Les ports sont particulièrement à l’honneur en cet automne 2021. De nombreux événements leur sont en effet consacrés de manière plus ou moins directe : Assises Economie de la Mer, Assises Port du Futur, Rencontre Ports Durables sur Pollutec avec le Pexe, Piraeus Green Port Cruise & Congress, Green Ship Technology Conference Europe… En parallèle, l’European Sea Ports Organisation (ESPO) publie le « Green Guide 2021 – A manual for European ports towards a green future », un document riche en enseignements données à jour.

La dernière décennie a été marquée par d’importants changements pour les ports et une évolution forte du contexte environnemental. Au-delà de leur mission de services maritimes, les ports sont devenus des centres multimodaux de transport et logistique, des points focaux de tourisme et loisirs et, de plus en plus, des ‘hubs’ pour la croissance verte, en particulier pour les énergies alternatives, l’économie bleue ou encore l’économie circulaire. Dans la même période, les grands enjeux que sont l’épuisement des ressources, le changement climatique, l’érosion de la biodiversité et la pollution se sont renforcés ou accélérés donnant lieu, d’ailleurs, à de nouveaux textes législatifs(1). Ainsi, comme tout autre acteur économique, les ports engagent leur transition écologique et énergétique. Celle-ci implique généralement une démarche collective associant les autorités portuaires, les nombreuses parties prenantes (opérateurs du transport et de la logistique, industries, fournisseurs d’énergie…) et les communautés riveraines.

 

Alimentation électrique, carburants bas carbone, intermodalité, numérisation, arrivées en « just in time »… constituent autant d’exemples de solutions de « verdissement » des ports.

 

Les priorités environnementales des ports

Selon l’ESPO, les dix priorités clés des ports ont évolué durant la dernière décennie. La qualité de l’air est déjà au premier rang depuis 2013. Elle est directement suivie par le changement climatique – émissions de GES, l’efficacité énergétique, le bruit et les relations avec la communauté locale. Figurent les déchets des navires, la qualité de l’eau, les déchets du port, les opérations de dragage et le développement portuaire dans sa dimension spatiale.

Parallèlement à cette analyse annuelle, l’ESPO met à disposition sur son site une base de données sur cinq types de bonnes pratiques expérimentées par ses membres : énergie & carburant, climat & air, port & ville, déchets & circularité, environnement & biodiversité. Cette ‘data base’ a vocation a être régulièrement mise à jour et enrichie.

 

Où en est-on en 2020 dans la réduction des pollutions et des externalités ?

S’agissant de la qualité de l’air, les opérations de mesure ont enregistré une légère augmentation (15 %) depuis 2013 et près des deux-tiers des ports européens intègrent le contrôle de la pollution de l’air dans leur gestion environnementale. Les autorités proposent plusieurs types de solutions comme des taxes portuaires différenciées pour favoriser les navires déjà en-deçà des normes réglementaires, la mise à disposition de carburants alternatifs comme le GNL ou encore des initiatives de réduction des émissions des opérations mêmes.

En matière de changement climatique, il est reconnu que le shipping constitue une des principales sources de GES (cf. + 9,6 % entre 2012 et 2018). Et selon les estimations, les émissions de CO2 liées au transport maritime devraient continuer à augmenter. Cependant, ce sont toutes les parties prenantes du port qui sont concernées et peuvent mener des actions d’atténuation. Par exemple, les projets de captage et de recyclage du carbone se multiplient. Par ailleurs, les ports sont eux-mêmes déjà soumis aux effets du dérèglement (élévation du niveau de la mer, conditions météo extrêmes, érosion…). A cet égard, près de 65 % des ports européens membres d’ESPO prennent des mesures pour renforcer la résilience de leurs infrastructures existantes. En revanche, seul un petit nombre d’entre eux intègre l’enjeu de l’adaptation dans leurs projets de nouvelles infrastructures.
Le bruit reste l’une des priorités environnementales majeures des ports (cf. opérations portuaires et logistiques, activités industrielles, projets de développement) à la fois pour les acteurs présents sur les installations et pour les riverains. Rappelons que 91 % des ports européens sont urbains ou très proches d’une zone urbaine. Aujourd’hui, 54% des ports membres de l’ESPO procèdent à des opérations de mesure du niveau sonore. Encore faut-il que celles-ci soient suivies d’actions. Il peut s’agir par exemple de s’équiper en matériels et installations électriques ou, plus largement, d’éviter les activités bruyantes la nuit et de réduire la durée et l’intensité du bruit. De même, quelques ports favorisent les navires moins émetteurs de nuisances sonores. Enfin, la question du bruit sous-marin et de toutes les nuisances que cela génère commence à être prise en compte (v. aussi Bruit sous-marin : une autre pollution cachée).

Concernant les déchets, rappelons qu’un port doit gérer aussi bien les déchets générés par ses propres activités que ceux apportés par les navires. Les premiers constituent l’indicateur environnemental le plus analysé par les ports membres d’ESPO, l’idée étant de favoriser au mieux la réutilisation et le recyclage. Pour les seconds, les navires doivent s’acquitter d’une taxe déchets en arrivant au port. Comme le prévoit la nouvelle directive Installation de réception portuaire, des remises sont accordées aux navires procédant à leur propre gestion des déchets à bord et ainsi réduisent les quantités à évacuer au port. Dans ces domaines, de nouveaux types de solutions font leur apparition à l’image du projet de bateau-usine porté par The SeaCleaners qui permettra de collecter les déchets et de les valoriser en voyage.

La qualité de l’eau et de la biodiversité constitue un autre élément clé pour les ports qui – du moins pour les ports maritimes – se situent à l’interface entre la terre et la mer. Nombreux sont ceux qui optent pour des stratégies comme la compensation en cas de perte d’habitat ou encore des améliorations et/ou renforcements de la biodiversité sur le port même. L’îlot reposoir créé lors des travaux de Port 2000 au Havre reste un bel exemple : il a donné naissance à un nouvel écosystème et accueille près de 70 espèces d’oiseaux marins. La qualité de l’eau et de la biodiversité est également liée aux opérations de dragage dont les ports ont besoin pour maintenir / entretenir les profondeurs de navigation. A cet égard, notons que 59 % des ports européens membres de l’ESPO analysent la qualité des sédiments et ils sont 46 % à analyser les écosystèmes marins.
On le voit, la route vers les « ports verts » est encore longue mais le mouvement est enclenché.

 

1) Ex. : Directive Infrastructure des carburants alternatifs (2014), Directive Soufre (2016), Directive Installations de réception portuaire (2019), etc.

 

Un label « Green Terminal »


Le groupe Bolloré Ports a mis en place un processus de labellisation pour ses terminaux portuaires. Le référentiel comporte huit points clés : le pilotage optimisé du système de management environnemental, un engagement sociétal auprès des parties prenantes locales, la construction d’infrastructures conformes aux standards internationaux, le déploiement des solutions et équipements de manutention respectueux de l’environnement favorisant la transition énergétique, la mise en œuvre de solutions digitales, collecte, valorisation et recyclage des déchets, le traitement et contrôle des eaux et de l’air, la formation des collaborateurs aux bonnes pratiques liées aux enjeux environnementaux. Ce processus de labellisation a été validé par Bureau Veritas qui se charge des audits. Il s’applique pour l’instant aux nouveaux terminaux à conteneurs et à ceux ayant fait l’objet d’une modernisation ou extension. A terme, il concernera l’ensemble des terminaux opérés par le groupe.

 

Lire aussi  : Des ports plus respectueux de l’environnement : ça avance

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