Ce début d’année 2023 a été marqué par un ensemble d’annonces et initiatives qui vont indéniablement contribuer à renforcer et accélérer la recherche et l’innovation en matière de transition écologique et énergétique dans le monde de la mer et du littoral. En voici un aperçu.

 

L’appel à projets « Sustainable Blue Economy Partnership » (SBEP)

Le Partenariat européen sur l’économie bleue durable a été créé en 2022 dans le cadre du programme Horizon Europe afin d’accélérer la transition vers une économie bleue neutre pour le climat, durable, productive et compétitive d’ici 2030 tout en soutenant les conditions pour maintenir l’océan en bonne santé d’ici à 2050.

Le SBEP a lancé en février son premier appel à projets transnationaux destiné à financer des projets de recherche et d’innovation. Cet AAP, intitulé « La voie à suivre : vers une économie bleue prospère et durable pour un avenir meilleur »(1) est doté d’un montant total de 50 M€. Les projets doivent porter sur l’une des cinq thématiques définies : la planification et la gestion des multi-usages de l’océan à l’échelle régionale ; le développement d’infrastructures marines offshore multi-usages pour soutenir l’économie bleue ; des produits de la mer neutres pour le climat, écologiquement durables et issus d’une utilisation efficace des ressources, pour l’alimentation humaine et animale ; la transition verte de la production des produits de la mer ; l’utilisation de jumeaux numériques de l’océan à l’échelle des bassins maritimes de l’Union européenne et de l’océan Atlantique. Ces thématiques ont été sélectionnées pour « maximiser la participation tout en renforçant le secteur de l’économie bleue européenne à travers des solutions innovantes et l’amélioration de la résilience des écosystèmes marins, explique lANR, partenaire correspondant du projet en France. Elles englobent des voies d’actions de la science à la politique pour observer, mesurer et atténuer les impacts du changement climatique sur des actifs écologiques essentiels tels que la biodiversité et d’autres services écosystémiques dont nos économies dépendent, et ainsi soutenir les communautés côtières ».

Les projets, prévus sur 36 mois, doivent être développés au niveau transeuropéen et dans les différents bassins maritimes de l’UE : mer Méditerranée, mer Noire, mer Baltique, mer du Nord et océan Atlantique. Et chaque consortium doit impliquer des partenaires de trois entités légales indépendantes et représentant au moins trois des 23 pays participant à l’appel (19 Etats-membres : Allemagne, Belgique, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovénie, Suède, et 4 pays associés : Iles Féroé, Islande, Norvège, Turquie).

 

Le renouvellement des pôles Mer pour la phase V des pôles

Les pôles Mer Bretagne Atlantique et Mer Méditerranée ont été labellisés fin mars pour la période 2023-2026. Depuis 2005, ils ont à eux-deux labellisé et accompagné plus de 1000 projets innovants dans l’ensemble de leurs domaines d’actions spécifiques (Littoral & environnement marin ; Ressources énergétiques et minérales marines ; Ressources biologiques marines ; Ports, infrastructures & logistique ; Naval & nautisme ; Défense, sécurité & sûreté maritime), avec près de 2,6 milliards d’euros investis en R&D. Ils comptent aujourd’hui plus de 900 adhérents.

Pour les quatre ans à venir, les pôles Mer ont défini une feuille de route stratégique axée sur quatre leviers principaux : la souveraineté nationale (sécurité, santé, énergie, alimentation, industrie), la décarbonation urgente et rapide des activités maritimes, la réindustrialisation de leur territoire, la préservation des mers et des océans et la lutte contre le changement climatique. Autant dire que cette phase V qui, par ailleurs, met fortement en avant l’aspect européen, va leur donner l’occasion de poursuivre le développement et le déploiement d’un grand nombre d’innovations maritimes.

 

La création du plus grand centre européen d’essais en mer dédié aux EMR et à l’éolien flottant

Plus en aval, dix acteurs publics et privés(2) ont créé en mars la Fondation Open-C, une infrastructure de recherche qui va permettre de coordonner, développer et piloter les essais en mer des innovations en matière d’énergies marines renouvelables (EMR) au stade de prototypes. Regroupant cinq sites sur l’ensemble des façades maritimes de l’hexagone, la Fondation Open-C constitue le plus grand centre européen d’essais en mer entièrement dédié. Elle va permettre à plusieurs innovations majeures de se fiabiliser dans les trois prochaines années avec notamment des essais déjà programmés sur des éoliennes flottantes deuxième génération, la production d’hydrogène vert offshore et des systèmes PV flottants.

  

Les 10 nominés de l’Ocean Pitch Challenge 2023


Les trois lauréats de l’édition 2023 de l’Ocean Pitch Challenge organisé par RespectOcean seront distingués le 23 mai parmi les dix nominés suivants :

– Arena Recycling (Tanzanie) : Collecte des déchets plastiques sur les plages et recyclage en matériaux écologiques pour les activités de construction

– Blue Latitudes LLC (Etats-Unis) : réaffectation de plateformes pétrolières et gazière offshore en récif artificiel pour lutter contre la destruction des habitats marins et la perte de biodiversité

– Ecovironment (Rwanda) : Utilisation d’une technologie innovante d’extrusion de plastique pour valoriser le plastique récupéré dans l’océan en dalles et briques de pavage

– Paradoxal Surfboards (France) : Remplacement du pétrole dans la fabrication des cœurs de planches de surf par des algues vertes d’échouage

– Pinovo (Norvège) : développement d’une alternative de « grenaillage propre » aux méthodes traditionnelles polluantes de traitement de surface, pour éliminer la pollution de micro-plastiques liées aux peintures

– Project QR Sargasso (Etats-Unis) : Valorisation des sargasses des Caraïbes en engrais sans pétrole, en énergie biogaz et en hydrogène transportable

– Seafar (Afrique du Sud) : Création d’un modèle d’apprentissage en profondeur capable de prédire les emplacements des navires jusqu’à 150 km de la côte avec système d’identification automatique (AIS) et données radar haute fréquence pour lutter contre la pêche illégale

– Spiru’Marine (France) : développement d’un outil de production aquacole mobile, rapide, compact et personnalisable capable de produire sur tout littoral de la « spiruline 100% eau de mer », une ressource marine très riche en protéines et principes actifs ultra-concentrés

– Tontoton (Cambodge) : Formation d’équipes locales de collecte de plastiques et création d’une chaîne de traitement interne pour récupérer et recycler et/ou réutiliser les déchets plastiques (en 2022 : 400 emplois emplois créés, 2 500 tonnes collectées dans l’océan, 6 millions de bouteilles en plastique récupérées chez les particuliers et sur le littoral)

– Vlinder (Autriche) : Accélération des projets de carbone bleu centrés sur la restauration de mangroves, de zones côtières (3 370 ha) et la plantation de 5,3 millions de palétuviers en Afrique et en Asie.

 

1) « The way forward : a thriving sustainable blue economy for a brighter future » .

2)  Centrale Nantes, EDF, Ifremer, ITE France Energies Marines, RTE, Energies de la Lune, Technip Energies, TotalEnergies, Valeco et Valorem

 

À lire  : The EU BLUE ECONOMY REPORT 2022

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