Aujourd’hui, la nécessité de mieux gérer les ressources en eau n’échappe à personne. Consommer moins et consommer mieux constituent les deux principaux piliers de la gestion de l’eau. Dans cette optique, les technologies numériques et l’intelligence artificielle jouent un rôle de plus en plus important à tous les stades de la chaîne de valeur de l’eau.

Quatre enjeux majeurs

Le domaine de l’eau fait face à quatre enjeux majeurs :

  • réduire les consommations et augmenter l’efficience hydrique ;
  • gérer les fuites et les anomalies sur les réseaux ;
  • recycler les eaux usées ;
  • et gérer le risque inondation, comme l’actualité nous le rappelle encore.

L’eau : une priorité en Europe en 2024 ?

En septembre dernier, l’association Water Europe a lancé un manifeste pour demander à l’UE de faire de l’eau une priorité en 2024, notamment en se dotant d’une stratégie smart water ambitieuse. Cette association axée sur l’innovation dans le secteur de l’eau rappelle que, outre nos activités économiques habituelles, l’ensemble des développements actuels majeurs (semi-conducteurs, batteries, hydrogène, production de matériaux stratégiques…) ne peut se faire sans eau.

Elle précise que, selon une estimation du World Resources Institute, le déficit global entre offre et demande en eau pourrait s’élever à 56 % à l’échelle mondiale d’ici 2030. Water Europe propose la nomination d’un commissaire européen entièrement dédié pour faire face aux enjeux de l’eau de manière globale (production énergétique, agriculture, industrie, ménages).

Le Manifeste demande principalement d’assurer l’approvisionnement en eau pour tous les usages, de développer des infrastructures viables tant économiquement qu’environnementalement sans compromettre les besoins futurs et de proposer des systèmes résilients face aux sécheresses, inondations et autres événements extrêmes potentiels. Pour ses auteurs, mettre en place une réelle gestion smart water est l’une des conditions pour maintenir la compétitivité européenne.

Un bilan d’étape pour le Plan Eau de mars 2023

En France, le Plan Eau lancé fin mars comprend 53 mesures destinées à optimiser la disponibilité de la ressource, préserver la qualité de l’eau et restaurer des écosystèmes sains et fonctionnels et développer la sobriété des usages. Il vise, en particulier, à réduire d’au moins 10 % nos prélèvements d’ici 2030.  Six mois après son lancement, un premier bilan fait état de 34 mesures initiées et 12 mesures finalisées.

A titre d’exemple, l’appel à projets « Innov eau » a été lancé en juillet dans le cadre du volet Eau de France 2030. Les projets attendus portent sur quatre axes dont un spécifiquement axé sur le développement du numérique et de la donnée au service de la gestion de la ressource(1).

Le numérique et l’IA : une grande partie des solutions

Qu’il s’agisse de pompes ou vannes, d’outils de surveillance, de compteurs, d’utilisation de la donnée…, les domaines de l’eau connaissent des avancées considérables, les solutions innovantes portant sur l’ensemble des enjeux. En voici quelques exemples:

  • En matière de réduction des consommations et d’efficience hydrique, Maddalena Spa par exemple a présenté à Pollutec un compteur volumétrique électronique avec radio multi-protocole intégrée.
  • Tecofi a lancé une vanne connectée qui permet de suivre  l’usure et ainsi d’anticiper la maintenance.
  • La toute jeune société Thrasos a quant à elle présenté une plateforme permettant d’optimiser les nettoyages industriels (les « NEP »).
  • Soulignons également que l’entreprise Aquassay, connue depuis 2015 pour ses solutions connectées de réduction des consommations pour l’industrie (IAA, chimie, traitement de surface, matériaux…), élargit ses activités aux collectivités et les accompagne dans la réduction de l’empreinte hydrique de leur territoire, un des exemples les plus récents étant le projet mené avec Eau du Bassin Caennais.

Les infrastructures de production d’eau sont déjà en partie connectées et pilotées via le numérique. Mais cela n’empêche pas de continuer à innover:

  • C’est ce que propose Aqualyo avec sa solution Go4IoT qui permet un dimensionnement intelligent des installations.

Côté réseaux en revanche, il reste encore beaucoup à faire. Dans ce domaine par exemple:

  • Lacroix et Ijinus ont respectivement présenté à Pollutec une solution de détection de fuite basée sur l’IA et une solution de détection d’anomalies.
  • MDS (le Matériel de Sondage) a lancé une solution capable de détecter par l’IA et la fusion de capteurs les réseaux enterrés à grande échelle.
  • D’une manière plus globale, Xylem Water Solutions a lancé une plateforme d’hypervision avancée et modulaire qui permet de gérer au plus juste la ressource en fonction de la demande, d’optimiser la consommation énergétique des réseaux et des usines, de réduire les déplacements, d’anticiper et préparer les crises, de simuler des scénarios, contribuant ainsi à réduire les impacts sur l’environnement et l’empreinte carbone.

Enfin, l’instrumentation fait aussi l’objet d’innovations constantes dans d’autres domaines de l’eau:

  •  Ainsi par exemple, Spectralys lance une solution d’analyse en ligne et temps réel,
  • Andritz AG propose un système de mesure optique capable de détecter le concentrat pendant les étapes d’épaississement ou de déshydration
  • et Qsenz développe un système de mesure TSS en ligne dans les flux d’eaux usées. Par ailleurs, WE Connect met en oeuvre une solution avancée de détection des pathogènes et Proteus Instruments propose un système de mesure de la pollution en temps réel pour les rivières, lacs et milieux marins.

Ces différentes solutions – et bien d’autres encore – sont fondamentales dans une optique de préservation de la ressource eau. Il est urgent de les déployer. La prise de conscience de plus en plus partagée de la vraie valeur de l’eau devrait y contribuer.

1) Les trois autres étant : agir sur la gestion de la ressource naturelle pour adapter nos systèmes au changement climatique ; sécuriser l’acheminement en limitant efficacement les pertes hydriques et agir sur les usages de l’eau ; renforcer le traitement pour améliorer durablement la qualité de l’eau et des milieux.

À lire : Quel recul sur la filière plantés de roseaux ?

 

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