Avec le temps, certaines substances chimiques s’accumulent dans l’organisme, augmentant ainsi leur concentration et leur toxicité. Si la bioaccumulation est aujourd’hui une vraie question de santé-environnement, ce n’est pas pour rien : l’absorption de ces molécules nocives peut avoir d’importantes conséquences sur la santé des animaux, végétaux et êtres humains.

L’activité humaine étant en grande partie responsable du rejet de ces substances toxiques, il est important, si ce n’est essentiel, de revoir nos modes de production et de consommation afin de réduire au mieux notre impact sur l’environnement et la santé humaine. Des solutions existent.

Qu’est ce que la bioaccumulation? La bioaccumulation est le processus par lequel certaines substances toxiques s’accumulent progressivement dans les tissus d’un organisme vivant, avec des conséquences potentielles sur l’environnement et la santé.

Bioaccumulation: des causes multiples

Toutes les substances chimiques présentes dans le sol, l’air et l’eau sont potentiellement des sources de contamination d’un organisme vivant.

Rappelons en effet que la bioaccumulation se fait de deux manières : directe (bioconcentration) et indirecte (bioamplification). Dans le premier cas, l’organisme absorbe la pollution présente dans l’air, l’eau ou le sol par voie respiratoire ou cutanée. Dans le second, il les absorbe par voie trophique, via une alimentation déjà contaminée.

Or, si certaines molécules chimiques sont naturellement présentes dans l’environnement, la majorité d’entre elles sont issues de l’activité humaine.

L’agriculture, l’industrie et l’usage des produits chimiques

Pesticides, insecticides (DDT), engrais (nitrates et phosphates), hydrocarbures, résidus médicamenteux, produits ménagers et autres micropolluants comme les retardateurs de flamme, matières plastiques ou résidus de colle… Ces matières nocives, issues de nos cycles de production et de consommation, sont libérées dans l’environnement.

Il faut pourtant savoir que bon nombre de ces substances chimiques ne se dégradent que très lentement et peuvent y persister de nombreuses années, voire décennies. C’est le cas du DDT qui, même 50 ans après son interdiction dans l’agriculture, contamine encore les écosystèmes et alimente ainsi la bioaccumulation.

Des déchets nucléaires et des métaux lourds en quantité « industrielle »

S’ajoutent à la liste, les éléments traces métalliques et les métaux lourds (cadmium, plomb, mercure, arsenic, chrome, cuivre…), massivement utilisés dans l’industrie électronique ou l’agriculture, par exemple. Mais aussi les radionucléides (strontium, césium ou plutonium) provenant de l’industrie nucléaire. Selon Greenpeace, ce sont en effet près de 23 000 m3 de ces déchets qui sont produits chaque année en France.

Pollution de l’air et l’eau, la triste conséquence

L’ensemble de ces déchets, pour beaucoup volatiles, est ainsi rejeté dans l’environnement par l’intermédiaire des eaux usées, des fumées industrielles ou encore de l’épandage de produits chimiques dans les champs.

Les molécules toxiques qu’ils contiennent contaminent les sols, l’air et l’eau (rivières, mers, océans) avant d’être absorbées, par bioconcentration ou bioamplification, par tous ceux qui les peuplent : végétaux aquatiques et terrestres, champignons, insectes, oiseaux, poissons, mammifères et êtres humains.

Bioaccumulation : des effets néfastes sur l’environnement et la santé

Entre la contamination au contact direct de l’air ou de l’eau et l’absorption par le réseau trophique, les organismes vivants peuvent ainsi concentrer de grandes quantités de matières polluantes. Or, les effets toxiques de ces substances sont généralement dus à une forte concentration. Concentration qui peut être telle qu’elle finit souvent par dépasser celle du milieu environnant.

 

Les éléments chimiques étant par ailleurs stockés tout au long de la chaîne alimentaire, ce sont les prédateurs situés en haut de cette chaîne qui en concentrent le plus. Les conséquences sont donc loin d’être neutres.

D’importants dommages causés aux écosystèmes aquatiques et terrestres

La bioaccumulation peut avoir un impact dramatique sur les écosystèmes naturels en affectant la diversité des espèces végétales et animales, notamment.

On peut citer l’exemple du faucon pèlerin qui a longtemps été menacé d’extinction en raison de l’utilisation massive du DDT. Transmis par voie trophique – des insectes aux oiseaux comme la carouge ou le geai dont se nourrit principalement le faucon pèlerin – le DDT, très concentré, affectait la capacité du rapace à se reproduire.

Ce cas de bioamplification est loin d’être isolé : des espèces comme l’ours blanc, déjà menacé par la disparition de la banquise, sont également touchées.

Des risques majeurs pour la santé humaine

L’humain étant souvent le dernier maillon de la chaîne alimentaire, le niveau de concentration des substances toxiques dans son organisme peut avoir de lourdes conséquences sur sa santé. Les effets du plomb et des autres métaux lourds, entre autres, sont bien connus : cancers, déficiences intellectuelles, malformations, troubles neurologiques ou anémies n’en sont que des exemples.

En juillet 2021, Santé publique France publiait de nouvelles données sur l’exposition de la population à ces métaux lourds : l’imprégnation des Français à des substances comme le cadmium, le mercure, le plomb, l’arsenic ou le chrome ne cesse d’augmenter. D’où provient-elle ? En très grande partie, des poissons et des crustacés consommés.

Des solutions simples et efficaces pour réduire la bioaccumulation

Si l’on souhaite prévenir la bioaccumulation et préserver la biodiversité comme la santé humaine, il est essentiel de réduire la quantité et d’améliorer la qualité des effluents rejetés dans l’environnement. La règlementation est d’ailleurs très stricte à cet égard. Diverses solutions permettent aux collectivités territoriales et aux élus d’accompagner les producteurs de déchets dans cette transition écologique.

La règlementation du rejet des produits chimiques et des métaux lourds

Le cadre règlementaire impose des normes de rejet des métaux lourds et des produits chimiques. Dans ce contexte contraint, les industries et agriculteurs sont encouragés à recourir à des technologies plus propres et à réduire leurs émissions de polluants, notamment pour limiter la bioaccumulation.

Toutefois, les normes et règlementations évoluent constamment. Il est donc important de suivre ces évolutions pour ne pas encourir de sanctions. Un site comme aida.ineris.fr est un précieux outil qui permet de retrouver toutes les informations relatives au droit de l’environnement.

Des technologies de traitement des polluants en plein essor

Il existe aujourd’hui de nombreux moyens de réduire la bioaccumulation. Le traitement et l’élimination des déchets industriels et agricoles en sont des exemples, et pas des moindres : ces effluents sont l’une des plus grandes sources de pollution des milieux naturels.

Parmi ces solutions de traitement, on trouve la méthanisation, les stations de traitement des eaux usées, le recyclage et la valorisation des déchets ou encore la bioremédiation (décontamination naturelle des sols et des eaux).

La sensibilidécontaminasation des populations aux pratiques durables

La transition écologique ne doit pas s’opérer qu’au sein du monde agricole ou industriel, elle concerne aussi les populations. Pour cette raison, les collectivités et les différentes politiques environnementales doivent inciter les ménages à adopter des pratiques plus responsables.

Cela peut se faire au travers de campagnes de sensibilisation aux enjeux du développement durable, d’ateliers, de formations, d’engagements communautaires (jardins partagés, projets de compostage et de recyclage) ou de projets pédagogiques, par exemple.

Une transition écologique désormais inévitable

La bioaccumulation de substances toxiques dans les organismes a des conséquences sur la biodiversité et la santé humaine que l’on ne peut plus ignorer. Dès lors, adopter des pratiques responsables et durables n’est plus une alternative, mais une nécessité.

Des solutions existent pour réduire l’impact de nos modes de production et de consommation sur l’environnement. Néanmoins, elles doivent être mises en place de manière rapide et efficace afin de prévenir de futurs dommages. De nombreuses aides et initiatives se développent pour soutenir de tels engagements.

Chacun peut donc amorcer, à son niveau, la transition écologique

 

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