La filière des biosourcés est en pleine évolution. Jusque-là basée sur des procédés physico-chimiques ou thermiques, la transformation des ressources se fait de plus en plus via des procédés des biotechnologies comme la catalyse et la fermentation. Après plusieurs années de développement et d’expérimentations pilotes, certains de ces procédés « biotechs » passent en phase industrialisation. En parallèle, le PIA4(1) lancé en janvier prévoit une stratégie d’accélération pour les cinq années à venir.

Les produits biosourcés désignent des produits à usage non alimentaire et non énergétique partiellement ou totalement issus de la biomasse. Il peut s’agir de matériaux (plastiques ou composites) ou de molécules chimiques servant d’intrants dans l’industrie (cosmétiques, détergents, emballages…). Les ressources utilisées sont variées : plantes lignocellulosiques, oléagineuses ou amidonnières, résineux, algues, etc.

 

L’industrialisation se précise

Les procédés des biotechnologies permettent d’assurer la conversion des ressources par des systèmes biologiques comme la catalyse (enzymes) ou la fermentation (micro-organismes). Ainsi par exemple, Afyren développe des molécules de substitution issues de la valorisation de biomasse non alimentaire par une technologie fermentaire basée sur des micro-organismes naturels (communautés microbiennes non modifiées). Ces molécules sont principalement destinées à l’alimentation humaine et animale, la cosmétique, les parfums et arômes et la chimie fine. L’entreprise a lancé fin 2020 la construction de sa première usine de production d’acides organiques naturels (16 000 tonnes prévues par an), unité qui sera par ailleurs la première bioraffinerie zéro déchet et bas carbone au niveau mondial.

Dans le cadre du volet « (re)localisation » de l’appel à projets « Résilience » du plan France Relance, le gouvernement a dévoilé début février 34 nouveaux lauréats dont deux relèvent plus particulièrement de la filière des biosourcés. L’entreprise Pili, spécialiste des colorants biosourcés et écologiques, a été retenue pour son projet Biopigments visant à industrialiser la production de pigments biosourcés très résistants pour le secteur des peintures et revêtements industriels. Cette production constituera une alternative aux importations de pigments souvent d’origine fossile venus d’Asie. De son côté, Metabolic Explorer va construire une unité de production par fermentation d’acide glycolique, un intrant utilisé aujourd’hui en cosmétique (anti-âge) et dans la santé (fils chirurgicaux auto-résorbables) et, à terme, pour fabriquer  des plastiques biodégradables 100 % biosourcés au cycle de vie raccourci. Cette unité constituera une double première : première unité européenne de production d’acide glycolique et première production d’acide glycolique d’origine naturelle. Rappelons que ce type d’acide est à ce jour produit exclusivement par des pétrochimistes américains et asiatiques.

 

Vers une stratégie d’accélération

Début 2020, le rapport Faire de la France une économie de rupture technologique(2) classait les produits biosourcés parmi les « douze marchés nécessitant un soutien public et pouvant justifier ultérieurement l’élaboration d’une stratégie d’accélération ». Encore fallait-il, selon ses auteurs, lever plusieurs verrous. Parmi ceux-ci figurent le fort besoin de R&D pour augmenter l’offre et la performance des produits, la faible performance des méthodes de caractérisation de la teneur en produits biosourcés et la difficulté à mettre en place des évaluations de la durabilité des produits biosourcés par rapport aux autres pour créer de la valeur et aller au bout de la démarche éco-responsable. Sans oublier la faible acculturation des fournisseurs aux nouveaux produits et chaînes logistiques. Mais en parallèle, la filière bénéficie de réels atouts dont de nombreuses ressources en biomasse, une recherche et innovation de pointe, des acteurs industriels de premier plan souvent leaders en Europe et tout un tissu de start-ups et PME dynamiques comme l’ont montré les exemples ci-dessus.

Forts de ces constats, les auteurs du rapport avaient recommandé la mise en place d’une stratégie d’accélération, celle-ci devant permettre d’augmenter la part de produits biosourcés dans les produits finis grâce à l’augmentation de l’offre avec une performance comparable des produits biosourcés à celle des produits de marché dans des conditions normales d’utilisation et grâce à la définition de critères de durabilité et de sécurité des produits biosourcés (performance environnementale, biodégradabilité, toxicité et écotoxicité, engagement sociétal au sein de la chaîne de production).

Le PIA4 présenté début janvier a tenu compte de cette recommandation et a inscrit « les produits biosourcés et biotechnologies industrielles – carburants durables » parmi les onze prochaines stratégies d’accélération. Il s’agira à la fois de développer et structurer une véritable offre française en substitution aux produits pétrosourcés et de mettre en place les conditions de déploiement en agissant sur la demande.

 

La filière Chimie du végétal en France


Forte d’un CA de 10 milliards d’euros par an, la filière enregistre chaque année une croissance de 5 %. En 2019, elle employait 165 000 personnes (emplois directs et indirects). L’Association Chimie du Végétal (ACDV) compte 54 membres représentant l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière : ingrédients, matériaux, produits biosourcés.

En savoir plus : www.chimieduvegetal.com

 

1) Le 4e Programme d’Investissements d’Avenir prévoit 20 mrd € d’investissement sur 5 ans dont 12,5 pour construire des stratégies d’accélération ciblées sur des secteurs et technologies prioritaires et 7,5 pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation. Au moins un tiers des investissements prévus sera fléché vers la transition écologique et aucune dépense réalisée dans le cadre du PIA4 ne sera défavorable à l’environnement.

2) « Faire de la France une économie de rupture technologique – Soutenir les marchés à forts enjeux de compétitivité », Rapport au ministre de l’Economie et des Finances et au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, 7 février 2020.

 

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