Le secteur des transports est responsable de près d’un tiers des émissions de CO2 en France. Pour faire face à l’urgence climatique en partie associée à ces émissions de gaz à effet de serre, il est devenu essentiel de décarboner l’industrie du transport. Les énergies fossiles utilisées pour les carburants doivent donc être remplacées par des énergies renouvelables plus respectueuses de l’environnement, à l’image de l’hydrogène bas carbone.
Pour assurer le développement et la mise en application de l’hydrogène vert, le gouvernement a mis en place différents plans et stratégies, que les acteurs du secteur énergétique s’emploient à mettre en œuvre, notamment par le biais d’appels à projets. Le projet HyAMMED (région Provence-Alpes-Côte d’Azur) fait partie des projets retenus par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) : il vise à transformer le transport routier en proposant des camions électriques à hydrogène, garants d’une mobilité durable et innovante.
HyAMMED : un projet H2 soutenu par l’ADEME
L’ADEME participe à la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement de l’hydrogène vert, présentée par le ministère de la Transition Écologique et le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance. Elle propose des solutions de financement aux porteurs de projets, sous certaines conditions. Le projet peut en effet être prévu pour :
- réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone ;
- développer l’économie circulaire et les énergies renouvelables comme l’hydrogène décarboné ;
- reconvertir les friches et sites pollués ;
- améliorer la qualité de l’air en intérieur et en extérieur.
Dans le cadre de ses deux appels à projets, l’ADEME a finalement retenu le projet HyAMMED (Aix-Marseille), mais aussi des projets comme H2Ouest (Pays de Loire) , HyGo (Vannes), RVH2 (Rouen), TETHIS (Lyon), H2Pro (Ile-de-France) ou encore APAG-HY (Guyane).
Hydrogène décarboné: une solution prometteuse pour les collectivités
L’hydrogène décarboné se présente comme une solution prometteuse pour l’industrie mais aussi pour les collectivités. C’est tout l’objet des pages de ce livre blanc.
Le déploiement du projet HyAMMED (dont le coût total s’élève à 12,6 millions) est accompagné d’un soutien financier de 2,4 millions d’euros de l’ADEME. Air Liquide, le principal porteur du projet, a d’ailleurs également obtenu le soutien de l’ADEME pour d’autres projets H2 (2020 HYPE 600 et H24byHype).
Les acteurs du projet HyAMMED à Aix-Marseille
Plusieurs acteurs économiques se sont réunis dans le but de transformer le transport de marchandises dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, plus particulièrement à Aix-Marseille. Le référent du projet n’est autre que le groupe Air Liquide, le leader mondial des gaz (oxygène, azote, hydrogène) présent dans plus de 70 pays. Les partenaires d’Air Liquide pour le projet HyAMMED sont des petites et moyennes entreprises (PME), des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et des grands groupes. On retrouve alors :
- parmi les PME : Green GT, une entreprise indépendante qui propose ses services dans le domaine des technologies électriques-hydrogènes, et ID Logistics, une entreprise spécialisée dans la logistique contractuelle pour les grands industriels et distributeurs ;
- parmi les ETI : Blondel, Malherbe, Perrenot et Transports Chabas, des entreprises spécialisées dans le transport et la logistique, mais aussi la location de véhicules pour certaines ;
- parmi les grands groupes : les géants de la grande distribution Carrefour et Monoprix, mais aussi Coca-Cola et Iveco, une entreprise de production de véhicules commerciaux et industriels (légers, moyens et lourds).
Les grands axes du projet HyAMMED
Le projet HyAMMED est orienté autour de deux axes majeurs : le déploiement de camions électriques à hydrogène pour le transport de marchandises et la création de stations de distribution d’hydrogène vert sur le territoire d’Aix-Marseille, puis sur les marchés européens et mondiaux à plus long terme.
Si l’hydrogène décarboné occupe une place croissante dans l’alimentation en carburant des véhicules particuliers et utilitaires, il n’en est pas moins pertinent pour la mobilité lourde. En effet, les camions 44 tonnes équipés d’une pile à combustible qui convertit l’hydrogène en électricité présentent de nombreux avantages. Ces véhicules lourds garantissent notamment :
- une absence d’émission polluante (uniquement de la vapeur d’eau) ;
- une forte puissance motrice ;
- une grande capacité d’autonomie (jusqu’à 800 km) ;
- une discrétion en circulation, permettant de limiter la pollution sonore ;
- un temps de recharge rapide.
Ensuite, le projet HyAMMED prévoit donc de recharger ces véhicules de transport de marchandises à une station hydrogène installée à Fos-sur-Mer.
La réussite du projet dépend de plusieurs facteurs. Il est notamment indispensable de proposer plus de stations pour assurer la disponibilité de l’hydrogène décarboné et attirer de nouveaux investisseurs. Il faut également renforcer la maîtrise des technologies hydrogène et assurer la compétitivité et la stabilité des prix de cette énergie bas carbone.
La mise en pratique du projet HyAMMED
L’amorçage d’une mobilité plus durable pour le transport routier de marchandises sur le territoire Aix-Marseille repose donc sur la création d’une station hydrogène haute pression destinée à alimenter les poids lourds en hydrogène décarboné. Cette station annoncée en 2020 était jusqu’à aujourd’hui en phase de tests.
Située à Fos-sur-Mer sur le site de Kem One (deuxième producteur de PVC européen), la station investie et exploitée par Air Liquide permet la production de près de 8 000 tonnes d’hydrogène décarboné par an, par le biais de l’électrolyse de l’eau. Un autre site de Kem One situé à Lavéra permettrait la production de 2 000 tonnes d’hydrogène bas carbone supplémentaires d’ici 2030.
Cette station alimente donc les 10 camions nouvelle génération déployés dans le cadre du projet HyAMMED. Ces camions 44 tonnes longue distance sont exploités par les transporteurs Perrenot, Malherbe, Blonde, ID Logistics, mais aussi Air Liquide pour ses activités de livraison de gaz dans la région de Fos-sur-Mer. La station permet également d’alimenter d’autres types de véhicules (véhicules particuliers, véhicules utilitaires, bus).
Pour accélérer la transition du transport routier de marchandises, Air Liquide propose une extension du projet, nommée R’HySE (Route de l’Hydrogène dans le Sud-Est), qui prévoit la création de deux stations de distribution d’hydrogène supplémentaires. L’entreprise a aussi pour objectif de proposer de l’hydrogène décarboné sous forme liquide, qui s’avère plus pratique pour le transport.
En tout cas, le projet HyAMMED s’intègre dans un écosystème hydrogène vert régional en pleine expansion dans le sud-est de la France, mais aussi partout ailleurs. La nouvelle génération de camions déployée dans le cadre du projet permet de répondre aux nouvelles contraintes de la transition énergétique qui impactent le secteur du transport, sans pour autant oublier les besoins de la logistique moderne.
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