rendre aux sols leurs fonctions dans le cycle de l’eau et le cycle carbone. Mais figure également la renaturation et construction de sols fertiles. On parle alors d’anthroposols reconstitués et construits (ou « technosols »). Les anthroposols reconstitués résultent de l’utilisation de matériaux pédologiques excavés puis mis en place sur la zone à renaturer. La fertilité des matériaux pédologiques excavés peut être améliorée notamment par des amendements organiques comme le compost, celui-ci contribuant à la stabilité des agrégats, à la disponibilité des nutriments et à l’activité microbienne.  Pour mémoire, la norme NF U 44-551 A4 définit les types de matériaux en fonction de leur teneur en matière organique (ex. : « terre végétale », « terre support »). Les anthroposols construits résultent quant à eux de l’utilisation de mélanges de matériaux anthropiques recyclés.

A titre d’exemple, la société Microhumus a mis au point une solution spécifique destinée à revégétaliser les sols et milieux dégradés via la valorisation in situ des matériaux, la restauration des fonctions physiques du sol et la végétalisation et réhabilitation des services écosystémiques. Elle propose également une solution de terre végétale produite à partir de stériles de carrière, de boues minérales de lavage ou d’inertes de chantiers auxquels sont ajoutés des amendements organiques, en gros dans un rapport 70 %/30 %. Cette terre végétale est formulée au cas par cas, des adaptations étant nécessaires d’un pays à l’autre du fait des variations de réglementation ou de l’organisation de l’industrie du minéral.

 

Les nouvelles technologies au service de la santé des sols

Enfin, notons aussi qu’il existe désormais une agence de notation de l’état de santé des sols agricoles : en effet, la jeune entreprise Genesis a mis au point une méthode de diagnostic de l’état de santé du sol afin de suivre l’impact des pratiques et garantir la durabilité de l’usage des sols. De son côté, l’entreprise Biomede, à l’origine dédiée à la dépollution de sols agricoles par phytoextraction, travaille sur une IA capable de faire un diagnostic des sols à partir d’images satellite. En parallèle, notons aussi les travaux menés par l’Université de Kiel en vue de développer un capteur in situ capable de suivre les nitrates, l’ammonium et les phosphates (projet « Soil Monitor »).

 

*IPBES : plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques.

 

 

À lire  : Vers une directive sur la santé des sols 

 

 

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