Depuis sa création en 2002, le Cleantech Group guide les investisseurs et les grands groupes dans leur recherche de startups dans les secteurs énergie, agriculture, transports, matériaux et ressources(1). Installé à San Francisco et à Londres, il a ouvert en juin dernier une antenne française (« Cleantech for France ») qui a publié une étude globale sur le secteur dans le pays. En voici les principaux enseignements.

Les auteurs de cette étude font plusieurs constats. D’une part, la France a tous les ingrédients nécessaires pour réussir sa course vers le net zero (recherche scientifique et savoir-faire de pointe, écosystème d’innovation fort, acteurs industriels majeurs, engagements internationaux, politiques climatiques nationales et régionales, des citoyens sensibilisés).

D’autre part, la France a vu ses émissions de GES baisser de 20 % depuis 1990 mais est en passe de rater ses objectifs climatiques si elle continue au rythme actuel de réduction.

En outre, la France a rattrapé son retard en matière de technologies et développe un écosystème florissant de startups. Selon les auteurs, les investissements dans ces domaines ont enregistré un record en 2021 avec 1,9 milliard d’euros(2), notamment grâce au rôle majeur d’impulsion joué par les écosystèmes d’innovation régionaux.

A cet égard, même si l’Ile-de-France reste leader de l’innovation française dans les technologies propres, 20 % du capital-amorçage des cinq plus grandes opérations françaises de 2021 viennent d’autres régions. Dans l’objectif de décarbonation, des solutions liées à l’hydrogène vert et aux batteries nouvelle génération se développent de nombreux partenariats public-privé dédiés se mettent en place.

Mais selon les auteurs, d’autres secteurs mériteraient une plus grande attention, à l’exemple des matériaux et de la chimie, également cruciaux pour décarboner l’industrie. Les investissements dans ces secteurs n’ont représenté que 1 % du capital-risque investi en 2021.

Autre constat, la France compte de nombreux investisseurs en capital-risque dans le domaine des technologies propres et des investisseurs publics au rôle majeur dans la stimulation de l’innovation.

Si, pour les auteurs de l’étude, « une nouvelle ère pour les cleantechs françaises a commencé », plusieurs points doivent être pris en compte. D’abord, la France « a besoin d’un triple choc : choc d’ambition, choc de confiance et choc de prise de risque pour mettre à l’échelle les technologies propres et les solutions de décarbonation qui pourront façonner son avenir industriel ».

Décarboner l’industrie, les bâtiments et les transports doit permettre de réduire les émissions nationales et importées mais aussi de favoriser la croissance économique et d’ouvrir la voie à un double leadership climatique et industriel pour la France.

Ensuite, il importe de renforcer la coopération interrégionale dans le domaine des technologies propres afin de « créer un écosystème national cohérent ».

De plus, face à l’inadéquation entre les risques spécifiques liés aux startups industrielles et les objectifs de l’investissement en capital-risque, un changement du modèle d’investissement dans les cleantechs est nécessaire. Il doit permettre d’augmenter les investissements privés en capital-risque dans les cleantechs «hard» et d’assurer le développement et la mise à l’échelle des solutions de décarbonation industrielle.

Enfin, les auteurs considèrent que les investissements en capital-investissement à un stade plus avancé sont encore embryonnaires dans l’écosystème français des technologies propres et que le capital-risque d’entreprise est également peu présent.

Selon eux, « pour entrer dans la nouvelle ère de technologies propres, la France a besoin que les entreprises et les investisseurs étrangers s’engagent massivement à investir et à s’associer à des startups ou des entreprises de taille moyenne pour atteindre le net zero ».

1) Il publie notamment chaque année le Global Cleantech 100, classement des 100 entreprises privées au potentiel marché le plus élevé pour les cinq à dix ans à venir. Plus d’infos sur https://www.cleantech.com/

2) Ce qui, pour les auteurs, reste loin derrière l’Allemagne (3,4 Md€) et le Royaume-Uni (3,9 Md€). D’autres sources toutefois évoquent un total de 2,3 milliards d’euros (NDLR).

 

À lire  : Pour une transition conciliant bas carbone et économie de ressources

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