Bonjour César. Pourriez-vous vous présenter ?
Je suis un franco-péruvien, autodidacte et passionné par les technologies qui incluent le vivant dans leur conception… De nature perfectionniste, très sensibilisé à l’esthétique dans le design et la construction.
Depuis toujours, je suis intéressé par les procédés liés à la matrice eau et énergie (water/energy nexus en anglais). Lorsqu’une startup met en avant ces procès au service de l’environnement, elle est reconnue comme une cleantech ou greentech. Je suis donc, le co-fondateur d’une cleanteach, NXO.
Pourquoi tenter un projet de vie en France ?
Mon arrivée en France a été une étape clé dans ma vie. Il y a eu un avant et un après à tous les niveaux.
Je suis venu en tant qu’étudiant de master. J’ai eu une super chance car mes collègues de formation étaient formidables. Ils m’ont énormément aidé lors de ma phase d’intégration car, pour ceux qui ne le savent pas, il y a un gros décalage entre le rythme de vie en France et au Pérou. Dans la ville où je suis né, nous avons accès à l’eau potable, un besoin vital, 2 heures par jour. Vous voyez ce que je veux dire…
En France, mes connaissances en ingénierie appliquée ont augmenté de manière significative. Après 2 ans de formation, 5 ans de salariat en tant qu’ingénieur de recherche dans cette belle région, et une famille fondée, j’ai voulu me mettre à l’épreuve et tenter ma chance dans l’entreprenariat.
Comment est né NXO ?
NXO est né suite à une volonté ; la volonté de prouver que les microalgues, longuement connues comme une problématique dans le secteur de l’environnement (nous connaissons tous le phénomène d’eutrophisation), avaient un rôle majeur dans le traitement et la valorisation énergétique des eaux usées.
Les eaux usées sont une ressource pour une collectivité. J’ai voulu créer une société qui puisse répondre à l’enjeu climatique, à la création d’énergie et à la valorisation des toutes les ressources contenues dans les eaux usées.
Avec cet enthousiasme, j’ai créé un business plan et « pitché » 7 amis et collaborateurs de travail. Les 7 m’ont accompagné dans ce parcours de combattant.
NXO a 8 fondateurs, chacun avec des compétences dans différentes secteurs économiques.
Quelle est votre vision de l’entreprenariat ? Pourquoi vous êtes-vous lancé ?
Qui dit entreprenariat, dit une éthique du travail poussée, voire extrême.
En toute honnête, quand NXO a été créé, je pensais que devenir entrepreneur était à la porte de tout le monde. Après 5 ans dans cette belle aventure, avec des points hauts et des bas, je ne suis plus du même avis.
Être entrepreneur oblige de passer à l’action en permanence, et ceci en dehors de l’état émotionnel du moment. Donc, il faut non seulement que l’idée derrière le projet soit bonne mais que l’entrepreneur qui la porte ait une prédisposition mentale favorable.
Il y pas des jours fériés, pas de congés, pas beaucoup de week-ends, et ceci sans aucune certitude de réussite.
Je suis une personne de nature optimiste mais lors de ma prise des décisions, je me réfère aux chiffres. Les chiffres ne mentent pas…
90% des nouvelles sociétés sont liquidées dans la première année après la création. 9 sur les 10 restantes meurent dans les 4 années qui suivent. La probabilité de réussite est très faible. Si vous voulez vous donner des chances, l’éthique de travail est obligatoire.
En outre, je me suis lancé car je suis passionné par mon métier, ingrédient j’ai envie de dire crucial à la réussite d’un projet. Je pense à mon travail, mes bioréacteurs, mes designs, l’automatisation de ces derniers en permanence, et même en dehors de travail, car j’aime ce que je fais.
Pour finir, j’ai lu quelque part qu’un entrepreneur est un parachutiste qui saut de l’avion et qui construit son parachute lors de la chute libre. Je pense que cette définition est précise et j’ai voulu savoir si j’en étais capable.
Pouvez-vous nous définir le mot « innovation » ? Quelle en est votre vision en tant qu’entrepreneur ?
Pour moi, l’innovation est presqu’un état d’esprit où l’on se positionne dans une optique d’amélioration permanente, d’efficacité, d’utilisation efficiente de ressources, et donc de compétitivité et de qualité. L’innovation dans une compagnie est à mon sens primordial.
Par contre, l’interaction innovation et entreprenariat peut s’avérer risqué si l’entrepreneur n’a clairement pas identifié les priorités de l’entreprise et la gestion de la trésorerie.
La place de l’innovation chez NXO ?
70% de nos activités aujourd’hui sont liées à la conception des procédés d’épuration et de valorisation innovants dans le secteur de l’eau. 30% de nos activités résident dans le design et le montage hydraulique des sites de production aquacole, des microalgues et de digestion anaérobie. Ces activités nous permettent de garder la main dans nos choix d’investissement sur une idée ou un nouveau procès car ils génèrent de la trésorerie.
La force de NXO demeure là, dans le fait que nous sommes libres de placer nos ressources matérielles, humaines et financières dans les idées et les solutions que nous trouvons porteuses.
Mais attention, à un moment il faut proposer les produits créés et c’est toujours le marché qui choisit les technologies à adopter ou à oublier. Avoir des bonnes idées c’est facile, avoir une idée et la transformer en un produit de succès, qui rend service aux personnes ou à des collectivités, c’est une autre histoire.
Présentez-nous votre produit phare NXSTEP ! Est-ce un aboutissement ?
Clairement, NxSTEP est la preuve que si l’on croit en une idée, il faut se battre et devenir créatif pour remonter les obstacles se succédant les uns après les autres.
Pour en arriver là, il a fallu remonter plusieurs défis : administratifs, juridiques, techniques et même de sécurité (depuis sa construction, notre site a été vandalisé 8 fois).
Pendant mon cursus d’ingénieur, quand j’avais 19 ans, j’ai découvert le monde des microalgues et je suis reste fasciné. A l’époque, c’était juste pour des applications aquacoles. Mais plus j’y m’intéressé, plus j’ai trouvé du potentiel notamment dans le traitement des eaux usées domestiques et industrielles.
Après 2 ans d’essais et des rencontres pour nous assurer que le dimensionnement était viable, nous avons trouvé une ouverture à Montpellier.
NXO est le leader de ce projet en partenariat avec l’Agence de l’Eau RMC, l’agglomération de Montpelier 3M, la commune de Cournonsec, la Région Occitanie et le CG34.
Le projet NxSTEP, visant à construire le prototype de la première station d’épuration à énergie-positif et à empreinte carbone négative, a vu le jour.
Le cœur de NxSTEP est l’épuration des eaux usées par les microalgues et la valorisation de leur potentiel méthanogène. Nous avons créé une station à zéro déchets organiques répondant aux normes les plus strictes en termes de qualité pour la réutilisation des eaux.
Quels sont les défis à relever pour implanter cette technologie ?
Nous devons communiquer et sensibiliser les décideurs publics sur cette nouvelle manière de valoriser les eaux usées et l’impact gigantesque sur l’empreinte carbone dans leurs territoires. Je pense que c’est le défi majeur. Cela prend du temps, mais nous faisons en sorte de pouvoir accélérer cette démarche.
Les avantages sont nombreux, mais comme toute révolution, il faut passer par une période de doutes où les gens se posent des questions sur l’originalité et la véracité de nos technologies.
C’est normal, il se demandent si c’est si évident pour quoi personne ne l’a pas fait avant.
Nous avons dû réinventer la filière complète d’assainissement pour trouver les réponses techniques à ces interrogations.
En quoi NxStep se distingue-t-il de la concurrence ?
Cela n’a rien en commun.
Les compagnies qui construisent les stations d’épuration et les délégataires du service public ont comme consigne de créer une unité permettant d’assainir les eaux usées suffisamment, donc d’atteindre les normes de rejet, avant leur relargage dans le milieu récepteur.
NxSTEP vise valoriser toutes les ressources véhiculées par les eaux usées : calories, carbone, azote, phosphore, cellulose, lombricompost, engrais liquide, énergie, eau réutilisable, etc.
La rationalisation énergétique et des ressources n’est pas leur priorité. Et c’est simple, il ne paie pas les conséquences d’une gestion non rationnelle de l’unité. C’est le citoyen moyen qui verra voir sa facture d’eau potable augmenter.
En outre, NxSTEP est une station d’épuration à énergie positif, qui ne faut pas confondre avec bâtiment à énergie positif où le coût construction devient presque prohibitif par l’achat de panneaux photovoltaïques devant combler la dépense énergétique de la filière.
Décrivez nous votre vision du monde
J’ai une vision très optimiste du monde de demain. NXO contribue et va contribuer à freiner le changement climatique par la neutralisation des émissions des gaz à effet de serre, aujourd’hui à échelle d’une collectivité, demain à échelle national, tout en produisant de l’énergie verte (renouvelable) et des ressources qui pourront générer des recettes pour les collectivités.
A mon avis, à échelle mondial, il y aura toujours des nouvelle idées, inspirés de la nature, qui permettront de protéger la planète et de servir l’humain.
Ces idées doivent être menées par des groupes humains motivés et avec une forte conviction : le changement des paradigmes.
À découvrir : L’annuaire des solutions de Pollutec