Lors de ses comités de pilotage de mars et avril, le pôle Mer Méditerranée a labellisé onze projets de recherche en lien avec la transition écologique. Ces projets sont également répartis entre trois thématiques : Environnement et valorisation du littoral ; Ports, logistique et transport maritime et Ressources biologiques marines. En voici un aperçu.

 

Projets « Environnement et valorisation du littoral »

Dans ce domaine ont notamment été retenus les projets CEMAS et VIGILITTO. Face aux contraintes liées au monitoring continu de l’environnement marin et sous-marin (risques et coûts notamment), CEMAS (Continuous Environmental Monitoring at Sea) « vise à développer une station mobile de surface, connectée et totalement autonome en énergie, permettant de déployer et de récupérer un système de drones sous‐marins autonomes, capables d’assurer une permanence à la mer pour différentes applications (monitoring d’installations, surveillance environnementale, mesure des usages) ». L’idée est de remplacer en partie les rotations de navires de servitude et certaines interventions humaines à risques par une solution automatisée capable de fournir une information en temps réel tout en restant dans un budget maîtrisé. Le projet est porté par RTsys (robotique et acoustique sous-marine) avec IM Solutions (robotique marine et drones de surface) et le centre d’ingénierie de l’Institut d’électronique et des systèmes (Montpellier).

Le projet VIGILITTO (vigilance vagues submersion très haute résolution pour le littoral occitan) adresse la question de la vulnérabilité des zones côtières et littorales très peuplées au risque de submersion. L’objectif est de développer une « connaissance fine des conditions météo-océaniques génératrices de submersions marines, de leur évolution et de leurs interactions et conséquences avec le continent dans la zone littorale ». Le projet se décline en trois axes : prévoir les aléas vagues submersion (cf. nouvelle capacité opérationnelle de modélisation) ; surveiller les tempêtes  (cf. approche mixant capteurs in situ, observations satellites, mesures par drones aériens et flottants, caméra-vidéos et observations citoyennes) et évaluer les risques et alerter (cf. site pilote d’instrumentation pour la qualification des modèles du large à la plage pour produire et diffuser des prévisions à très haute résolution adaptées aux besoins). Porté par le groupe CLS, le projet associe de nombreux partenaires (BRGM, Waves ‘n See, Meteo France, Legos…).

Autres projets de la thématique « littoral », FOREPAST (forçage du recrutement de la palourde sauvage de Thau) se concrétisera par un repeuplement et un suivi des populations et OURCOASTS s’attachera à développer un outil pré-opérationnel de prévision des conditions hydro-morphodynamiques à la côte, via une approche nouvelle (par résolution spatiale plurimétrique) et la prise en compte de processus physiques jusque-là non considérés dans les outils nationaux.

 

Projets « Ports, logistique et transport maritime »

Le projet TRILAM Bio-Tex a pour objectif de développer des voiles de bateau à faible impact, composées d’un textile souple, recyclable et biodégradable et présentant un niveau de performance et de durabilité équivalant à celui des matériels actuellement utilisés. Ce tissu technique nouvelle génération pourrait avoir d’autres applications à terme. Le projet est porté par All Purpose avec CLM, Kairos et le laboratoire IRDL.

 

Voilier

 

Le projet CASSIOPEE (Collecte et analyse de données pour la sécurité des opérations, la performance et l’efficience énergétique) vise à mettre en place l’infrastructure nécessaire à la collecte et au traitement des données à bord pour fournir aux marins en temps réel des applications d’aide à la décision et ainsi améliorer la sécurité des opérations. Cela doit aussi permettre le transfert à terre des données pour alimenter un jumeau numérique servant au suivi continu de l’état et de la capacité opérationnelle du navire (optimisation des coûts d’exploitation). Tout cela permettra d’améliorer la performance opérationnelle des navires et d’optimiser l’efficience du flux logistique dans lequel ils évoluent (réduction de l’empreinte carbone). Le projet, porté par Bourbon Marine & Logistics (spécialiste des services offshore), implique également Predict, Opsealog, Bureau Veritas et le Laboratoire d’informatique et des systèmes de l’Université d’Aix-Marseille.

Parmi les autres projets de cette catégorie figurent également SLICE (Sea-land interaction in a competing Europe) qui étudie la connectivité multimodale des régions portuaires et non portuaires et les liens socio-économiques entre ports et territoires, à partir de données variées (trafic, emploi mais aussi congestion et pollution) et BLUE OCEAN porté par CERAG qui s’attaque à la problématique du cyber-risque des navires marchands.

 

Projets « Ressources biologiques marines »

Les « biotechnologies bleues » continuent à susciter l’intérêt du monde de la recherche pour différents domaines d’application dont la santé. En témoignent notamment les projets AGIR et AMALIA.

Le projet AGIR utilise la biomasse marine pour élaborer une nouvelle méthode de réticulation permettant de fabriquer un hydrogel bio-inspiré par une méthode totalement verte. L’algue produit un biopolymère à base de protéines qui permet, une fois réticulé, de sceller rapidement les tissus endommagés. Le projet comprend la caractérisation physique et chimique complète de l’hydrogel et la réalisation de tests de cytotoxicité et de compatibilité avec des cellules vivantes. Cette méthode de réticulation bio-inspirée devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour une nouvelle classe d’hydrogels aux applications possibles dans le biomédical. Le projet porté par l’Institut de Chimie de Nice (équipe Mapec) est mené avec une autre équipe de cet institut (MB) et le Laboratoire de biologie tissulaire et ingénierie thérapeutique de Lyon 1.

Face à la menace liée à l’antibiorésistance de certains organismes pathogènes, le projet AMALIA va étudier plus de 500 souches bactériennes issues de lichens marins pour tenter de découvrir de nouveaux composés ultérieurement commercialisables comme antibiotiques contre des micro-organismes résistants et persistants. Le projet est porté par le Laboratoire de biodiversité et biotechnologies microbiennes (Observatoire océanique de Banyuls) et mené avec Olgram (spécialiste des anti-infectieux à base d’algues), l’équipe CorINT de l’ENSC Rennes, l’Institut NuMeCan (Rennes) et le Conservatoire botanique national de Mascarin (La Réunion).

Par ailleurs, le projet SPIM (Plankton Imaging and Monitoring) consistera à observer la biodiversité des environnements marins avec une précision jusque-là inégalée (cf. microscope spécifique). Ceci permettra de mieux comprendre les écosystèmes marins, leur fonctionnement et leurs réponses aux changements climatiques et anthropogéniques. Le projet porté par le CNRS s’intègre dans un programme de recherche plus large (Observatoires augmentés, AO EMBRC)* visant à caractériser globalement les écosytèmes en combinant des techniques de génomique environnementale et des mesures par capteurs automatiques de paramètres physico-chimiques et biogéochimiques.

 

Des solutions des membres du pôle labellisées Solar Impulse


La Fondation Solar Impulse a retenu 12 solutions développées par 11 adhérents du pôle Mer Méditerranée.

Certaines portent sur les bateaux et équipements pour bateaux : JellyfishBoat, petit robot électrique qui collecte les déchets flottants et les déversements d’hydrocarbures à la surface des plans d’eau (Iadys) ; Overboat, bateau électrique intelligent et silencieux utilisant quatre hydrofoils automatiques (Neocean) ; Seafloatech Pods, système d’amarrage réversible du fond marin à la surface (Seafloatech) ; Helio, dispositif 100 % autonome produisant de l’eau potable à partir d’une source non potable via l’énergie solaire (Marine Tech) ; ORC-Module, système transformant la chaleur perdue en électricité grâce au cycle organique de Rankine (Enogia) ; SeaZen, service de bateaux solaires 100% autonomes et sans permis (Seamagine Eco Navigation).

D’autres solutions concernent les EMR : OTEC – Deep Sea Conversion, système de conversion de l’énergie thermique des océans qui exploite la différence de température de l’eau en surface et en profondeur (Naval Energies) ; Damping Pool, système de fondation flottante pour éoliennes offshore (BW Ideol) ; Star, système flottant semi-submersible permettant aux éoliennes offshore flottantes d’accéder aux vents puissants et constants des zones maritimes profondes (Naval Energies).

Et plusieurs solutions relèvent de la mesure et surveillance : AquaREAL, station météo aquatique connectée autorisant la surveillance en temps réel et prédictive de la qualité de l’eau (Biocéanor) ; Seamonitor, dispositif léger et facile à déployer pour la surveillance de la bathymétrie, de l’halieutique, des fonds marins et de la végétation sous-marine (Semantic TS).

Enfin la Fondation a également retenu la solution de génie écologique Biohut (cf. nurseries artificielles destinées à réduire la mortalité juvénile des poissons et animaux aquatiques dans les ports) proposée par Ecocean.

 

*EMBRC : European Marine Biological Resource Centre. EMBRC-France est implanté à Banyuls, Roscoff et Villefranche.

 

Lire aussi : Quelles pistes pour adapter le littoral ?

S’inscrire à la newsletter

Restez informé de l'actualité du secteur

S’inscrire

Partagez ce contenu

Partagez ce contenu avec votre réseau !