« L’influence humaine a réchauffé le climat à un rythme sans précédent depuis au moins les 2000 dernières années », c’est le constat sans équivoque que fait le GIEC dans son 6e rapport. Nous en connaissons les conséquences dramatiques d’un point de vue écologique, économique et sociale… S’il n’y a aucun retour possible pour certains changements climatiques, selon le groupe d’experts, d’autres pourraient être stoppés ou tout au moins ralentis en limitant les émissions de gaz à effet de serre. Il est donc urgent d’agir.

Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone définis par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), le secteur industriel doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 81 % d’ici 2050, par rapport à 2015. Ce secteur qui représente près de 20 % des émissions de la France est ainsi amené à repenser l’intégralité de sa chaîne de valeur et à trouver des alternatives plus vertes.

Dans le but de soutenir et d’encourager la transition écologique des industries, le Gouvernement a mis en place diverses politiques favorisant la sortie des énergies fossiles et la réduction des GES, notamment par le recours aux nouvelles technologies, dont celles s’inscrivant dans le cadre de la directive IED.

Si la décarbonation de l’Industrie est un enjeu devenu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique, elle n’est pas seulement un impératif climatique, elle est aussi un enjeu de performance et de compétitivité pour les industries, boostant l’innovation technologique et s’imposant comme un critère de choix pour les clients et les investisseurs.

Comprendre la décarbonation de l’industrie

La décarbonation de l’industrie vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2), et plus largement de gaz à effet de serre (GES), issues des activités industrielles. Elle contribue pleinement à la lutte contre le changement climatique et inclut des mesures telles que l’adoption de technologies vertes, l’amélioration de l’efficacité énergétique, le recours à des sources d’énergie renouvelables, le remplacement des énergies fossiles ou encore la capture et le stockage du CO2.

 

Les Aides Européennes à la transition écologique

Point sur les aides et dispositifs en place afin d'aider les entreprises et industriel à atteindre leurs objectifs en matière de transition écologique

L’industrie est l’un des secteurs les plus émetteurs de GES, notamment ceux du verre, du ciment, de la chimie, la pétrochimie ou la métallurgie. En réduisant les émissions de ce secteur, nous pouvons ainsi atténuer les effets néfastes du changement climatique et en limiter les dommages environnementaux, sociaux et économiques : élévation des températures et du niveau de la mer, phénomènes météorologiques extrêmes comme les inondations ou la sécheresse, fonte des glaciers, diminution de la ressource en eau, mauvaise qualité de l’air et de l’eau, risque d’insécurité alimentaire et de maladies respiratoires ou cardiovasculaires, risques pour la rentabilité et la viabilité des entreprises industrielles et agricoles ou encore risques de tensions et conflits au niveau local, national et international.

Quelles politiques et initiatives pour la décarbonation de l’industrie ?

La France s’est donné l’objectif ambitieux de réduire les émissions de GES du secteur industriel de 35 % entre 2015 et 2030 et de faire de la France « un pays pionnier de l’industrie décarbonée ». De nombreux moyens, entre autres inscrits dans le cadre de la planification écologique, ont ainsi été mis en place pour soutenir la décarbonation de l’Industrie.

Le programme PACTE Industrie

Doté de 49 millions d’euros sur 3 ans, le programme PACTE Industrie vise à initier un changement d’échelle dans l’engagement de l’industrie en faveur de la décarbonation. Il accompagne les industriels dans la structuration de leur démarche de transition énergétique et bas carbone, par le biais de formations, d’études et de coaching. Notons que les coûts pédagogiques des formations sont financés à hauteur de 40 à 80 %, les études et le coaching à hauteur de 50 à 70 %.

Ce programme aborde trois aspects : management de l’énergie (identification des leviers d’efficacité énergétique et transformation du mix énergétique, mise en place de la norme ISO 50 001), stratégie de décarbonation (évaluation des ambitions au regard des objectifs de l’Accord de Paris, élaboration de la stratégie et de la trajectoire d’investissement) et financement (élaboration du plan via la définition des modes de financement, l’analyse des risques technico-économiques et l’identification des arguments clés pour convaincre les financeurs, par exemple).

Pour en savoir plus sur le PACTE Industrie, vous pouvez consulter la page dédiée sur le site de l’ADEME. Sur ce même site, vous pouvez également vérifier votre éligibilité et préparer votre dossier.

Le plan d’investissement France 2030

Opéré par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), le plan France 2030 s’inscrit dans la lignée du plan France Relance. Ce plan d’investissement, doté de 54 milliards d’euros sur 5 ans, doit permettre de développer la compétitivité des industries, d’investir massivement dans les technologies innovantes et de soutenir la transition écologique.

Dans son volet « Mieux produire », il consacre 5 milliards d’euros aux projets de décarbonation des sites industriels et 600 millions à l’innovation et au développement de technologies pour une économie bas carbone, notamment via des appels à projets tels que DECARB IND et DECARB IND+ (déjà clôturés) ou ACT ® France 2024. Ces appels à projets sont à surveiller sur le site de l’ADEME.

Les contrats de transition écologique pour les filières et les sites les plus émetteurs

Le Gouvernement a mis en place des contrats de transition écologique pour les filières et les sites les plus émetteurs, les 50 sites industriels les plus émetteurs représentant à eux seuls 60 % des émissions de l’industrie et 12 % des émissions nationales totales de GES. Ces contrats tripartites entre l’État, la collectivité et l’entreprise sont destinés à contractualiser l’engagement des industriels à réduire leurs émissions d’au moins 45 % d’ici à 2030, avec l’aide administrative et financière (via des subventions) de l’État.

D’ores et déjà, 32 contrats ont été signés avec ces industriels, dont le géant mondial de l’industrie sidérurgique, ArcelorMittal et l’un des plus gros producteurs de ciment, Heidelberg Materials.

Quelles technologies de rupture pour décarboner l’industrie ?

Dans le cadre du plan France 2030, quatre technologies innovantes et nécessaires à la décarbonation ont été identifiées :

  • L’hydrogène décarboné : pour des raisons économiques, l’hydrogène « conventionnel » est produit à 95 % à partir de sources fossiles suivant des procédés très émetteurs de CO2. A contrario, l’hydrogène dit « décarboné » ou « vert » est une énergie (mais également un vecteur énergétique servant à transporter de l’énergie produite à partir d’une source primaire) dite « propre » puisque ni sa production ni son utilisation ne génère de CO2. Elle est essentiellement produite par électrolyse, soit à partir d’eau et d’électricité généralement issue de sources renouvelables. Elle constitue une alternative aux énergies fossiles pour les procédés chimiques ou sidérurgiques, notamment.
  • La biomasse : la biomasse est l’ensemble des matières organiques d’origine animale ou végétale pouvant être utilisées comme sources d’énergie. Elle inclut les matières issues de la forêt (copeaux de bois, branches, déchets de scierie, etc.), de l’agriculture (cultures dédiées, résidus de culture, cultures intermédiaires et effluents d’élevage), de déchets alimentaires et urbains (boues d’épuration, déchets verts, déchets de la restauration, de la distribution, des industries agroalimentaires, de la pêche, etc.). Cette biomasse permet de produire de la chaleur haute-température nécessaire aux secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire ou de production de matériaux de construction, par exemple.
  • Électrification des procédés : cette technique consiste à remplacer les sources d’énergie fossile alimentant les équipements et machines dans les processus industriels par l’électricité (de préférence issue de sources renouvelables). Elle est principalement utilisée pour produire la chaleur nécessaire à certains procédés industriels. Pour les fours, turbines ou chaudières des vapocraqueurs, par exemple.
  • Capture, utilisation et stockage du carbone (CCUS) : cette dernière technique permet de retenir le CO2 provenant des procédés industriels afin de les réutiliser ou de les stocker de manière permanente sous terre, dans des formations géologiques profondes. Elle permet de limiter les rejets de CO2 dans l’atmosphère et ainsi de lutter contre le réchauffement climatique et peut être utilisée dans la pétrochimie, la métallurgie, le ciment ou les centrales électriques au charbon.

Décarbonation de l’industrie : l’exemple d’ArcelorMittal

Premier groupe sidérurgique mondial, ArcelorMittal a développé un acier décarboné, l’acier XCarb ®. Cet acier est fabriqué à partir d’acier recyclé dans un four à arc électrique alimenté en électricité 100 % renouvelable. Les émissions de CO2 des produits fabriqués à partir du XCarb® sont inférieures de près de 70 % à celles d’un même produit fabriqué sans cet acier innovant.

Dans le cadre de son contrat avec l’État, ArceloMittal a par ailleurs annoncé vouloir décarboner son site de Dunkerque en remplaçant un haut fourneau par des fours électriques. Ces travaux devraient permettre à eux seuls de réduire de 6 % les émissions de CO2 du secteur industriel en France.

La décarbonation de l’industrie, un levier de performance environnementale et économique

La décarbonation de l’industrie représente un défi crucial et une opportunité majeure dans la lutte contre le changement climatique. Cette transition nécessite une approche holistique, combinant à la fois des innovations technologiques, des politiques publiques ambitieuses et une collaboration étroite entre acteurs publics et privés.

Avec le soutien de l’État et des initiatives concrètes, l’industrie peut transformer les défis de la décarbonation en moteur de progrès vers une économie plus propre, plus durable, plus résiliente.

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