Support important de l’activité économique, la logistique s’inscrit dans un vaste mouvement de transformations : les chaînes logistiques se numérisent, s’automatisent et se responsabilisent toujours plus vis-à-vis de l’environnement et du climat. C’est particulièrement vrai pour la logistique urbaine qui se trouve au croisement de nombreux enjeux pour le territoire.

 

La logistique urbaine : une activité vitale

La logistique urbaine couvre tout ce qui relève du pilotage global des flux en milieu urbain : transport, stockage, conditionnement, gestion des commandes et des retours, gestion des emballages et palettes, livraisons et enlèvements, équipements dédiés (entrepôts, plateformes, points relais…). Elle constitue donc un véritable pilier du fonctionnement et du dynamisme des villes et ce, bien au-delà du seul ‘e-commerce’ car tous les flux sont concernés :  selon les estimations en effet, 50 % des flux sont liés aux ménages, 40 % sont liés aux activités économiques et 10 % sont liés à la gestion urbaine (déchets, BTP, déménagements…).

 

La logistique urbaine : une activité aux impact variés

Mais, comme toute activité économique, la logistique urbaine a différents impacts sur l’environnement, le climat et la santé : émissions de CO2, NOx et particules fines liées au transport, congestion routière et conflits d’usage des voiries, nuisances sonores, consommation de foncier… Elle serait ainsi à l’origine de 30 % des GES, de 40 % des émissions de particules fines et de 50 % de la consommation de gazole en ville.

 

Des chaînes logistiques toujours plus complexes

On assiste aujourd’hui à une complexification des chaînes logistiques. Avec l’essor de l’e-commerce commencé avant la crise sanitaire mais largement amplifié depuis, les types de marchandises livrées se sont fortement diversifiés avec tout ce que cela implique en matière d’adaptation (ex. : produits frais). En parallèle, les canaux de livraison tout comme les lieux d’accueil se sont multipliés. Et face à des délais de livraison toujours plus contraints, les horaires de livraison se sont étendus. Sans oublier la question des retours qui s’est quasiment normalisée.

 

Quelles solutions concrètes ?

Toutes ces évolutions appellent à de nouvelles organisations logistiques et à des interfaces multimodales plus adaptées. Si différentes méthodologies et chartes sectorielles voient le jour(1), la transformation concrète des chaînes logistiques passe par plusieurs types de solutions, en particulier dans les domaines de la numérisation et de la décarbonation.

La numérisation et la gestion de données sont fondamentales dans des développements comme la régulation et le contrôle de l’usage des aires de livraison, la mutualisation des flux, l’optimisation des tournées (rapidité et traçabilité des livraisons) et bien-sûr l’automatisation des opérations. Dans tous ces domaines, les évolutions sont à la fois nombreuses et rapides. A titre d’exemple, plusieurs acteurs (ex. : Navya, Outrider, EasyMile…) se positionnent dans les tracteurs autonomes associant mobilité autonome, logiciel de gestion et systèmes connectés. D’autres solutions devraient émerger à l’annonce des lauréats de l’appel à projets « Logistique 4.0 » de France Relance, l’un des axes principaux étant consacré à la ‘digitalisation’ des chaînes logistiques(2).

La décarbonation et, de manière plus globale, le verdissement des opérations logistiques passent notamment par l’utilisation de véhicules à faibles émissions (électriques ou hydrogène), le développement de la cyclo-logistique (« vélos-cargos »), le déploiement d’actions de regroupement, l’entreposage dans des bâtiments performants (HQE, BREEAM, LEED)… Face à cela, le développement d’infrastructures de recharge et l’aménagement d’espaces logistiques accessibles aux vélos-cargos prennent toute leur importance. De même, la mise en place de circuits courts, le déploiement de la logistique inverse ou encore l’installation de hubs mobiles constituent d’autres points clés pour optimiser la chaîne logistique.

 

Solariser les entrepôts : une opération multi-bénéfices


Choisir d’installer des panneaux PV sur la toiture d’un entrepôt logistique permet de réduire son empreinte carbone. Cela permet aussi de réduire les coûts énergétiques du site. Et aujourd’hui ces coûts, déjà fortement impactés par la hausse des activités et la robotisation des opérations, continuent de croître en lien avec la conjoncture. Enfin, autre aspect intéressant, installer des panneaux solaires sur un entrepôt s’inscrit dans l’objectif ZAN fixé pour 2050 car cela permet d’éviter de consacrer des espaces à l’implantation de centrales (tout comme le permet d’ailleurs le choix de bâtir un entrepôt sur une friche).

Au final, même si l’ensemble des 78 millions de m² d’entrepôts en France ne peut être concerné (la structure de certains bâtiments plus anciens ne pourrait pas supporter les panneaux), le potentiel sur l’existant est considérable. A cela s’ajoute, pour le neuf, la nouvelle obligation de végétaliser ou d’équiper en panneaux PV au moins 30 % des toitures des bâtiments de plus de 1000 m² (cf. loi ‘Energie Climat’ de 2019).

 

Et demain ?

La livraison par drones, encore anecdotique en France, connaît de forts développements (Etats-Unis,  Allemagne…). Cela va nécessiter, outre des ajustements techniques, de mettre en place tout un cadre réglementaire et juridique. De même, toujours dans l’optique de limiter l’empreinte sur la voirie, certains évoquent des systèmes de livraison souterrains, d’autres travaillent à des solutions permettant de coupler mobilité des personnes et transport de marchandises au-dessus de la ville, à l’exemple de SupraWays qui développe un système de cabines autonomes dans les airs.

Plus largement, si de nombreuses solutions existent déjà pour tendre vers une logistique urbaine durable, leur déploiement ne peut se faire sans collaborations soutenues entre collectivités et entreprises. C’est tout l’objet d’un guide publié  fin 2021 par Alice-Etp et Polis Network(3).

 

1) Ex. : Programme InterLud – Innovations territoriales et logistique urbaine durable, par Ademe, Cerema, CGI, LLC et Rozo jusqu’au 31.12.2022 ; Charte d’engagements réciproques entre l’État et les membres de l’association Afilog pour la performance environnementale et économique de l’immobilier logistique français (juillet 2021) ; Charte d’engagements pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne (juillet 2021), etc.

2) L’AAP « Logistique 4.0 » s’inscrit dans la stratégie d’accélération pour la « digitalisation et décarbonation des mobilités », plus particulièrement dans son axe « Optimiser, sécuriser et décarboner les transports massifiés et les interfaces multimodales ». Les lauréats devraient être annoncés d’ici la fin 2022.

3) « Guide for Advancing towards Zero-emission Urban Logistics by 2030 », par Alice-Etp (Alliance for Logistics Innovation through Collaboration in Europe) et Polis Network (Cities and Regions for Transport Innovation), décembre 2021, téléchargeable sur www.etp-logistics.eu

 

À lire  : Le transport aérien par câble, un atout pour une mobilité urbaine bas carbone

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