Les études et analyses concernant l’emploi dans les filières de l’économie verte sont de plus en plus souvent présentées sous une forme contextualisée, ramenée aux marchés concernés. Cela a le mérite de donner un aperçu beaucoup plus qualifié à ce qui, jusque-là, relevait de la simple série de chiffres et de statistiques. Parallèlement à cela, les résultats peuvent s’avérer différents selon l’angle pris par ces études ou simplement du fait de définitions des termes pouvant varier d’une institution à l’autre.

Dans l’OCDE, 20 % des actifs exercent une profession portée par la transition verte

L’édition 2024 des Perspectives de l’emploi de l’OCDE indique que, dans la zone OCDE (soit 662 millions de postes en mai 2024)(1), près de 20 % des actifs exercent une profession portée par la transition verte, c’est à dire « un emploi qui contribue directement à réduire les émissions » ou « un emploi qui produit des biens et des services intermédiaires à l’appui des activités écologiquement viables ».

En France, les éco-activités pèsent 2,7 % dans l’emploi total

Selon le SDES(2), les éco-activités comptaient 745 000 équivalents temps plein en France en 2021, ce qui représentait en moyenne 2,4 % de la valeur ajoutée de l’ensemble des activités économiques et 2,7 % de l’emploi total dans le pays. Sur ces 745 000 emplois, 366 300 concernaient la protection de l’environnement, 285 900 concernaient la gestion des ressources et 92 800 couvraient des activités transversales (administration générale, R&D, ingénierie).

D’une manière globale, près des trois-quarts (72%) de l’emploi des éco-activités relevaient de cinq domaines : l’agriculture biologique (140 000 ETP), la maîtrise de l’énergie (126 900 ETP), la production d’énergies renouvelables (109 800 ETP), la gestion des déchets (102 000 ETP) et la gestion des eaux usées (57 700 ETP).

Si l’emploi dans les éco-activités constituait 2,7 % de l’emploi total en 2021, cette moyenne masque des variations importantes selon les secteurs. Ainsi par exemple, la part des éco-activités était de 26 % dans la production d’énergie (exploitation et maintenance des équipements d’EnR). Elle était de 20% dans les emplois agricoles (agriculture biologique, sylviculture) et de 9,5 % dans la construction (rénovation énergétique des logements, construction d’équipements de traitement des eaux usées ou de déchets). En revanche, elle était beaucoup plus limitée dans l’industrie manufacturière (2,3%) avec quelques domaines en croissance (véhicules électriques, poêles à bois, biocarburants, pompes à chaleur) et d’autres en repli (systèmes d’échappement automobile, sacs à déchets…). Elle était également limitée dans les activités de services où les éco-activités sont présentes, avec 2 % du total (services administratifs et de soutien, activités scientifiques et techniques, administration publique et enseignement) même si le SDES souligne des potentialités de développement pour l’architecture, l’ingénierie ou la R&D.

 

Près de 426 000 ETP en 2021 dans la seule transition énergétique

Depuis 2008, l’Ademe observe une trentaine de filières réparties dans les trois principaux secteurs concourant à la transition énergétique : énergies renouvelables et de récupération (EnR&R),  transports terrestres sobres en énergie et peu émetteurs, bâtiment résidentiel. Pour chaque filière, l’étude suit les marchés et les emplois directs qui lui sont associés.

L’édition 2023 de cette étude indiquait que ces trois secteurs représentaient en 2021 un chiffre d’affaires de 102,9 Md€ et comptaient près de 426 000 ETP(3). Le premier marché était celui du transport terrestre peu émetteur et sobre en énergie (véhicules particuliers peu émetteurs surtout) avec 45,1 Md€ (soit 44 % du total des trois). Il concentrait près d’un emploi sur trois des trois secteurs clés de la transition énergétique avec 131 270 ETP.

Le deuxième marché était celui des filières énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) avec 38,6 Md€, en intégrant les EnR en rénovation bâti. Les EnR&R (filières PAC aérothermiques individuelles, chauffe-eau thermodynamiques posés dans le neuf, solaire PV et hydroélectricité…) comptaient 82 500 ETP. Et les EnR en rénovation (appareils de chauffage au bois, PAC aéro- et géothermiques individuelles, CET et panneaux solaires thermiques posés en rénovation…) en comptaient 61 640.

Enfin, le troisième marché en 2021 était celui du bâtiment résidentiel (hors filières EnR en rénovation bâti) avec un chiffre d’affaires de 19,2 Md€ (isolation des parois, remplacement des ouvertures). Il comptait 150 690 ETP, ce qui en faisait le premier gisement d’emplois dans les trois secteurs clés de la transition énergétique.

Dans leur ensemble, les filières concourant à la transition énergétique ont connu une hausse moyenne de leurs effectifs de plus de 9 000 ETP au cours de la période 2010 – 2020. L’année 2021 a marqué une hausse importante des emplois qui ont atteint près de 426 000 ETP. Des chiffres plus récents devraient être publiés cet automne.

Quelles offres et demandes d’emploi dans les métiers de l’économie verte en 2023 ?

Une autre étude du SDES parue cet été indique que sur l’ensemble de l’année 2023, 14 % des demandes d’emploi et 16 % des offres d’emploi déposées par les employeurs auprès de France Travail concernaient les « métiers verts » (dont la finalité et/ou les compétences mises en œuvre contribuent à mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement) ou les « métiers verdissants » (dont la finalité n’est pas environnementale mais qui intègrent de nouvelles « briques de compétence » pour prendre en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier).

Ainsi, l’année dernière, sur les 14 % de demandeurs d’emploi (soit 761 600) qui recherchaient un métier lié à l’économie verte, 34% se positionnaient dans le bâtiment (dont 65 % en construction-rénovation), 28 % dans le transport, 12 % dans l’entretien et la protection des espaces verts et naturels, 11 % dans le secteur tourisme-animation, 8 % dans l’industrie, conception, maintenance, HSE, 3 % dans l’eau, assainissement, déchets, air, 1 % dans les achats, 1 % dans la connaissance et la recherche et 1 % dans l’agriculture-sylviculture.

Et côté offres, les employeurs ont déposé auprès de France Travail 30 610 offres d’emploi pour les « métiers verts » et 627 560 pour les « métiers verdissants », soit  658 170 au total sur l’année 2023. Plus des deux-tiers de ces offres (67%) portaient sur le bâtiment (46%, soit près d’une offre sur deux) et le transport (21%) avec, notamment, les métiers de la construction-rénovation et les métiers de la conduite. 14,5 % des offres concernaient les métiers de l’industrie dont, en particulier, les métiers verdissants de la mécanique automobile (cf. électrification, diagnostics, contrôle technique des performances environnementales des véhicules). Enfin 7 % des offres concernaient le secteur tourisme-animation ; 5 % l’entretien et la protection des espaces ; 3 % l’eau, assainissement, déchets, air ; 1,4 % les achats ; 1 % l’agriculture-sylviculture et 0,5 % la connaissance et la recherche.

 

 Les offres d’emploi cadre pour les métiers verts de 2019 à 2023


L’APEC a publié en septembre l’édition 2024 de son baromètre dédié*. Le document rappelle que l’Insee estime à 870 620 le nombre de cadres du privé qui travaillaient dans l’économie verte en 2021, dont 28 850 dans les « métiers verts » et 841 770 dans les « métiers verdissants ».

Entre 2019 et 2023, les offres d’emploi cadre pour les métiers verts ont augmenté de 56 % : elles représentaient en effet 2,2 % des offres d’emploi cadre publiées en France en 2023, contre 1,5 % en 2019. En 2023, près de 8 offres sur 10 (75 %) concernaient le secteur des services (dont 42 % en ingénierie – R&D et 9 % en conseil aux entreprises) ; 16 % concernaient l’industrie ; 7 % la construction et 2 % le commerce. Les régions Ile-de-France et Auvergne-Rhône Alpes concentraient plus de 4 offres sur 10.

Toujours selon le Baromètre, les entreprises du secteur privé ont investi près de 24,5 Mrd€ dans le développement durable en 2023, soit sept fois plus qu’en 2019 (notamment EnR, batteries & véhicules électriques, traitement et recyclage des déchets, bâtiment durable et écomatériaux, agritech et biotech). Et ces investissements ont généré plus de 17 000 emplois salariés cadres et non cadres dont près de la moitié (47 %) en EnR, 29 % en batteries et VE, 14 % en déchets et recyclage, 8 % en divers et mixte, 2 % en bâtiment durable et écomatériaux et 1 % en agritech et en biotech.

*Baromètre Transition écologique et emploi cadre – Edition 2024 – APEC (Association pour l’emploi des cadres)

 

1) L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) compte 38 pays du monde entier. Cette étude, publiée le 9 juillet 2024, porte sur les 35 pays pour lesquels les données étaient disponibles.

2) « Les éco-activités et l’emploi environnemental en 2021 », SDES, 8 juillet 2024.

3) « Marchés et emplois concourant à la transition énergétique. Situation 2019-2021 », Ademe, Octobre 2023

 

Lire aussi  : Emplois et compétences pour la transition écologique : les formations s’adaptent

 

 

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