Dans un contexte de développement durable et d’économie circulaire, la filière méthanisation est en plein essor. Fin 2022, ce sont en effet plus de 1700 unités qui sont recensées en France.

Rappelons que la méthanisation est le processus biologique naturel de dégradation de la matière organique sous l’action de divers micro-organismes et en l’absence d’oxygène. La fermentation de ces matières – déchets alimentaires, déchets verts, boues d’épuration, lisiers et fumiers ou encore résidus de culture – permet la production de biogaz. En fin de processus, il reste une matière résiduelle riche en nutriments, le digestat, utilisé comme fertilisant pour les cultures.

Pour les collectivités, les grandes exploitations agricoles, mais aussi les industries, installer une unité de méthanisation est donc l’occasion de valoriser leurs déchets et d’en faire une ressource à la fois énergétique et financière. Explications.

 

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Pourquoi installer une unité de méthanisation ?

Une usine de méthanisation présente de nombreux avantages sociaux, économiques et environnementaux :

  • Production d’énergies renouvelables : la méthanisation des déchets organiques permet de remplacer les énergies fossiles (production de biogaz : biométhane, carburant et électricité), de diversifier la production des énergies renouvelables (mix-énergétique) et les sources de revenus (revente de l’énergie produite).
  • Réduction des coûts d’élimination des déchets : la méthanisation est une manière de valoriser les déchets produits sur le territoire et de diviser le coût de traitement par deux (par rapport à l’incinération ou à l’enfouissement).
  • Réduction de l’impact environnemental : la valorisation des déchets en biogaz et en digestat permet par ailleurs de limiter considérablement les émissions de gaz à effet de serre et la consommation de produits chimiques, d’éviter l’épuisement des ressources naturelles.
  • Création d’emplois locaux : une usine de méthanisation entraîne la création d’emplois (construction, exploitation et maintenance de l’unité).
  • Diversification des revenus de l’exploitation agricole: s’il n’est pas utilisé pour sa propre consommation, le biogaz peut être revendu sous forme d’électricité, de biométhane ou de carburant.

Qu’en est-il des nuisances générées par une unité de méthanisation ?

Si les usines de méthanisation présentent de nombreux avantages, elles sont parfois source de nuisances olfactives et de pollution (sols, air et eau) : le stockage des intrants peut générer des mauvaises odeurs. Le digestat, quant à lui, peut contenir des micro-organismes ou des substances nocives qui sont alors consommés par les sols et s’infiltrent ensuite dans les cours d’eau et les nappes phréatiques où est pompée l’eau potable.

Néanmoins, ces nuisances peuvent être évitées : bâtiments hermétiquement fermés, filtration des gaz odorants ou installation de l’unité dans un lieu éloigné des habitations ; mise en place de procédés de traitement innovants afin d’éliminer les polluants (séparation de phase, séchage, osmose inverse, bioremédiation, etc.).

Bénéfices et solutions anti-nuisances : l’exemple de l’usine de Saint-Denis-sur-Coise

Bien qu’elle soit située à moins de 300 mètres des habitations voisines, l’usine de méthanisation Méthamoly ne génère aucune nuisance olfactive. Ce sont pourtant près de 20 000 tonnes de déchets qui y sont « digérés » chaque année (effluents d’élevage, déchets issus de l’industrie agroalimentaire, de la papèterie ou de la restauration) pour produire du biogaz.

La raison est simple : les déchets sont stockés dans un bâtiment hermétique équipé d’un système naturel de biofiltre afin d’éliminer les mauvaises odeurs. Une étape d’hygiénisation permet également de supprimer les micro-organismes pathogènes et ainsi de préserver l’environnement et la santé publique.

Le biogaz produit dans cette usine de méthanisation fournit par ailleurs 125 Nm/h de biométhane injecté directement dans le réseau de gaz naturel et, après épuration, du bioGNV qui alimente les bus du département ou le camion-benne à ordures de la collectivité, par exemple.

Règlementation relative aux unités de méthanisation

En France, la règlementation relative à l’installation et à l’exploitation d’une usine de méthanisation est encadrée par divers textes afin de préserver l’environnement, la santé publique et le bien-être des riverains.

On note entre autres la règlementation spécifique aux installations classées protection de l’environnement (ICPE) et les règlementations applicables aux produits entrants (règlementation relative à la gestion des déchets, règlement CE n°069/2009, etc.) et sortants des usines de méthanisation (obligation d’achat du biométhane ou « biogaz épuré » et de l’électricité, règlementation relative à la gestion du digestat dont art L.255-1 à 5 du CRPM et règlement UE 2019/1009, etc.).

Comment lancer un projet d’unité de méthanisation ?

Des premières réflexions à la mise en service de l’usine de méthanisation agricole ou industrielle, de nombreuses étapes jalonnent le développement de votre projet :

  • Réflexions et études préliminaires: déterminer les principales caractéristiques du projet (type et volume de déchets, acteurs impliqués, mode de valorisation du biogaz, zone d’implantation, risques de nuisances, etc.) et réaliser l’étude de faisabilité (des aides administratives de la préfecture ou de la DREAL et des aides financières de l’ADEME sont possibles).

Cette étape est également le temps de la concertation et de la communication autour du projet pour lever les oppositions et les craintes.

  • Démarches administratives: dossier ICPE (obligation de réaliser une enquête publique pour les ICPE soumises à autorisation), demande de permis de construire, de l’éventuel agrément sanitaire et de raccordement au réseau de gaz ou d’électricité, plan d’épandage du digestat.
  • Recherche de financements: autonome par crédit bancaire, participatif des citoyens, vente de l’énergie produite, fonds d’investissement, subventions des collectivités, des régions, de l’ADEME ou fonds européens comme le FEDER, appels à projets. Pour obtenir des financements, il est nécessaire de présenter un projet solide démontrant la compréhension des divers enjeux. Celui doit notamment comprendre :
  • Une présentation claire et précise du projet.
  • Une analyse du marché.
  • Les études de faisabilité technique et financière.
  • Un plan de gestion des risques et un plan d’action.
  • Les prévisions financières sur les années à venir.
  • Construction de l’unité: suivi du chantier par un maître d’œuvre.
  • Mise en service et exploitation : inauguration et journées portes ouvertes (notamment pour les partenaires et pour rassurer les riverains), essais et contrôles, suivi du fonctionnement.

Transition énergétique : l’usine de méthanisation, une solution d’avenir ?

En France, l’engouement désormais croissant pour les usines de méthanisation s’explique : en leur offrant la possibilité de tirer des bénéfices des déchets qu’elles produisent, l’usine de méthanisation permet aux collectivités et aux grandes exploitations agricoles de s’inscrire pleinement dans une logique d’économie circulaire.

Le procédé de méthanisation fournit en effet chaleur, électricité, biométhane ou encore carburant (bioGNV ou gaz « vert ») à partir de la production biogaz qui en est issue. Ces unités de traitement leur permettent donc à la fois de répondre à leurs besoins énergétiques et, éventuellement, de générer des revenus supplémentaires, tout en facilitant la gestion de leurs déchets et en limitant leurs impacts sur l’environnement et la santé publique.

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